Vol du fourgon blindé à Aubervilliers : l’ex-convoyeur de fonds condamné à 10 ans de prison

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Publié le 16/06/2022 15:47:32

Ce jeudi 16 juin marquait le dernier jour du procès du vol du fourgon d’Aubervilliers (Seine-Saint-Denis). Le procureur avait requis des lourdes peines de prison contre l’ex-convoyeur de fonds et ses complices qui s’étaient emparés de plus de 3 millions d’euros en février 2019.

Quatre jours après l’ouverture des débats sur ce vol de fourgon blindé, le procureur de la République a requis ce jeudi 16 juin devant le tribunal correctionnel de Bobigny (Seine-Saint-Denis) des peines allant de quatre ans dont trois ans avec sursis à quatorze ans de prison ferme. La peine la plus lourde a été requise contre Adrien Derbez, l’ex-convoyeur. Il a demandé des peines de neuf et six ans de prison ferme contre les frères Mickaël et Francisco C. Il a aussi sollicité des peines d’amendes de 8000 à 300 000 euros.

Ces trois hommes et deux femmes répondent d’avoir, en février 2019 à Aubervilliers, dérobé un fourgon Loomis qui contenait plus de 3 millions d’euros et aidé à la dissimulation du butin. Malgré les efforts de la juge d’instruction, une grande partie de cette somme, soit 1,9 million d’euros, n’a jamais été retrouvée. Adrien Derbez et son ami Mickaël sont aussi soupçonnés d’avoir, en mai 2018, braqué un fourgon banalisé à Amiens (Somme) et raflé 58000 euros.

« Il s’agit d’éviter toute émulation, rappelle le procureur évoquant l’affaire Toni Musulin. Il estime qu’il s’agit « d’une figure imposée, une référence quasi totémique » qui traverse cette histoire ». Il rappelle qu’Adrien Derbez a volé Loomis, qu’il a bien préparé son vol, qu’il est allé en Serbie et qu’il a accusé des tiers de s’être servi, comme Musulin. Pour mémoire en novembre 2009, ce convoyeur lyonnais avait lui aussi volé un fourgon blindé et dérobé plus de onze millions d’euros.

« Pas un salarié indélicat mais un voleur aguerri »

Mais le magistrat rappelle que l’affaire Derbez est différente car il y a aussi le braquage d’Amiens et onze délits en plus du vol du fourgon. L’accusation estime que cette attaque est un galop d’essai qui a permis de financer le vol d’Aubervilliers. « Ce n’est pas un salarié indélicat mais un voleur aguerri et un maître en duplicité qui analyse le bénéfice-risque », soutient-il encore en soulignant que le tribunal juge une affaire qui relève du grand banditisme. Évoquant, le cas de Mickaël C. le procureur réfute « la fable de la cinquième roue du carrosse qui agit par amitié ». Pour lui, il est dans la voiture au moment du vol d’Aubervilliers. Il estime que Francisco, Amélie et Stéphanie sont complices ou ont recelé l’argent.

VIDÉO. Les images du fourgon blindé vidé par son convoyeur de fonds

Me Guillaume Combes estime que son client, Mickaël, est « innocent du braquage d’Amiens et complice » sur les faits d’Aubervilliers. Mais il souligne que ce père de famille n’était pas présent pour le vol du fourgon. Me Mbeko Tabula demande « au tribunal de ne pas être tenu en otage par l’émotion ou la somme astronomique volée » et rappelle que « sa cliente (Stéphanie) a reconnu un recel de 28 000 euros » qui ont servi aux dépenses de la vie courante ». Me Ghislain Fay plaide aussi pour une peine mesurée pour Francisco. Me Elias Stansal demande la relaxe de sa cliente Amélie expliquant qu’elle avait été le jouet de son amant Simon qui sera jugé pour les mêmes faits le 13 octobre prochain.

« Plus proche du merdeux que du voyou »

La défense d’Adrien Derbez a plaidé la relaxe sur l’affaire d’Amiens et demandé une peine moins élevée sur les faits d’Aubervilliers « sans le marquer au fer ». « L’habit ne fait pas le moine. Ce n’est pas un voyou chevronné ou un membre du grand banditisme », estime Me Pauline Baudu Armand. Elle démontre qu’aucune preuve n’a été découverte contre Derbez dans le dossier d’Amiens. Son associé, Me Pascal-Pierre Garbarini est sur la même longueur d’onde. Il rappelle que son client est jeune. « Du jour au lendemain, on ne peut pas s’improviser voyou. On est plus proche du merdeux que du voyou », lâche le ténor. La décision est attendue ce jeudi en début de soirée.

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