Vol de câbles dans le Vexin : quatre Roumains condamnés, l’entreprise de recyclage relaxée

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Publié le 17/01/2023 13:56:14

Quatre Roumains qui ont volé près de 4 km de câbles Orange pour récupérer le cuivre ont été condamnés ce lundi soir. L’entrepreneur qui leur achetait la marchandise a lui été relaxé.

Une équipe de ressortissants roumains avaient dérobé près de 4 km de câbles Orange à Bouqueval, Cléry-en-Vexin et Longuesse, dans le Vexin (Val-d’Oise), pour récupérer le cuivre et le revendre : ils ont été tous les quatre condamnés à 18 mois de prison ferme et maintenus en détention, lundi soir, à l’issue de l’audience de comparution immédiate à Pontoise. Ils devront aussi indemniser Orange qui a estimé son préjudice à plus de 172 000 euros. Selon l’entreprise de télécoms, le kilo de cuivre qui valait 2,69 euros en 2018, atteint aujourd’hui plus de 9 euros. Tous ont reconnu les faits et imploré le tribunal de les renvoyer en Roumanie plutôt que de les mettre en prison. En vain.

Dans le box, un cinquième prévenu a échappé à toute sanction : un chef d’entreprise de Seine-Saint-Denis, à la tête d’une société de recyclage des métaux qui avait acheté aux voleurs une partie du cuivre. Le tribunal a estimé que la preuve qu’il connaissait l’origine frauduleuse du cuivre n’avait pas été établie et l’a relaxé.

Des livraisons de 500 à 600 kilos de cuivre

Entre septembre et décembre, les voleurs de cuivre ont effectué 9 vols et tentative de vol de câbles, tirant un total de 3 750 m de câble, privant de téléphone, d’internet et de télévision, de nombreux foyers desservis. Dans la nuit, les auteurs coupaient le câble, accrochaient un bout à un véhicule et le tiraient jusqu’à 1 300 m. Il leur restait à le découper en tronçon pour le charger, puis enlever la gaine pour ensuite le revendre à une entreprise de recyclage. Un mode opératoire confirmé à l’audience par les quatre prévenus roumains identifiés par les gendarmes de la brigade de recherche de Pontoise qui ont mobilisé tous les moyens d’enquête, parfois sophistiqués, pour parvenir à les impliquer : téléphonie, ADN de suspects retrouvés sur des morceaux de câbles…

« C’était pour se faire un peu d’argent. On déposait le cuivre chez plusieurs ferrailleurs, quelquefois chez le monsieur ici… Certains n’acceptaient pas », indique l’un des prévenus. Il désigne le gérant à ses côtés, lequel conteste avoir participé au trafic en toute connaissance de cause. Il lui est reproché d’avoir acheté leur cuivre à 5 reprises, délivrant des bons pour un total d’un peu plus de 5 tonnes pour 30 882 euros.

Orange charge l’entreprise de recyclage

« Je n’étais pas au courant que c’était du cuivre volé », affirme-t-il au tribunal. « Je n’ai pas à leur poser la question. Ils ne me répondraient pas de toute façon. Ce sont des personnes que je connais depuis pas mal de temps, qui me ramènent de la ferraille. Ils apportent 500 à 600 kg de cuivre à chaque fois. » Une réponse qui ne manque pas d’étonner le tribunal et Orange, partie civile.

« Le câble était en partie brûlé, et il y a écrit PTT et la référence. Or il nous explique qu’il a 20 ans d’expérience et qu’il ne demande rien à ces quatre-là parce qu‘il les connaît ? Il ne peut pas dire qu’il ne peut pas se douter de l’origine frauduleuse des câbles », a estimé l’avocate d’Orange, au sujet du gérant. Elle relève que « d’autres entreprises de ferrailles posent des questions et refusent le cuivre apporté par les Roumains ».

Elle souligne également que le gérant a déjà été condamné en juillet dernier pour des faits identiques, que son entreprise fait l’objet depuis fin novembre d’une fermeture administrative. Le gérant a effectivement écopé de 3 ans de prison avec sursis pour blanchiment, ayant été cependant relaxé pour le recel. « Il aurait dû se dire : je ne travaille plus avec cette communauté. Mais il recommence, ne pose pas de question… Cinq tonnes en deux mois, ce n’est pas possible que cela vienne des chantiers. Ce n’est pas de la négligence, c’est la volonté de fermer les yeux. »

La procureure avait requis 12 mois ferme à son encontre et son maintien en détention. « Sans receleur, il n’y a pas de voleur », a-t-elle souligné. Au final, comme en juillet, la relaxe a été prononcée pour le recel. La défense du gérant a insisté sur l’absence d’éléments intentionnels, soulignant que le prévenu payait par bons nominatifs et par virement, sans espèces depuis la condamnation pour blanchiment.

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Source : https://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/vol-de-cables-dans-le-vexin-quatre-roumains-condamnes-lentreprise-de-recyclage-relaxee-17-01-2023-OIU2E6ZWYRF2NIQSDHKNW5IU7Q.php