Violences à Mayotte : le gouvernement déploie en urgence des gendarmes mobiles, deux magistrates agressées

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Publié le 10/06/2022 16:37:57

La mort d’un jeune homme au nord-est du département est à l’origine de ce nouvel épisode de violence durant lequel deux magistrates ont été agressées. Depuis lundi, des bandes rivales s’affrontent dans des représailles en cascade.

Le gouvernement a déployé ce vendredi en urgence un escadron de gendarmes mobiles sur l’île de Mayotte, en proie à des violences, afin d’y « restaurer l’ordre républicain » sur demande du préfet. Des bandes rivales s’affrontent depuis lundi à Majicavo et Koungou, au nord-est du département, à la suite du meurtre par arme blanche d’un jeune homme, la veille.

Les forces de l’ordre sont intervenues pour « libérer de nombreux axes régulièrement entravés par des barricades enflammées », des opérations au cours desquelles « quatre gendarmes départementaux ainsi que trois gendarmes mobiles ont été blessés par jets de projectiles et des coups », ont indiqué les ministères de l’Intérieur et des Outre-mer dans un communiqué commun.

Deux magistrates ont porté plainte ce vendredi après avoir été agressées la veille par un groupe de personnes armées de machettes, qui s’en sont pris à leurs véhicules alors qu’elles quittaient le tribunal pour regagner leurs domiciles, a-t-on appris de source judiciaire.

À l’origine de ce nouvel épisode de violence dans le 101e département français, la mort d’un jeune de la commune, qui a donné lieu à des représailles en cascade. À chaque fois, le même scénario se répète : les affrontements perturbent aux heures de pointe une circulation déjà saturée sur l’île, les gendarmes interviennent et deviennent à leur tour la cible de jets de pierres.

« Vendetta habituelle »

Un scénario banal dans l’île aux parfums, où l’immigration et la pauvreté ont accentué des clivages entre villages et quartiers dont les jeunes s’affrontent régulièrement à coups de pierre et d’armes blanches.

Ce climat occasionne un ras-le-bol général, au point que le président du tribunal judiciaire, Laurent Ben Kemoun, est sorti jeudi après-midi de sa réserve en publiant un texte sur son compte Linkedin : « En ce moment même, une centaine de voyous cassent, brûlent, pillent, molestent autour du tribunal judiciaire où sont bloquées plusieurs personnes… Une vendetta habituelle suite à la mort violente d’un jeune de Koungou dans laquelle serait impliqué un gars de Kaweni… Je me prépare à une nuit d’angoisse tant que toutes mes troupes n’ont pas été exfiltrées ».

Situation qui empire

L’envoi par le ministère de l’Intérieur d’un escadron de gendarmes mobiles à Mayotte est une réponse d’urgence déjà apportée lors de troubles précédents, mais qui ne traite pas le problème à la racine, estime le député LR Mansour Kamardine, candidat à sa succession dans le sud de l’île. « L’augmentation notable de 40 % des forces de l’ordre que nous avons obtenue ces dernières années ne permet pas de maîtriser une situation qui empire », indique-t-il dans un communiqué.

Le 29 mai, un autre jeune était déjà mort à Acoua dans le nord-ouest, après une agression à l’arme blanche. L’auteur avait été interpellé deux jours plus tard et incarcéré. Mayotte, archipel de l’océan Indien, est régulièrement secouée par des flambées de violences entre bandes rivales ou contre les forces de l’ordre, lorsqu’elles interviennent pour y mettre fin.

En février, excédés, des habitants avaient bloqué pendant plusieurs jours les accès à leur quartier et tenté d’entraver des axes de circulation. En 2021, le parquet de Mamoudzou a enregistré une augmentation de 25 % des saisines pour des faits criminels à Mayotte et de 21 % pour des délits.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/violences-a-mayotte-le-gouvernement-deploie-en-urgence-un-escadron-de-gendarmes-mobiles-10-06-2022-BXU67ODVEFDWFABX6HTDSBXK4U.php