Vidéo. Assassinat d’Yzosse (40) : une reconstitution pour « refaire » les gestes qui ont conduit au drame

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Publié le 12/11/2021 08:59:26

Vendredi 12 novembre, l’assassin présumé de Victor Faget a été transporté sur les lieux, depuis la prison de Gradignan (33), pour participer à une reconstitution

Le drame d’Yzosse, dans la nuit du 1er au 2 février 2020, avait sidéré bien au-delà des Landes. Le corps sans vie d’un jeune de 17 ans et demi, Victor Faget, avait été retrouvé à moitié enterré dans un champ au bord d’une route, à quelques centaines de mètres de l’hôpital de Dax. L’assassin présumé, un autre jeune de 16 ans et demi, scolarisé à Orthez (64), ne connaissait pas sa victime, mais fréquentait alors son ex-petite amie. Aujourd’hui, celle-ci est mise en examen pour complicité d’assassinat et son rôle dans le passage à l’acte reste à définir. Un troisième garçon, lui aussi scolarisé à Orthez et mineur au moment des faits, est également mis en examen pour complicité d’assassinat, pour avoir participé à l’élaboration du macabre projet de vengeance, mais a priori sans avoir matériellement agi.

Soupçonnée de complicité d’assassinat, la lycéenne a été placée en détention en février 2021.

Thibault Toulemonde

« Je vais le tuer »

La reconstitution qui se déroule ce vendredi 12 novembre, dans les mêmes conditions que le soir du drame, devra permettre aux enquêteurs de déterminer si l’assassin présumé a bien agi seul, et si la lutte et le corps à corps qu’il décrit avec la victime correspondent bien aux constatations médico-légales qui figurent au dossier.

Équipé de gants et d’un bâton achetés quelques jours plus tôt dans une jardinerie de Saint-Palais (64), le lycéen avait donné rendez-vous à Victor Faget dans la soirée du samedi 1er février. C’est avec le compte de messagerie WhatsApp de sa complice présumée qu’il a fixé la rencontre avec sa victime, près du passage souterrain qui relie Dax à Yzosse, en passant sous la rocade. Victor Faget, pensant avoir rendez-vous avec son ex-compagne, était venu au rendez-vous sans se méfier.

À partir de 13 heures, pour cette reconstitution des faits, les avocats seront présents, de même que les enquêteurs et une représentante du parquet montois. On ne sait pas si tous les mis en cause ont été convoqués, mais l’avocat de la lycéenne a affirmé qu’elle ne serait pas présente. La confrontation entre la jeune femme et l’auteur présumé a, quant à elle, déjà eu lieu début juillet : « Elle était jusqu’ici détenue à Rennes, dans une prison pour mineurs, mais elle a été transférée à Agen après sa majorité, explique son avocat, Me Arnaud Dupin. Depuis le début, elle n’a jamais changé de version sur les faits. Lorsqu’il dit ‘‘Je vais le tuer’‘, elle ne le croit pas, et le soir du drame, elle pense juste qu’il va lui donner une bonne correction, en guise de vengeance, pour une agression qu’elle dit avoir subi au cours des fêtes de Dax précédentes. Elle maintient depuis le début qu’elle ne connaissait pas son projet criminel. »

« Lorsqu’il dit ‘‘Je vais le tuer’‘, elle ne le croit pas, et le soir du drame, elle pense juste qu’il va lui donner une bonne correction, en guise de vengeance »

Pour Me Frédéric Dutin, l’avocat de la mère de la victime, la confrontation a, au contraire, permis de voir « qui tire la couverture à soi » : « L’assassin présumé dit qu’elle savait très bien jusqu’où ça pouvait aller, et dans ce dossier, le fait qu’elle soit incarcérée après la découverte de nouveaux éléments dans ce sens, le 19 février 2021, ce n’est pas dû au hasard. Son comportement, notamment après les faits, prouve qu’en dépit de toutes ses demandes de remise en liberté, son implication est de plus en plus prégnante. » Ce sont sur des messageries électroniques que les enquêteurs trouvent, à l’époque, des éléments justifiant le placement en détention provisoire, puis l’incarcération de la lycéenne. « Ce qui est certain, c’est que nous ne laisserons pas salir la mémoire de Victor », explique l’avocat.

Un troisième lycéen a été mis en examen : il aurait été prévu, à l’origine, qu’il participe à l’expédition punitive, mais aurait finalement refusé. Cependant, plusieurs éléments permettent de le soupçonner, lui aussi, de complicité d’assassinat.

« Il devait être le bras armé »

Pour Me Catherine Raynal, l’avocate de l’assassin présumé, la reconstitution de ce jour aura plusieurs enjeux : « Le juge d’instruction a décidé d’y procéder pour savoir ce qu’il s’est passé juste avant, juste après, et bien sûr pendant l’altercation qui a conduit à la mort de Victor Faget, puis à la tentative de dissimuler son corps dans un champ. Mon client, qui explique qu’il était seul avec la victime sur les lieux, va refaire un certain nombre de gestes devant les enquêteurs. Concernant le déroulement des faits, il a expliqué dans ses auditions que ce n’était pas conforme à ce qui avait été prévu initialement. Il a passé la journée du drame à errer dans les rues de Dax en se disant qu’il était incapable de tuer ce jeune homme, qu’il devait être le bras armé de sa petite-amie avec laquelle il entretenait une relation fusionnelle, mais qu’il n’avait plus l’intention d’aller au bout. Certains objets qu’il avait prévu d’acheter, comme un taser pour immobiliser sa victime ou un couteau, ne sont pas présents. »

Pour l’avocate toulousaine, « il y a eu une altercation, un corps à corps, une mort de la victime par strangulation. Après les faits, mon client est revenu à la gare, il a repris le train, il a appelé sa mère pour qu’elle vienne le chercher, mais comme elle n’était pas disponible, c’est un voisin qui est venu. » Interpellé à son lieu de domicile le jour même, placé en garde-à-vue, de même que sa présumée complice, l’assassin présumé a tenté de fuir dans les rues de Dax en faussant compagnie à son escorte, avant d’être rattrapé. En détention depuis cette date, le retour sur les lieux où il a commis l’irréparable devrait permettre de confirmer ou non sa version des faits.

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