Un ouvrier de 22 ans meurt sur le chantier du Grand Paris Express

logo Le Parisien illustration Un ouvrier de 22 ans meurt sur le chantier du Grand Paris Express

Publié le 06/04/2023 10:40:10

Selon les premiers éléments recueillis, le jeune homme, qui œuvrait sur la ligne 17, au niveau du Triangle de Gonesse (Val-d’Oise), aurait été écrasé sous un bloc de béton.

Il s’appelait Seydou Fofana. Il était malien. Il avait 22 ans. Un ouvrier qui travaillait sur le chantier de la ligne 17 du Grand Paris Express (GPE), est décédé ce jeudi 6 avril. Un tragique accident qui s’est produit sur le Triangle de Gonesse aux alentours de 9 heures. Si les circonstances exactes du drame restent à déterminer, la victime aurait, selon les premiers éléments recueillis, été écrasée sous un bloc de béton qui aurait glissé. L’accident s’est produit au niveau de la large tranchée qui a été creusée à plusieurs dizaines de mètres de profondeur et au fond de laquelle la ligne doit passer.

L’accident a été signalé à 9h22. Les secours dépêchés sur place ont bien tenté de réanimer cet ouvrier. En vain. Son décès a été déclaré peu après. Vers 11 heures, les véhicules de secours ont commencé à quitter le site, sirène et gyrophare éteints. Une équipe du Samu est arrivée à ce moment-là pour animer une cellule psychologique. Le chantier où s’activent depuis plusieurs mois de très nombreuses personnes, a été mis à l’arrêt.

Au quatrième étage de la base vie en préfabriqué, les personnes qui travaillaient avec la victime ont été regroupées dans une salle de réunion. Engoncés dans leur parka orange fluo et leurs équipements de chantier, ils attendent l’arrivée des psychologues dans un silence pesant. Partout sur le chantier, les engins se sont tus. Ne reste que le brouhaha de l’autoroute pour briser la quiétude de cette matinée au temps maussade. Une berline se gare. Trois hommes en costume en sortent, le regard soucieux. Ils ne souhaitent répondre à aucune question.

Seydou Fofana était salarié de l’entreprise Lif TP, une filiale du Groupe Lhotellier basée à Moussy-le-Neuf (Seine-et-Marne). Selon ce dernier, il était entré dans l’entreprise le 12 septembre 2022 et avait signé un contrat d’insertion. Il travaillait comme manœuvre au sein de ce sous-traitant employé par un groupement de sociétés mené par Demathieu Bard construction. Dans un communiqué de presse, la Société du Grand Paris, qui est responsable des chantiers du Grand Paris Express, adresse ses condoléances à la famille, aux proches et aux collègues de la victime. « La Société du Grand Paris déplore ce nouvel accident dramatique intervenu en dépit de ses exigences vis-à-vis des entreprises en matière de sécurité », ajoute-t-elle.

18 accidents graves et 4 autres décès depuis le lancement du Grand Paris Express

« L’hécatombe continue, se désole Jean Pascal François, de la CGT Construction. On attend celui d’après. Ce nouveau décès est inacceptable. Personne n’est capable de tirer les enseignements des quatre premiers morts ! Et cela continuera tant que les entreprises ne sont pas condamnées à des amendes beaucoup plus fortes. » Avant ce drame, la construction de ce super-métro avait déjà causé dix-huit accidents graves et la mort de quatre ouvriers.

En mars 2020, Maxime Wagner 37 ans, décède sur le prolongement de la ligne 14, à Villejuif, après avoir été percuté violemment au visage par un tuyau du tunnelier. Puis, en décembre 2020, Abdoulaye Soumahoro, 41 ans, perd la vie en tombant dans un broyeur du tunnelier de la ligne 16, à La Courneuve (Seine-Saint-Denis). Deux ans plus tard, en janvier 2022, Joao Baptista Miranda, 61 ans, est écrasé par une plaque métallique dans la gare du Grand Paris Express. « Il était manœuvre. Son job ce n’était que de nettoyer » regrette un de ses collègues. Le 8 mars dernier, Franck Michel, 58 ans, meurt dans la future gare du Blanc Mesnil, sur la ligne 16 du Grand Paris Express, écrasé sous une charge de palettes alors qu’il était en train de procéder à une opération de déchargement. Il travaillait pour Rouillon Transports, une entreprise des Hautes Vosges et était venu honorer une commande ponctuelle pour la société Eiffage Génie Civil.

Hasard du calendrier, la veille de la mort de Seydou Fofana s’est tenu le procès des employeurs de Maxime Wagner, et premier ouvrier mort sur un chantier du métro automatique. L’entreprise Dodin Campenon-Bernard, pour le compte de laquelle il travaillait comme intérimaire, et deux prévenus ont comparu devant le tribunal correctionnel de Créteil pour homicide involontaire. Le parquet a requis 250 000 euros d’amendes pour la société et neuf mois de prison avec sursis pour les salariés. Le verdict sera rendu le 29 juin prochain.

Longtemps restée en suspens, la réalisation de la ligne 17 devant relier Le Bourget (Seine-Saint-Denis) au Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) et de la controversée gare du Triangle de Gonesse a été finalement confirmée en mai 2021 par Jean Castex, alors Premier ministre, dans le cadre du Plan Val-d’Oise. Le site constitué de terres agricoles, entre la route départementale 170 et l’Autoroute du Nord, doit accueillir à l’horizon 2028 la seule gare du Grand Paris express dans Val-d’Oise. Le chantier de construction de cet ouvrage avait débuté à l’automne 2021. Seydou Fofana avait commencé à travailler sur ce site à peu près à cette époque.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/val-d-oise-95/triangle-de-gonesse-mort-dun-ouvrier-de-22-ans-sur-le-chantier-de-la-ligne-17-du-grand-paris-express-06-04-2023-AW4GRZB6HZECPM5X7GBPSQTPKA.php