Un incendie provoqué par des bobines de films avait fait deux morts, un collectionneur au tribunal

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Publié le 22/11/2022 11:19:32

Un collectionneur de films est jugé à Créteil pour homicides involontaires, blessures involontaires et mise en danger d’autrui, à partir de ce mardi 22 novembre 2022. Ce sexagénaire était propriétaire d’un local à Vincennes où étaient stockées des bobines en nitrate. Dans la nuit du 10 au 11 août 2020, les objets s’étaient embrasés et l’incendie avait fait deux morts.

Le collectionneur Serge Bromberg est jugé à partir de ce mardi 22 novembre 2022 à Créteil (Val-de-Marne) pour homicides involontaires, blessures involontaires et mise en danger d’autrui. Dans la nuit du 10 au 11 août 2020, entre une et trois tonnes de bobines en nitrate, hautement inflammables, s’étaient embrasées dans un local situé sous un immeuble de Vincennes, faisant deux morts, rappelle l’AFP.

Le spécialiste de la restauration de films était propriétaire, via sa société Lobsters Film, de ce local situé rue de la Liberté et des pellicules de film entreposées. Les bobines en nitrate, anciennes, sont habituellement stockées avec précaution dans des entrepôts refroidis car facilement inflammables et potentiellement très dangereuses.

La nuit des faits, la chaleur était étouffante dans le local en sous-sol, aux murs mal isolés et où la climatisation n’avait pas été enclenchée. Selon le rapport d’enquête consulté par l’AFP, les bobines se sont enflammées spontanément, ce qui a entraîné l’explosion du gaz ainsi produit. Des habitants de l’immeuble, dans leurs témoignages, ont fait part d’une « importante déflagration ».

L’incendie, violent, a également ravagé l’immeuble voisin. Une femme de 69 ans, qui habitait au deuxième étage, est morte dans les flammes, alors qu’un homme de 55 ans s’est jeté du quatrième étage. Les pompiers ont pu maîtriser le feu au bout de six heures.

Lors de son audition, le collectionneur, 61 ans, a affirmé ne pas avoir eu conscience qu’il conservait autant de bobines en nitrate. Il jugeait leur nombre à 965, pour un poids total de 970 kg. Les enquêteurs, eux, estiment plutôt que le nombre de bobines était compris entre 1364 et 1935. Soit un poids allant de 2,5 à 3,6 tonnes. Une telle quantité aurait dû faire l’objet d’une demande d’autorisation de stockage auprès de la préfecture, ce qui n’était pas le cas.

Il est de toute façon interdit de stocker des bobines au nitrate sous des habitations, et la copropriété de l’immeuble n’était pas au courant de ce qui se trouvait dans ce local. Le sexagénaire a par ailleurs déclaré « ne pas avoir pensé » à mettre la climatisation dans le local pendant cette période de canicule.

Surtout, cet ancien directeur artistique du Festival du film d’animation d’Annecy a indiqué que le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) avait, selon lui, l’obligation de récupérer ses bobines. « À de nombreuses reprises, et de façon répétée, essentiellement à l’oral et de visu, j’ai insisté sur l’urgence de prendre mes boîtes de bobines de nitrate dont le nombre augmentait », s’était-il défendu.

Également entendu par les enquêteurs, un responsable du CNC a expliqué, lui, que l’obligation de l’établissement public était « de conserver les bobines de nitrate dans les conditions prévues par la loi mais en aucun cas de récupérer toutes les bobines de nitrate ».

Le procès, prévu sur deux jours, doit prendre fin mercredi 23 novembre 2022.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/ile-de-france/vincennes-94300/un-incendie-provoque-par-des-bobines-de-films-avait-fait-deux-morts-un-collectionneur-au-tribunal-4b3410d8-6a4d-11ed-a74f-ee6627507710