Tribunal judiciaire de Dax : « J’ai mis la main dans le roulement, j’ai eu des fractures jusqu’à l’omoplate »

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Publié le 16/11/2021 15:34:49

L’employé d’une blanchisserie industrielle de Bénesse-Maremne avait eu la main et le bras happé, puis écrasé durant de longues minutes, par le roulement d’une machine

Un ancien laveur de la Blanchisserie Sud Aquitaine, à Bénesse-Maremne, sera-t-il reconnu comme la victime d’un accident du travail, survenu le 2 janvier 2020 ?

Les juges du tribunal judiciaire de Dax ont cherché à savoir, lundi 15 novembre, si la société qui employait ce jeune homme, aujourd’hui âgé de 20 ans, avait manqué à ses obligations de sécurité.

« L’absence d’un carter de protection » aurait contribué à ce que le bras de l’opérateur de production soit happé puis écrasé durant de longues minutes par un roulement du tunnel de lavage sur lequel il travaillait. Les constatations faites dans la blanchisserie, devenue la propriété du groupe Elis, ont également montré « un encombrement excessif » de la zone où la machine était installée.

« Zones d’ombre »

Sommée de s’expliquer sur ces éléments, la dirigeante du groupe Elis, venue à l’audience, a estimé que « des zones d’ombre sur cet accident restent », plus d’un an et demi après les faits. « Est-ce que l’accident s’est vraiment produit là où les carters étaient enlevés ? », émettait-elle comme principal doute.

« J’ai encore été opéré récemment, ça avance petit à petit » a, quant à lui, rappelé le jeune homme, bras droit atrophié depuis l’accident. « J’ai trébuché sur quelque chose. Et pour me rattraper, j’ai mis la main dans le roulement, j’ai eu des fractures jusqu’à l’omoplate. »

« Il n’y a pas lieu de mettre en doute la parole de la victime », a grondé Rodolphe Jarry, en réponse aux allusions émises à l’audience par la dirigeante et l’avocate de la société mise en cause. « Le fonctionnement interne de cette entreprise, avec un ensemble de défaillances, a conduit à cet accident. »

L’avocate de la société Élis – visée par la procédure comme étant la personne morale à l’origine de ces blessures involontaires – a plaidé la relaxe, après avoir soulevé une exception de nullité en introduction aux débats. Dans sa plaidoirie, la défense a évoqué les différents dysfonctionnements du tunnel de lavage, le jour de l’accident, consigné dans les fichiers informatiques de la machine. Elle a cherché à reporter les fautes reprochées sur l’agent de maintenance de la blanchisserie : « Lors de sa deuxième audition, il a dit ne pas être présent ni avoir enlevé les carters. C’est pourtant ce qu’il avait dit juste après l’accident. »

Les juges dacquois se sont laissés jusqu’au 10 janvier prochain pour rendre leur délibéré. Outre la reconnaissance de culpabilité de la société citée dans la prévention, ils auront aussi à valider les constitutions de parties civiles faites par le jeune homme et sa famille.

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