Tram’bus dans le BAB : le méli-mélo de la signalisation routière

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Publié le 15/11/2021 17:17:36

Un accident sur la voie du Tram’bus, mercredi 10 novembre, à Bayonne (Pays Basque), a réveillé les problèmes de circulation dans le BAB. Une guerre de positions entre « site propre » et « zones de conflit »

Mercredi 10 novembre 2021, aux alentours de 15 heures, une voiture a percuté un Tram’bus devant la mairie de Bayonne. Le conducteur originaire du Lot s’était engagé sur le site propre aux transports en commun, au niveau de la place du réduit, le long de la Nive. Le Tram’bus arrivait en face. Dans le virage du pont Mayou, la collision était inévitable. Le syndicat des mobilités recense un à deux accidents par mois. Cette fois, un blessé léger est à déplorer parmi les passagers.

Si les collisions sont le résultat d’une équation à plusieurs inconnues on sait, de prime abord, que le champ de vision des chauffeurs de Tram’bus est obstrué, à leur gauche, par un angle mort. L’autre certitude, ce sont les points noirs du réseau. Le tunnel de Sabalce. Les deux ronds-points successifs, devant le Forum et le BAB 2, sur le chemin des Barthes. Entre autres. Mais, la palme revient sans conteste, au lieu de l’accident.

À l’entrée de la voie de bus qui démarre place du réduit, et débouche sur la mairie de Bayonne, tout y est. Une ligne continue, un damier, un marquage « bus » au sol, un panneau d’absence de priorité. Deux sens interdits accrochés à des mâts. Le tout noyé entre plusieurs panneaux de directions. Une œuvre d’art contemporain.

« J’ai continué jusqu’au bout »

Kheira, 49 ans, conductrice originaire d’Anglet raconte comment elle s’est laissée surprendre. Le temps de lire tous les panneaux, elle s’est engagée au feu vert dans le site propre aux transports en commun. « Les voies de bus sont tantôt à droite, tantôt à gauche, parfois au milieu, on s’y perd », souffle-t-elle. Au même endroit, Sophie, 50 ans, originaire de Saint-Pée, a fait confiance à ses vieilles habitudes, serrant à droite, longeant la Nive. « Il était déjà trop tard. Franchir le terre-plein central ? Les voitures à gauche ne me laissaient plus passer. J’étais pommé, alors j’ai continué jusqu’au bout », sourit-elle.

“ Le système est jeune et souple, il va évoluer. Le projet de Tram’bus est loin d’être terminé”

Le nouveau directeur général du syndicat des mobilités, Fabien Duprez, connaît le problème. « À chaque fois qu’on arrête et reprend un site propre, ou que le site propre traverse un carrefour, on entre dans une zone de conflit. Il peut se passer quelque chose. Et, il y a beaucoup de zones de conflit », reconnaît-il. Le système a été conçu ainsi - sur un site propre au Tram’bus qui n’est pas séparé physiquement de la route - pour la simple et bonne raison que 25 km de voies n’auraient jamais pu être construits en moins de trois ans. « Le système est jeune et souple, il va évoluer. Le projet de Tram’bus est loin d’être terminé. Au fur et à mesure des évolutions, le site propre va gagner du terrain sur les zones de conflit. »

Le raccourci du tunnel de Sabalce

Les accidents sont rares, mais les « conflits » sont quotidiens. Ekaitz, conducteur de Tram’bus, en compte quatre à cinq par service, hors périodes estivales. « En été, beaucoup plus de gens se trompent. Ce ne peut pas être de l’incivilité. » Entre la CCI et Balichon, les voitures se trompent souvent de voie, sans incidence majeure. Les giratoires devant le Forum et le BAB 2 sont également cause de petits accrochages. « Les conducteurs n’ont pas l’habitude de regarder les feux dans les ronds-points. Ils ont le réflexe de céder le passage aux voitures. Et ils oublient le Tram’bus », explique un conducteur.

Si ces « conflits » peuvent froisser, à l’occasion, un peu de tôle, la crainte d’un accident corporel est dans le tunnel de Sabalce, qui traverse la ville de Bayonne, entre la CCI et les Arènes. Patrick, conducteur de Tram’bus, s’enflamme lorsqu’il y croise piétons et vélos. « Un jour, il y aura un accident grave », s’inquiète son collègue, Laurent, syndiqué FO. Ils ne sont pas rares à prendre le raccourci du tunnel. « Je sais que je prends un risque, mais ça me permet de livrer plus rapidement », reconnaît Baptiste, 26 ans, livreur à vélo. Quand il ne prend pas le tunnel, celui-ci gagne du temps en filant sur les voies réservées au Tram’bus. « Elles ont le mérite d’exister. C’est interdit ? Je le fais pourtant. À Paris, c’est autorisé de partager les voies de bus. C’est dans la loi, non ? »

Encore un problème de communication ! Car, l’obligation légale, qui pèse sur les collectivités locales, est d’aménager une piste cyclable chaque fois que des travaux de voirie sont engagés. Les cyclistes n’ont donc pas le droit d’emprunter le site propre au Tram’bus. Mais, ils peuvent utiliser les voies de bus partout où il n’y a pas de piste pour eux, notamment sur la ligne 4, entre Saint Léon et le rond-point du Leclerc.

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliquer.

Crédits image et texte : Sud Ouest©
Source : https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/bayonne/tram-bus-dans-le-bab-le-meli-melo-de-la-signalisation-routiere-6946104.php