TÉMOIGNAGE. Harcelée au collège, elle veut que « les adultes comprennent la violence » entre jeunes

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Publié le 21/09/2022 09:15:04

À 19 ans, Carole (1) a subi quatre ans de harcèlement au collège. Elle raconte son calvaire dans l’espoir que de véritables mesures soient prises pour lutter contre ce fléau dans les établissements scolaires.

« Pendant quatre ans, je suis allée au collège avec la peur au ventre. Parfois, je ne mangeais pas le midi. Je restais enfermée dans les toilettes. » À 19 ans aujourd’hui, Carole (1) veut témoigner du harcèlement qu’elle a vécu, « pour que les adultes comprennent la violence du phénomène » .

Quand elle entre au collège à Quimper (Finistère), elle vient d’une petite commune voisine et n’a qu’une amie avec elle. Alors, elle entre en contact avec les ados de sa classe sur les réseaux sociaux. Juste ça.

Il n’en fallait pas plus pour qu’une élève de quatrième, jalouse, s’agace de voir son petit ami demandé en ami par Carole. « De là, on m’a inventé une vie. La fille, populaire, a fait courir des rumeurs sur moi. Ça n’a jamais cessé » , se souvient Carole.

En 6e et 5e, elle est régulièrement harcelée, insultée, humiliée, dans la cour ou les couloirs, par des groupes d’élèves. « Ça arrivait au moins toutes les semaines. On criait que j’étais une pute, que je couchais avec tout le monde. » Des rumeurs qui vont très vite totalement l’isoler.

Chez elle, Carole ne raconte rien à sa famille, donne le change. Mais à la maison, le harcèlement continue sur les réseaux sociaux. Là, les insultes pleuvent, allant jusqu’aux menaces de mort. En 4e, les choses s’aggravent lorsque son premier petit ami la quitte et raconte leur intimité à tout le collège. La 3e ne sera pas plus facile.

« J’allais souvent raconter au conseiller principal d’éducation ce qui m’arrivait. Parfois, on convoquait des harceleurs. Mais jamais de sanctions. Je n’ai jamais vu un surveillant intervenir pour me protéger » , regrette la jeune fille.

En 3e, Carole se mutile. Conséquence d’un « trop-plein de voir que je ne pouvais avoir confiance en personne. Jamais. » Carole dort mal. Des idées noires la traversent « tous les jours. Je ne comprenais pas pourquoi il fallait vivre dans tant de douleurs… J’ai tenu parce que j’avais une famille ».

En 2016, la situation dégénère. Les rumeurs des réseaux sociaux se sont propagées. Alors qu’elle se trouve en ville, pour une obscure histoire de jalousie, la jeune fille se retrouve seule, encerclée par une bande d’élèves d’un autre établissement. Les insultes pleuvent. Elle est violemment agrippée, on la gifle, on lui tire les cheveux. Deux passantes appellent la police. Les forces de l’ordre lui proposent simplement de venir porter plainte plus tard.

Cette fois, la mère de Carole l’apprend. Elle l’accompagne chez le médecin : trois jours d’ITT. Elles vont porter plainte. La réponse ne tombe qu’un an plus tard : classement sans suite.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/bretagne/finistere/harcelee-et-humiliee-au-college-elle-veut-que-les-adultes-comprennent-la-violence-entre-jeunes-729b2ff6-e8d6-11ec-9353-88b2d5bf4dee