Syrie. Pourquoi « l’amnistie générale » décrétée par Bachar al-Assad est une supercherie

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Publié le 05/05/2022 18:30:31

Pour la fin du Ramadan, Bachar al-Assad a décrété une « amnistie générale » pour des milliers de détenus. Dans la réalité, les libérations se font au compte-gouttes. Une supercherie qui ajoute au désespoir des familles, parfois sans nouvelles de proches depuis une décennie.

Depuis 51 ans que la famille Assad règne sur la Syrie, Hafez père et désormais son fils Bachar estiment qu’ils ont droit de vie, de mort et de grâce sur leurs vingt millions de sujets. Comme c’est l’usage dans plusieurs pays musulmans, à la fin du mois de Ramadan, le magnanime ​Bachar al-Assad a donc décrété samedi 30 avril une amnistie générale ​dans un esprit de réconciliation nationale​.

Sur le papier, elle est d’ampleur. Tous les condamnés pour terrorisme ​avant le 30 avril 2022, pourvu qu’ils n’aient pas de sang sur les mains, sont censés être libérés. Soit des milliers, voire des dizaines de milliers de détenus, puisque c’est sous cette incrimination que la plupart des opposants, réels ou supposés, ont été jetés dans des culs de basse-fosse.

Le pardon ​s’applique aussi aux quelque six millions de Syriens qui ont fui le régime depuis le début de la guerre civile en 2011 (500 000 morts), pour des zones tenues par les rebelles (Idlib) ou les Kurdes, voire à l’étranger (Liban, Turquie, etc.).

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Les ONG de défense des droits humains estiment à quelque 130 000 le nombre de détenus actuellement en Syrie, la quasi-totalité dans des conditions effroyables où les coups et la torture sont la règle. Le régime a également institutionnalisé les disparitions ​comme une arme de terreur très efficace. Les visites des proches, qui ne savent pas le plus souvent où se trouve le détenu, sont impossibles ; les rares informations monnayées contre des pots-de-vin.

Dans ce contexte, après l’annonce de l’amnistie, des centaines de Syriens se sont rassemblées mardi et mercredi à proximité de centres de détention, à Damas, notamment la sinistre prison de Sednaya. Ils espéraient revoir un proche ou au moins avoir des nouvelles.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/monde/syrie/syrie-la-fausse-amnistie-du-boucher-de-damas-51c270f6-cc88-11ec-bc35-01778601fe28