Son appartement envahi par les eaux usées à Pessac (33), Victoire est obligée de vivre ailleurs

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Publié le 11/11/2021 08:34:05

Installée à Saige-Formanoir depuis 1992, Victoire Rostren vient d’y connaître deux gros problèmes d’assainissement en un an et demi. Symptomatiques de la dégradation du quartier selon elle

« Mon fils m’a dit : ‘‘N’entre pas’’. Le soir du 31 octobre, alors que j’étais partie en week-end, il avait vu - et senti - l’ampleur des dégâts. » Habitante de la cité de Saige-Formanoir depuis 1992, Victoire Rostren venait d’être victime d’un nouveau refoulement des eaux usées. « Refoulement » : un euphémisme pour dire que les eaux de cet immeuble de 18 étages ne s’évacuaient plus normalement vers les égouts et qu’elles sont remontées vers les appartements les moins hauts.

Le sol de l’appartement, recouvert de traces de moisissure depuis une dizaine de jours.

V. R.

Celui de Victoire Rostren se situe au premier étage. Les eaux y sont remontées par les toilettes - avec tout ce qu’elles contenaient… - et sont montées à plusieurs centimètres de hauteur sur la totalité de ce T4. « Ça puait comme vous n’imaginez pas. La moitié de ce que j’avais - meubles, électroménager… - va partir à la déchetterie. » Et le sol est recouvert de traces de moisissure.

Une remontée sur plusieurs centimètres

Depuis ce sinistre cette retraitée est contrainte d’aller vivre chez un ami à Mérignac. « Domofrance (bailleur social de la cité, NDLR) ne m’a pas proposé de relogement. « Nous étions prêts à envoyer tout de suite une société de nettoyage pour que Mme Rostren puisse rentrer chez elle », se défend Éric Mangiarotta, directeur de la gestion de la clientèle et de la proximité de Domofrance. « Mais c’est elle-même qui nous a demandé d’attendre qu’un expert de sa compagnie d’assurance passe. De la même manière, nous avons envoyé un professionnel régler le problème de refoulement dès qu’il nous a été signalé »

Les eaux usagées sont remontées sur plusieurs centimètres. Le niveau apparaît sur ce carton, qui était posé au sol.

Ch. L.

Saut que Victoire Rostren n’a plus forcément envie de revenir dans cet appartement. Ce T4 est trop grand pour elle depuis que son mari et son fils n’y vivent plus. Et surtout, ce qui s’y est passé l’a traumatisée. « Chaque fois que je rentre chez moi, c’est la boule au ventre. Tous les souvenirs que j’avais ici depuis trente ans ont été détruits. »

« Il y a un an c’est à cause d’une couche jetée dans les toilettes que les conduits d’évacuation ont été bouchés. Là, j’ai entendu parler d’une lingette. »

Car ce sinistre n’est pas une première. « Les eaux étaient déjà remontées chez moi en juillet 2020. Et des voisins ont eu le même genre de problème. Avant, ce n’était pas comme ça. Cet immeuble était le plus tranquille de la cité. » Et de mettre en cause l’incivilité de locataires arrivés ces dernières années. « Il y a un an c’est à cause d’une couche jetée dans les toilettes que les conduits d’évacuation ont été bouchés. Là, j’ai entendu parler d’une lingette. »

« Le sol s’est déformé »

Sollicitée pour aider Victoire Rostren, Monique Torres, présidente de l’Amicale des locataires de Formanoir, ne nie pas que certains habitants sont indélicats, « mais ces problèmes sont aussi dus à l’état des conduits d’évacuation, estime-t-elle. À certains endroits le sol s’est déformé. Des racines se sont infiltrées et gênent l’évacuation des eaux usées. Certaines tours sont plus touchées que d’autres, mais c’est tout le quartier qui a besoin d’une rénovation. »

« On est sur des résidences construites dans les années 70, ce genre de problème est très fréquent, confirme Éric Mangiarotta. Un curetage est nécessaire tous les trois ans pour nettoyer les canalisations de tout ce qui gène l’évacuation des eaux. Les résidences de Pessac sont dans la même situation que celles de Lormont ou Cenon. »

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