Sexagénaire mort après un contrôle routier : le non-lieu requis pour les gendarmes irrite la Guadeloupe

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Publié le 09/03/2023 20:07:18

Claude Jean-Pierre, un Guadeloupéen de 67 ans, avait perdu la vie en décembre 2020 après un contrôle de gendarmerie sur le bord d’une route de Deshaies, en Basse-Terre. Le non-lieu requis par le procureur est critiqué.

Un procureur qui décide de publier un communiqué pour expliquer son réquisitoire. C’est un fait rare. Le parquet de Basse-Terre a demandé un non-lieu dans l’affaire d’un homme décédé en décembre 2020 après un contrôle de gendarmerie, des réquisitions qui ont suscité des remous en Guadeloupe, poussant le procureur à défendre sa position mercredi.

Claude Jean-Pierre est mort à 67 ans le 3 décembre 2020 au CHU de Pointe-à-Pitre, douze jours après un contrôle routier à Deshaies, dans l’ouest de l’île. Le sexagénaire avait été contrôlé par deux gendarmes pour « une conduite hésitante », avait indiqué le parquet quelques semaines plus tard. L’homme, « alcoolisé », était sorti du véhicule « en résistant » et s’était retrouvé « au sol, inerte », selon la même source.

Une information judiciaire avait été ouverte contre X pour homicide involontaire le 10 décembre 2020. Le 5 février dernier, le procureur de Basse-Terre a requis un non-lieu dans ce dossier. Ces réquisitions ont suscité de l’émotion en Guadeloupe, où des images filmées par une caméra de la ville de Deshaies ont été relayées par des médias. On y voit les gendarmes extraire brusquement Claude Jean-Pierre de son véhicule et sa tête heurter l’habitacle.

La colère d’Harry Roselmack

« Mon père est arrivé au CHU avec des hématomes, des vertèbres brisées, une compression de la moelle épinière et un état de tétraplégie », a affirmé Fatia Alcabelard. Vendredi dernier, une manifestation de soutien à la famille a réuni un millier de personnes à Pointe-à-Pitre.

Des élus et des personnalités comme le journaliste Harry Roselmack ont appelé de leurs voeux la tenue d’un procès. « Révoltant !!!! », avait écrit sur son compte Instagram le journaliste de TF1, le 19 février dernier. Cette interpellation qu’il compare en partie à l’affaire George Floyd, en référence à cet Afro-Américain, dont les images de la mort violente lors d’une interpellation par des policiers ont fait le tour du monde. Cela relève du « déni de justice absolu » selon lui. Une issue autre « serait un nouveau déni de justice », a écrit dans un communiqué le président du département, Guy Losbar.

Dans un communiqué publié mercredi, le procureur de Basse-Terre, Xavier Sicot, a jugé « nécessaire d’apporter un éclairage sur le contenu » de son réquisitoire. Le juge d’instruction « n’a jamais procédé à la mise en examen des deux gendarmes » et « a considéré qu’au regard des éléments figurants à la procédure, il n’existait pas d’indices graves et concordants permettant cette mise en examen », fait valoir le procureur.

Dès lors, ajoute-t-il, le juge « était tenu de placer ces derniers sous le statut de témoins assistés », ce qui « empêche en droit d’envisager toutes réquisitions aux fins de renvoi devant une juridiction ». « Il appartient désormais au magistrat instructeur de se prononcer sur les suites à donner à cette information » judiciaire, en prenant en compte « les observations juridiques que pourraient formuler les parties civiles », poursuit le procureur. Pour Me Maritza Bernier, conseil de la famille, « le dossier plaide » pour un procès. « Nous avons les images, nous avons des expertises et même les déclarations des gendarmes », a souligné l’avocate la semaine dernière devant la presse.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/sexagenaire-mort-apres-un-controle-routier-le-non-lieu-requis-pour-les-gendarmes-irrite-la-guadeloupe-09-03-2023-DVD7I2X4JNFFJLP37MF3HUNP7U.php