Séparatisme basque : le fils d’un chef historique de l’ETA condamné à deux ans avec sursis à Paris

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Publié le 17/11/2021 20:45:13

« Mon analyse, c’est que le tribunal ne pouvait pas se permettre d’annoncer une relaxe», a déclaré Egoitz Urrutikoetxea, le fils de Josu Ternera, à l’issue de la décision de justice. Lui qui nie nie avoir appartenu à l’organisation armée n’exclut pas de faire appel.

Aujourd’hui âgé de 47 ans et élu à la communauté d’agglomération du Pays basque, Egoitz Urrutikoetxea, fils du chef historique de l’organisation séparatiste basque ETA Josu Ternera, a été condamné mercredi à Paris à deux ans de prison avec sursis pour « association de malfaiteurs terroriste », dans le cadre de deux procédures judiciaires datant d’il y a 16 ans et 18 ans.

Le tribunal judiciaire de Paris a estimé que si « la preuve n’était pas rapportée de ce qu’il avait été membre » de l’ETA, « le fait d’avoir entretenu des relations (…) répétées avec des membres éminents » de cette organisation entre 2003 et 2005 caractérisait bien l’infraction d’ « association de malfaiteurs en relation avec une entreprise terroriste ».

Sa mise en cause reposait sur la découverte de ses empreintes et d’une trace ADN sur des objets retrouvés dans des appartements de plusieurs villes du sud-ouest de la France loués par des membres de l’ETA, ainsi que dans un véhicule utilisé par l’organisation. « Son père était alors dans la phase de préparation des pourparlers de paix de Genève », qui ont eu lieu en 2005-2006, « il vivait discrètement et son fils a pu le rejoindre » en plusieurs occasions, a fait valoir son avocat.

« Au vu de l’ancienneté des faits » et de sa « très forte insertion sociale, professionnelle et familiale », « une peine d’emprisonnement sans sursis serait totalement inadéquate », a expliqué la présidente du tribunal lors de l’annonce du délibéré. Il devra justifier pendant un an de son activité professionnelle et répondre aux convocations d’un juge d’application des peines, et la peine ne sera pas inscrite au fichier des auteurs d’infractions terroristes (FIJAIT), a-t-elle ajouté.

« Une peine de principe »

Après l’annonce du jugement, ce père de deux enfants, doctorant en histoire et directeur éducatif adjoint des écoles immersives en langue basque a qualifié d’« aberration » cette « peine de principe », prononcée alors que « le tribunal acte qu’il n’y a pas assez d’éléments pour (le) considérer comme membre de l’ETA ». « Mon analyse, c’est que le tribunal ne pouvait pas se permettre d’annoncer une relaxe », a-t-il ajouté.

« En droit, ça ne tient pas », de condamner pour association de malfaiteurs terroriste sur la base de « liens avec des membres » et d’une « sympathie » affichée, a estimé son avocat, qui avait demandé la relaxe. Egoitz Urrutikoetxea, qui nie nie avoir appartenu à l’organisation armée ; a indiqué qu’il n’excluait pas de faire appel du jugement.

Lors de l’audience, le 8 octobre, le procureur avait requis 4 ans de prison avec sursis et l’inscription de la peine au FIJAIT. Egoitz Urrutikoetxea avait été condamné en son absence pour ces mêmes faits, à deux fois quatre ans de prison, en 2007 et 2010. Interpellé en région parisienne en octobre 2015 et brièvement placé en détention, il avait demandé à être rejugé pour pouvoir s’expliquer devant le tribunal.

Créée en 1959 sous la dictature espagnole de Franco, l’ETA (abréviation d’Euskadi Ta Askatasuna, « Pays basque et liberté ») est accusée d’avoir tué au moins 853 personnes durant quatre décennies de violences au nom de l’indépendance du Pays basque. Le 16 avril 2018, l’organisation écrit une lettre annonçant sa dissolution. Sa publication dans la presse Internet espagnole le 2 mai 2018 marque sa dissolution.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/separatisme-basque-le-fils-dun-chef-historique-de-leta-condamne-a-deux-ans-avec-sursis-a-paris-17-11-2021-FJEDGBGRBVG6XBODTH55INGSIA.php