Sécurité, violences… Quelles stratégies pour la préfète de l’Orne ?

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Publié le 05/11/2021 13:18:02

Après les violences urbaines qui ont frappé un quartier d’Alençon mardi 26 octobre 2021, potentiellement liées à des trafics de stupéfiants, Françoise Tahéri décrit les actions de l’État menées contre cette délinquance. Entretien.

La préfète de l’Orne, Françoise Tahéri, présente les actions de l’État pour lutter contre la délinquance.

À Alençon, très récemment, et à Flers, au printemps, des violences urbaines ont éclaté, avec des liens possibles avec le trafic de drogue. Comment comptez-vous agir ?

On ne laissera pas s’installer ces voyous. Pour cela, nous disposons de plusieurs niveaux d’intervention. Tout d’abord, nous devons perturber les trafics de drogue qui se déroulent sur notre territoire en déployant la police de sécurité du quotidien. Il faut faire en sorte qu’il y ait une présence marquée, visible, au contact direct des usagers. Nous réalisons un travail en profondeur avec la Cellule de renseignement opérationnel sur les stupéfiants (Cros). Une cellule coordonnée par l’action judiciaire. [n.d.l.r elle permet de collecter, croiser, analyser les renseignements en matière de stupéfiants, nouer des contacts avec des partenaires extérieurs (polices municipales, bailleurs sociaux…)]

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Des brigades sont très présentes sur le territoire, que ce soit en zone police et en zone gendarmerie. Nous avons créé deux groupements de sécurité de proximité, au sein des circonscriptions de Flers et Alençon.

Nous réalisons aussi des contrôles de flux routiers. Récemment, les douaniers ont circulé sur tout département pendant une semaine. Tout cela a pour but de tarir l’approvisionnement des points de deal.

Le crack a récemment fait son arrivée dans le département…

Crack, cocaïne ecstasy, héroïne, cannabis… Nous retrouvons désormais tous types de substances que l’on trouvait autrefois dans les zones urbaines. Nous voyons bien qu’elles circulent et arrivent dans des départements plus ruraux et dans des villes moyennes.

C’est très inquiétant pour la santé publique. On voit les catastrophes que provoque la consommation de ces substances. Notamment sur de très jeunes adolescents et jeunes adultes. Ils se font piéger dans ces consommations. Ils deviennent prisonniers. C’est leur liberté qui est entravée et ils voient leurs horizons se fermer. Et ils alimentent un commerce totalement abject. Souvent, il n’y a pas seulement du trafic de drogue mais aussi de la prostitution, de la traite d’être humains.

Dans l’Orne, combien de kilos de drogues ont été saisis depuis le début de l’année ?

À l’échelle du département ce n’est pas neutre, nous en sommes à une petite trentaine de kilos.

Vous cherchez également à sanctionner de plus en plus les consommateurs. Comment ?

Nous délivrons des amendes forfaitaires délictuelles pour usage illicite de stupéfiants. Le montant s’élève à 200 €. Une petite centaine a été délivrée dans le département depuis le début de l’année 2021.

Avez-vous mis en place des politiques de prévention spécifiques, que ce soit pour les consommateurs ou les guetteurs, qui sont souvent très jeunes ?

Policiers et gendarmes interviennent dans les établissements d’enseignement. Pour les guetteurs, il ne faut pas qu’ils se laissent piéger par cet argent facile. Il faut une prise conscience. Les réseaux d’associations sont très utiles. Il est important aussi que chacun d’entre nous fasse passer le message dans les familles, les cercles d’amis.

Les syndicats de police déplorent le manque d’effectifs pour les interventions et le traitement des dossiers, des renforts pérennes sont-ils prévus ?

Le ministre de l’Intérieur a été très clair dans les objectifs visés : que les effectifs soient équivalents à ceux de 2017. Il y a bien eu un renfort un renfort d’effectif au sein de la direction départementale de la sécurité publique. Il y aura d’autres renforts au cours des prochaines semaines.

Nous pouvons également demander des renforts ponctuels sur des opérations et des renforts zonaux lorsque nous en avons besoin.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/normandie/orne/securite-violences-quelles-strategies-pour-la-prefete-de-l-orne-39e5f9c8-3bcc-11ec-b9a0-60ef7849bf45