Scandale Orpéa : une vingtaine de perquisitions en cours, 200 gendarmes mobilisés

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Publié le 08/06/2022 07:50:21

INFO LE PARISIEN. Le géant des maisons de retraites est visé ce mercredi dans son siège et au sein d’une vingtaine de directions régionales par une opération de grande ampleur menée dans le cadre des enquêtes ouvertes pour la gestion chaotique de ses établissements.

C’est une opération judiciaire de grande envergure qui a démarré tôt ce mercredi matin dans le cadre des enquêtes préliminaires ouvertes par le parquet de Nanterre (Hauts-de-Seine) sur le groupe privé Orpea. Au cœur de la tempête, le géant des maisons de retraites est soupçonné notamment de maltraitance institutionnelle et de détournements de fonds publics, dans sa gestion des Ehpad, depuis la parution fin janvier, chez Fayard, du livre-enquête de Victor Castanet, Les Fossoyeurs. Selon nos informations, environ 200 gendarmes ont investi tôt ce matin le siège social du groupe à Puteaux (Hauts-de-Seine) ainsi qu’une vingtaine de directions régionales du groupe sur l’ensemble de la France. Ces perquisitions sont coordonnées par les enquêteurs de la section de recherches de Versailles, en charge de la direction des investigations.

Le parquet de Nanterre a lancé ces derniers mois plusieurs enquêtes. Une première relative à des suspicions de « faux et usage de faux », et d’« infraction à la législation sur le travail en recourant abusivement à des contrats à durée déterminée », avait été ouverte dès février À la suite d’un signalement du gouvernement, elle a été élargie à des suspicions de détournement de fonds publics et de maltraitance institutionnelle.

Le premier pan concerne la situation sanitaire dans les établissements. Elle a été ouverte après l’enquête administrative de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), qui a notamment « fait apparaître que les grammages utilisés par les cuisiniers des Ehpad Orpea sont significativement en deçà » des références établies pour l’alimentation des seniors. Elle a aussi mis en avant l’absence régulière de « collation nocturne » et « des durées de jeûne nocturne supérieures au plafond recommandé de douze heures ».

Plusieurs auditions ont déjà été menées

Des éléments qui, comme le rationnement des couches à destination des pensionnaires des Ehpad, avaient été largement documentés par Victor Castanet dans son ouvrage « les Fossoyeurs ». Une cinquantaine de plaintes portant sur d’éventuelles situations de maltraitance ont été reçues dans ce cadre par le parquet de Nanterre. Reste désormais aux gendarmes à qualifier ces faits et à établir l’existence, ou non, d’un système organisé de maltraitance visant à réaliser des économies.

L’autre interrogation de la justice et des enquêteurs concerne le fonctionnement financier du groupe Orpea. Se basant sur un rapport de l’Inspection générale des finances (IGF), la justice se demande si le groupe n’aurait pas émis des déclarations d’embauche insincères pour obtenir des remboursements avec des fonds publics. Dans son livre, Victor Castanet a par ailleurs évoqué l’existence d’un système d’étranges remises réclamées par Orpea à ses fournisseurs.

Des éléments qui intéressent là aussi les enquêteurs. Selon nos informations, plusieurs auditions ont déjà été menées par les enquêteurs ces dernières semaines et les investigations diligentées sous l’autorité du parquet de Nanterre. Les gendarmes comptent ce mercredi matin saisir des documents et ordinateurs pour étayer les soupçons.

Par ailleurs, la justice a ouvert mi-mai une enquête préliminaire à la suite d’une plainte pour « abus de biens sociaux » déposée par Orpea. Cette plainte porte sur « des opérations passées - sans aucun lien avec les conditions d’accueil et de soins des résidents - susceptibles de poser question au regard de l’intérêt social d’Orpea et découverts à la suite d’investigations internes », avait expliqué le groupe le 2 mai.

Dans un tout autre volet, l’ancien directeur général d’Orpea, Yves Le Masne, a été entendu mardi en audition libre à la section de recherches de Paris pour des faits de délit d’initié, dans le cadre d’une troisième enquête distincte ouverte par le parquet national financier. L’ancien patron des maisons de retraite est soupçonné d’avoir vendu pour plus de 900 000 euros d’action en apprenant la sortie du livre enquête sur la gestion chaotique de son groupe. Il a été limogé depuis.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/scandale-dans-les-ehpad-une-vingtaine-de-perquisitions-en-cours-au-siege-dorpea-et-dans-ses-directions-regionales-08-06-2022-ELYB4JV5TVF3TGH64AHK67GIIM.php