Scandale de corruption au Parlement européen : deux eurodéputés interpellés

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Publié le 10/02/2023 21:14:01

Marc Tarabella, âgé de 59 ans, privé de son immunité parlementaire depuis le 2 février, a été interpellé ce vendredi, tout comme le député européen italien Andrea Cozzolino.

Il se disait depuis deux mois disposé à répondre à la justice : l’eurodéputé belge Marc Tarabella a été placé en garde en vue vendredi dans l’enquête sur des soupçons de corruption au sein du Parlement européen impliquant le Qatar et le Maroc. En Italie, l’eurodéputé Andrea Cozzolino a également été arrêté alors qu’il sortait d’une clinique où il suivait des examens.

L’élu socialiste de 59 ans Marc Tarabella, privé de son immunité parlementaire le 2 février, a été interpellé tôt vendredi à son domicile, dans la région de Liège. Il a été amené à Bruxelles pour y être entendu dans les locaux de la police judiciaire fédérale. « Le juge d’instruction décidera d’une éventuelle comparution au cours des prochaines heures », a précisé le parquet fédéral.

Parallèlement à celle-ci, plusieurs bureaux de la mairie d’Anthisnes – où Marc Tarabella est bourgmestre – ont été perquisitionnés, a ajouté le parquet. Une autre perquisition a ciblé « un coffre bancaire situé à Liège » lui appartenant.

Son domicile déjà perquisitionné

Le nom de Marc Tarabella, élu passionné de football qui s’est beaucoup exprimé au Parlement européen sur le sujet de l’organisation de la Coupe du monde 2022 par le Qatar, était apparu très tôt quand ce scandale a éclaté le 9 décembre. Dès le lendemain, le 10 décembre, son domicile à Anthisnes avait été perquisitionné, en présence de la présidente du Parlement européen Roberta Metsola, comme l’exige la loi pour un eurodéputé belge.

Mais aucun argent liquide n’avait été découvert, et il n’avait pas été interpellé, contrairement à l’eurodéputée grecque Eva Kaili, prise en « flagrant délit » la veille à Bruxelles, et donc privée du bénéfice de l’immunité. Eva Kaili, déchue en décembre de sa fonction de vice-présidente du Parlement, compte parmi les trois personnes actuellement écrouées dans ce dossier, avec son compagnon l’assistant parlementaire Francesco Giorgi, et l’ancien eurodéputé Pier Antonio Panzeri, lui aussi italien.

Une prise de position qui interroge

Antonio Panzeri, suspect clé du dossier, désormais « repenti » puisqu’il a reconnu avoir orchestré cette ingérence de plusieurs puissances étrangères dans la politique européenne, a mis en cause Marc Tarabella devant les enquêteurs. Selon la presse belge, l’Italien a affirmé en décembre avoir versé « entre 120 000 et 140 000 euros » en plusieurs fois à l’élu belge, pour son aide dans les dossiers liés au Qatar.

En novembre dernier, devant le Parlement, l’eurodéputé belge avait salué des changements positifs dans l’émirat sur la question des droits des travailleurs. « Il y a eu des progrès, il faut le reconnaître (…) le discours unilatéralement négatif m’apparaît préjudiciable à l’évolution des droits dans l’avenir au Qatar », avait affirmé Marc Tarabella.

Le ton a changé. Sept ans plus tôt, en 2015, Marc Tarabella avait qualifié d’« erreur de casting » l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar, a rappelé la presse belge. L’élu belge fustigeait alors le manque de transparence de la Fifa dans cette attribution. Il a nié avoir reçu « argent ou cadeaux en échange de (ses) opinions politiques ». Les autorités du Qatar et du Maroc ont également vivement démenti ces soupçons de corruption.

Un eurodéputé italien également arrêté

Egalement visé par la justice belge, l’eurodéputé italien Andrea Cozzolino, qui se trouvait dans une clinique de Naples pour des examens médicaux, a été arrêté ce vendredi à sa sortie de la clinique en vertu d’un mandat d’arrêt européen, a précisé l’agence Ansa.

Selon un rapport parlementaire, celui qui était jusqu’en janvier président de la délégation du Parlement européen pour les relations avec le Maghreb « est soupçonné d’avoir participé à un accord avec d’autres personnes qui prévoyait une collaboration afin de protéger les intérêts d’États étrangers au Parlement européen ».

L’immunité parlementaire de Andrea Cozzolino avait été levée en même temps que celle de Marc Tarabella, le 2 février, par un vote en plénière de la seule institution élue de l’UE. Ce jour-là à Bruxelles Marc Tarabella avait lui-même voté la levée de son immunité, se disant prêt à répondre aux questions des enquêteurs. « Je souhaite que la justice fasse son travail », avait-il dit.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/scandale-de-corruption-au-parlement-europeen-un-eurodepute-belge-interpelle-10-02-2023-B4CFO4VSRBFATERHRCA7XLM3AU.php