Saint-Maur : masseuses en petite tenue et client nu... la patronne d’un salon condamnée pour proxénétisme

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Publié le 16/06/2021 18:14:08

Une ressortissante chinoise de 58 ans a été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour des faits de proxénétisme, commis dans un salon de massage, en février et mars. Un cas loin d’être isolé dans le département.

Seule la gérante du salon de massage de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne), VIP of Beauty, a été condamnée à deux ans de prison avec sursis pour proxénétisme. Mercredi après-midi, le tribunal correctionnel de Créteil a relaxé son mari, Franck, et David, le cousin de ce dernier de ce chef de prévention. Le premier a été condamné à un an de prison avec sursis, notamment pour blanchiment d’argent, et le second à 3 000 euros d’amende pour l’exécution de travail dissimulé.

Lors de ses réquisitions, la procureure avait demandé jusqu’à trois ans de prison contre la gérante du salon et son mari, pour des faits commis de février à mai 2021. Elle avait requis 18 mois de prison, dont six avec sursis pour le cousin. La date de prévention a d’ailleurs été réduite, le salon étant fermé depuis le 19 mars en raison d’un nouveau confinement.

Des clients reconnaissent qu’on leur a proposé « une finition manuelle »

Cette affaire démarre le 10 février 2021 par un simple contrôle du Comité opérationnel départemental anti-fraudes (Codaf). Immédiatement, un élément saute aux yeux des policiers. « Deux masseuses sont simplement vêtues d’une nuisette, décrit la procureure de la République lors de ses réquisitions. Une masseuse dit d’ailleurs qu’elle doit la porter pour attirer les clients. » L’un d’eux est totalement nu.

Les policiers mettent alors en place des surveillances et interrogent une demi-douzaine de clients. Tous reconnaissent qu’on leur a proposé une « finition manuelle », moyennant un supplément de 15 à 30 euros. Certains admettent avoir accepté. « C’est de la prostitution dissimulée derrière la devanture d’un salon de massage », estime la procureure qui constate qu’il y a en permanence deux masseuses dans l’établissement. Cette pratique n’est pas une exception dans le département.

Pour étayer leur dossier, les enquêteurs se plongent dans les comptes. Pour les paiements en liquide, comme pour ceux effectués avec la carte bancaire, la plupart des sommes versées « ne correspondent pas aux tarifs des soins affichés dans le salon », constate la procureure qui rappelle que sur une feuille de comptes écrite en chinois, est noté le soin « accompagné d’un pourboire selon les cas ».

La prévenue évoque des erreurs de traductions

À la barre, la gérante du salon, âgée de 58 ans, une sans-papiers chinoise mariée depuis dix ans à Franck, n’a eu de cesse de contredire ses propres déclarations faites lors de la garde à vue. « Vous aviez reconnu les finitions manuelles », s’étonne la présidente. « Non, c’est une erreur de traduction », explique Yu qui a été incarcérée depuis l’audience de mai dernier. Selon ses dires, elle ou ses collaboratrices sont étrangères à ce type d’activité. Elle admet tout juste avoir employé deux masseuses, également sans-papiers. « Elle est revenue sur tout ce qu’elle a pu dire », constate désabusée la procureure lors de ses réquisitions.

Franck, de son côté, semblait à peine connaître les lieux. Confondu par le bornage de son téléphone, il a fini par admettre passer à Saint-Maur-des-Fossés presque quotidiennement mais pas pour aller au salon. « Je passais mon temps avec des amis garagistes. Je restaure des vieilles voitures », explique cet homme d’une cinquantaine d’années, interdit bancaire après des affaires d’escroquerie. Il a d’ailleurs justifié ses revenus par la vente de ces voitures anciennes, le plus souvent au noir.

« Pas le début de commencement de preuve », estime un avocat

Ainsi pour pouvoir offrir ce salon à sa femme, même si l’homme a racheté le fonds de commerce, David, inconnu de la justice, signe les papiers nécessaires au fonctionnement. « C’est l’idiot de la famille », se désole d’ailleurs la défenseur de ce dernier, Me Margaux Mazier.

« Dans ce dossier, il n’y a pas le début du commencement d’une preuve, constate, passablement exaspéré, Me Marcel Baldo, l’avocat du couple. Le salon a été ouvert en 2017, il n’y a jamais eu de plainte liée à du proxénétisme. Aucun client n’a été poursuivi. »

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/val-de-marne-94/saint-maur-masseuses-en-petites-tenues-et-client-nu-la-patronne-dun-salon-condamnee-pour-proxenetisme-16-06-2021-7VBKSE6ELJBB5KVIUGCBENIA2I.php