REPORTAGE. En Guadeloupe, le dialogue impossible entre l’État et les syndicats

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Publié le 29/11/2021 21:51:02

Arrivé dans l’archipel dimanche 28 novembre 2021, le ministre des Outre-mer Sébastien Lecornu n’est pas parvenu, ce lundi 29 novembre, à négocier avec l’intersyndicale.

Il est 9 h, ce lundi 29 novembre 2021, en Guadeloupe, et déjà devant la sous-préfecture de Pointe-à-Pitre, la tension monte. Marie-Claire Mattys, venue assister à l’arrivée du ministre Sébastien Lecornu et des représentants syndicaux, pointe un doigt énervé vers la rangée de forces de l’ordre qui se dresse devant elle : « Ils nous empêchent de nous mettre sur le trottoir ! » D’autres manifestants se joignent aussitôt à sa colère.

Arrivée avec une heure de retard aux négociations, la délégation syndicale ne sera finalement restée que dix minutes, le temps de donner au ministre le document détaillant les revendications.

L’échec du dialogue était prévisible. La veille déjà, le dirigeant du LKP (Liyannaj Kont Pwofitasyon, collectif qui regroupe des organisations syndicales, associatives, politiques et culturelles guadeloupéennes), Élie Domota, avait qualifié la rencontre « (d’)hypothétique », après que le ministre des Outre-mer a refusé de recevoir les trente représentants du mouvement. « Si je me suis déplacé ici, en Guadeloupe, ce n’est certainement pas pour céder à quelque pression que ce soit. C’est une réunion de travail que je souhaite, certainement pas une grand-messe, pour faire de la communication », avait prévenu Sébastien Lecornu.

Le ministre avait également exigé la condamnation des violences commises depuis le début de la crise. L’intersyndicale a refusé et réclamé au contraire l’annulation des peines. « Nous ne pouvons pas en vouloir à nos jeunes ! Ils répondent à la violence étatique, moins visible, mais tout aussi dévastatrice », justifie Marie-Claire Mattys, le regard dirigé vers les camions blindés de la gendarmerie. « C’est comme si les autorités avaient peur de nous. On sent que la priorité, en tout cas, ne va pas au dialogue », regrette Eddy Damas, mobilisé devant la sous-préfecture.

Au grand dam des grévistes, la première visite du ministre a été celle du camp militaire de la Jaille, à Baie-Mahault, pour apporter son soutien aux forces de l’ordre.

D’une manière générale, les militants regrettent une visite « tardive », qui leur semble « improvisée » et surtout « trop courte » : « Comment peut-on penser arriver à une sortie de crise en deux jours ? » s’interroge Marie-Claire Mattys, qui rappelle qu’en 2009, le secrétaire d’État à l’Outre-mer de l’époque, Yves Jégo, était resté plusieurs semaines. « C’est comme si on nous annonçait d’emblée qu’aucune décision importante ne sera prise. »

Sébastien Lecornu compte désormais sur les élus locaux pour résoudre les revendications qui « concernent pour la plupart les compétences des collectivités territoriales », a-t-il annoncé dans un communiqué de presse, ajoutant qu’il ne reviendrait pas sur l’obligation vaccinale. Le ministre se rendra lundi 30 novembre en Martinique. Mardi 7 décembre, Ouest-France organisera les Assises économiques des Outre-mer. Retrouvez ici tout le programme et les inscriptions.

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Source : https://www.ouest-france.fr/region-guadeloupe/reportage-en-guadeloupe-le-dialogue-impossible-entre-l-etat-et-les-syndicats-658ce77e-5154-11ec-a03a-81739c05d3e8