Provocation à la haine raciale : une amende de 10000 euros requise contre Eric Zemmour 

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Publié le 17/11/2021 21:50:26

La procureure a estimé, ce mercredi soir, que le polémiste s’est rendu coupable d’incitation à la haine en dénigrant de façon outrageante les mineurs isolés sur CNews. L’avocat d’Eric Zemmour, absent comme prévu, a plaidé la relaxe pour clore une audience interminable. Jugement le 17 janvier.

Éric Zemmour n’était pas dans le prétoire. Le procès du polémiste d’extrême droite, jugé pour provocation à la haine raciale à la suite de sa virulente diatribe sur les mineurs isolés sur CNews en 2020, s’est ouvert comme prévu sans lui, mercredi 17 novembre devant la 17e chambre correctionnelle de Paris. Une poignée de jeunes partisans de l’essayiste, membres de l’association Z qui soutient le très potentiel candidat à l’élection présidentielle, a déployé brièvement un drapeau français devant le palais de justice où l’audience, commencée à 9h30 se poursuivait à 22 heures, après le réquisitoire du parquet.

La procureure a requis 10 000 euros amende, soit 100 jours-amendes à 100 euros avec possibilité d’emprisonnement en cas de non-paiement. La magistrate a mis en avant « la violence des propos et du contexte dans lequel ils ont été prononcés » ainsi que le fait qu’Éric Zemmour a « déjà un passé judiciaire ». Qualifiant les propos du polémiste de « méprisants et outrageants », elle estime que le polémiste s’est rendu coupable de provocation à la haine et d’injure raciale. « Les limites de la liberté d’expression ont été franchies », a-t-elle martelé.

Dix heures plus tôt, tous les acteurs de ce procès très attendu et suivi avaient été immédiatement mis en garde. « Le tribunal sera particulièrement vigilant à la sérénité des débats », a prévenu la présidente Delphine Chauchis. C’est justement pour préserver la « sérénité des débats » qu’Éric Zemmour, prêt à venir assumer et expliquer ses propos qualifiant les mineurs isolés « d’assassins, de violeurs et de voleurs » et son avocat Me Olivier Pardo étaient tombés d’accord pour que le journaliste de 63 ans ne se présente pas à l’audience.

« Ils sont ici pour faire de la politique »

L’avertissement de la magistrate n’a pas empêché les échanges de prendre rapidement un tour électrique sur la question de la recevabilité de certaines des trente-sept parties civiles. « Ils sont ici pour faire de la politique », a fustigé Me Pardo au sujet de la vingtaine de Conseils départementaux venus défendre la réputation de ces mineurs non accompagnés et par là même l’honneur de leurs services « qui se doivent de protéger et d’accueillir avec dignité cette population vulnérable », comme nous le confiait mardi un membre de l’Aide sociale à l’enfance.

« Les trois-quarts sont irrecevables et ils le savent très bien, ils ne sont là que pour faire nombre », s’est insurgé Me Olivier Baratelli, avocat du directeur de publication de CNews, poursuivi au côté l’ancien chroniqueur star de la chaîne. Puis la défense a sollicité le renvoi de l’audience, provoquant des réactions véhémentes côté parties civiles. « C’est une stratégie. On ne veut pas que les propos soient jugés et on ne sait plus comment vous le demander », s’est écrié Me Patrick Klugman au nom de SOS Racisme. Le tribunal a rejeté la demande de renvoi, puis la défense s’est lancée dans une bataille de procédure.

Comme il l’avait confié au Parisien, Me Pardo a soutenu que les poursuites contre Éric Zemmour n’avaient aucun sens juridique. « Quand on dit « les Arabes », on sait de quoi on parle, a-t-il indiqué. Mais les mineurs isolés ne sont ni une race, ni une nation, ni une ethnie ». À son tour, Me Baratelli a monopolisé la parole durant deux heures en citant une à une les parties civiles dont il conteste la légitimité dans cette procédure, crispant le tribunal par la longueur de son exercice.

« Un moment d’hégémonie de la pensée raciste »

Sept heures plus tard, le tribunal a abordé le fond du dossier, diffusant l’extrait de l’émission « Face à l’Info » du 29 septembre 2020 où Éric Zemmour fait sa sortie sur les mineurs isolés, dans un contexte post-attentat contre les anciens locaux de Charlie Hebdo à Paris. Le tribunal a examiné la question en moins d’une heure, laissant les parties civiles plaider.

« Nous sommes aujourd’hui objectivement dans un moment d’hégémonie de la pensée raciste », a débuté Me Arié Alimi, pour la Ligue des droits de l’Homme, rappelant qu’il « y a une possibilité que M. Zemmour devienne président de la République » et appelant le tribunal à être ferme « dans un moment d’Histoire où tout peut se passer ». Après 22 heures, Mes Pardo et Baratelli s’apprêtaient à plaider la relaxe des deux prévenus.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/provocation-a-la-haine-raciale-une-amende-de-10000-euros-requise-contre-eric-zemmour-17-11-2021-M42XE6GVBNB4FFWADFZKROKXS4.php