Procès Haurus : sept ans de prison requis contre l’ancien agent de la DGSI

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Publié le 17/06/2021 11:25:48

Jugé pour avoir extrait et vendu des données confidentielles, l’agent de la Direction générale de la sécurité intérieure avait élargi ses activités au faux documents. Il comparait aux côtés ses deux meilleurs clients et un faussaire.

Fustigeant une repentance « affectée » et « des preuves nombreuses et accablantes », le ministère public a requis jeudi sept ans de prison avec mandat de dépôt contre Haurus, l’ancien agent de la DGSI accusé d’avoir vendu des informations confidentielles sur le « darknet ». Devant le tribunal correctionnel de Nanterre, la procureure Catherine Denis a dénoncé un « individu dénoué de sens moral et de scrupule » qui a « trahi la République par un comportement inqualifiable » et fait preuve d’une « absence totale de remords ».

« Il a définitivement changé de camp : il ne se comporte plus et ne se considère plus comme un fonctionnaire de police », a-t-elle dénoncé, demandant également pour cet homme, qui a déjà passé un an en détention provisoire, une interdiction d’exercer dans la fonction publique. « Qu’on ne vienne pas nous dire qu’il est en danger s’il est en prison. S’il est en danger, c’est à cause de son plan de communication », a-t-elle argué, en référence à un entretien accordé à visage découvert par Haurus, Christophe B. de son vrai nom, à L’Obs cette semaine.

Elle a également requis cinq ans de prison, dont trois avec sursis, contre le complice présumé et compagnon de Haurus, dénonçant son « arrogance » et son « aplomb ». « Il avait parfaitement conscience de la manière dont les ressources arrivaient dans le couple », a-t-elle argué. A leurs côtés sont jugés deux faussaires du darknet, contre lesquels le parquet a demandé un an et deux ans de prison ferme, et deux clients de Haurus.

« Mettre du beurre dans les épinards »

Contre le premier de ces clients, un détective privé, « le plus réinsérable » de tous les prévenus selon la procureure, quatre ans de prison avec sursis ont été requis. Le dernier est un multirécidiviste, impliqué dans le milieu du grand banditisme marseillais, actuellement en détention provisoire dans une autre affaire. A son encontre, cinq ans de prison ferme ont été demandés.

Depuis le début de son procès mardi, Haurus, un ancien fonctionnaire de 35 ans qui travaillait dans une unité antiterroriste de la Direction générale de la sécurité intérieure, a expliqué avoir commencé ses activités illicites sur le darknet pour « mettre du beurre dans les épinards ». Il les a petit à petit diversifiées en vendant, contre une rémunération en bitcoins, des données personnelles et confidentielles extraites de fichiers de police auxquels il avait accès : identités, adresses, géolocalisations téléphoniques, faux documents administratifs… Avant de se mettre à fabriquer de faux chèques. Selon l’accusation, il aurait effectué 382 recherches illégitimes et facturait ses services entre 100 et 300 euros. A la barre, il a décrit une forme « d’addiction », qui lui a fait « perdre pied avec la réalité ».

Haurus est également mis en examen dans le volet marseillais de l’affaire pour « corruption passive et association de malfaiteurs en vue de commettre des crimes en bande organisée », plusieurs figures du grand banditisme marseillais ayant été assassinées après des recherches faites sur eux par l’ancien policier. Ces règlements de compte, qui n’étaient pas jugés à Nanterre, « apparaissent en filigrane dans le dossier », a estimé la procureure, indiquant que dans cette affaire de darknet et de cryptomonnaies, « les victimes et les préjudices étaient bien réels ».

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/proces-haurus-sept-ans-de-prison-requis-contre-lancien-agent-de-la-dgsi-17-06-2021-GNJVOCG5ONAERDFVBIX2EJUZGU.php