Procès des attentats du 13 Novembre : touchés dans leur chair, traumatisés... ils ont témoigné pour l’histoire

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Publié le 13/11/2021 06:30:00

Entre le 28 septembre et le 29 octobre derniers, les mots des victimes du 13 Novembre ont déferlé devant la Cour d’assises spéciale de Paris. Retour sur ces témoignages exceptionnels de force et de dignité, six ans après cette nuit de terreur qui a fait 130 morts et des centaines de blessés au Stade de France, sur les terrasses parisiennes et au Bataclan.

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« J’appelle à la barre… » Plus de 300 fois entre les 28 septembre et 29 octobre derniers, le président Jean-Louis Périès a invité une partie civile au procès des attentats du 13 Novembre à rejoindre le pupitre de la Cour d’assises spécialement composée de Paris pour venir témoigner. Une silhouette s’est alors avancée dans le couloir entre les travées, laissant le box des accusés à sa gauche. Le plus souvent seules, parfois accompagnées, la plupart avaient pour soutien les feuillets d’un texte mûrement réfléchi serré en main.

Sous les regards, les mots de ces anonymes ont alors déferlé : un flot de souffrances intenses, intimes, racontant « leur » 13 Novembre, la vie d’avant et celle d’après. Chaque fois, un visage s’est dessiné : celui d’un rescapé « miraculé » des tueries du Stade de France, des terrasses parisiennes ou du Bataclan ; celui d’un parent endeuillé ou d’un enfant devenu orphelin. Les visages des morts ont aussi surgi - ces absents dont une photo souvent s’affichait sur l’écran, lumineuse, lors d’un éloge aux accents religieux.

Dans la salle, les larmes silencieuses de tous ceux qui ont écouté ces récits bouleversants - du personnel judiciaire aux interprètes ou aux avocats - ont bien souvent coulé. Les nôtres aussi.

« Pas de haine, pas de pardon »

Chroniqueurs judiciaires au Parisien, nous avons assuré à quatre, ensemble ou en relais, la couverture de ces cinq semaines dédiées aux dépositions des victimes. Pourtant rodés au procès d’assises, nous partageons ce sentiment : cette séquence intense de témoignages s’est avérée d’une force exceptionnelle. Non, le procès n’est pas seulement devenu le réceptacle d’infinies douleurs. Ce qui s’est exprimé-là a permis de mieux comprendre la violence des attaques, leur déroulement précis, et de saisir cette particularité du terrorisme : il touche à l’aveugle et son écho dévaste bien au-delà de ses seules cibles, par « ricochet » et dans le temps.

Ceux qu’il a visés ce soir-là auraient pu être chacun d’entre nous. Leurs paroles nous ont fait sentir « l’odeur du sang et de la poudre ». Toucher leurs cicatrices, leurs plaies parfois encore à vif. Ressentir l’abyssale solitude de leur reconstruction. Entrevoir leur « communauté », sa solidarité et son humanité. « Pas de haine, pas de pardon », ont exprimé la plupart des victimes, soucieuses que leur déposition constitue « une pierre à l’édifice » d’un récit historique et collectif.

Il nous a fallu, chaque jour, choisir parmi les récits. Ceux de Maya, de Clarisse, d’Aurélie ou de Gaëlle reflètent en tout cas ce que ce temps d’audience a ouvert : une formidable fenêtre sur ce que l’Homme a de plus grand et ce dont il est capable, même au pire moment de son histoire.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/proces-des-attentats-du-13-novembre-touches-dans-leur-chair-traumatises-ils-ont-temoigne-pour-lhistoire-13-11-2021-ZFEL4WMVGNEEBDMOPJZUXLHVEQ.php