Procès des attentats du 13 Novembre : perpétuité incompressible requise contre Salah Abdeslam

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Publié le 10/06/2022 15:21:57

Après trois jours de réquisitoire, les peines requises contre les accusés sont désormais connues. La parole sera donnée à la défense à partir de lundi pour deux semaines.

Au terme de trois jours de réquisitoire marathon au procès des attentats du 13 Novembre, le parquet national antiterroriste (Pnat) a requis ce vendredi la réclusion criminelle à perpétuité incompressible contre Salah Abdeslam, le seul membre encore en vie des commandos des attentats qui ont fait 130 morts à Paris et Saint-Denis.

Contre Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau », qui avait été filmé à l’aéroport de Bruxelles en mars 2016, bob sur la tête, poussant un chariot d’explosifs qu’il abandonnera avant de prendre la fuite, le Pnat a requis la réclusion criminelle à perpétuité. Il avait avoué pendant l’audience qu’il aurait dû faire partie du commando le 13 novembre 2015, mais il avait dit avoir renoncé à « tirer sur des gens non armés ».

Le parquet a requis contre Mohamed Bakkali la réclusion criminelle à perpétuité. Logisticien présumé des attentats, il avait déjà été condamné à vingt-cinq ans de réclusion dans le dossier de l’attentat déjoué du train Thalys. La même peine a été requise à l’encontre d’Osama Krayem et Sofien Ayari. 30 ans d’emprisonnement ont été requis pour Ahmed Dahmani, accusé d’avoir aidé à la préparation des attentats, absent à l’audience car incarcéré en Turquie.

La réclusion criminelle à perpétuité pour les frères Clain

Le parquet a réclamé à l’encontre de Muhammad Usman et d’Adel Haddadi, qui avaient emprunté la route des migrants avec deux kamikazes du Stade de France, 20 ans d’emprisonnement. À l’encontre d’Ali El Haddad Asufi, soupçonné d’être l’un des logisticiens en chef du 13 Novembre, le Pnat a requis une peine de 16 ans d’emprisonnement.

Le Pnat a également requis ce vendredi contre les accusés : neuf ans d’emprisonnement contre Yassine Atar, huit ans d’emprisonnement contre Mohamed Amri, six ans d’emprisonnement contre Hamza Attou, Abdellah Chouaa et Farid Kharkhach, cinq ans contre Ali Oulkadi.

À l’encontre de Fabien et Jean-Michel Clain, « voix » des revendications audio des attaques parisiennes, d’Omar Darif, l’artificier qui aurait confectionné les ceintures explosives et quitté la Belgique peu avant les attentats, et de Obeida Aref Dibo, autre cadre syrien des « opérations extérieures », le Pnat a également requis la réclusion criminelle à perpétuité malgré leur absence.

« Il a le sang de toutes les victimes sur la conscience »

« Salah Abdeslam ne nous a rien dit nous permettant d’en savoir plus sur cette soirée, il ne nous a rien dit pour comprendre les événements », a regretté Nicolas Le Bris, l’un des avocats généraux. « Il faut donc s’en remettre aux éléments objectifs du dossier », a-t-il poursuivi. « Il n’a tué personne mais a pris une place importante », détaille le magistrat. « Comme les complices, il a le sang de toutes les victimes sur la conscience et juridiquement, comme coauteur, c’est comme s’il avait également le sang des victimes sur les mains ».

Depuis mercredi, les trois représentants du Pnat reconstituent méticuleusement « le puzzle » des pires attaques commises sur le sol français, de la genèse du projet né en Syrie au recrutement de « djihadistes aguerris » par le groupe Etat islamique, jusqu’aux ultimes préparatifs.

Pendant les onze premières heures de leurs réquisitions, les avocats généraux ont, dans un exposé précis et parfois aride, décortiqué les charges qu’ils retiennent à l’encontre des 20 accusés renvoyés devant la Cour d’assises spéciale de Paris, dont six jugés en leur absence. Douze d’entre eux encourent la réclusion criminelle à perpétuité.

L’accusation a éreinté jeudi la ligne de défense de Salah Abdeslam. Resté mutique pendant la quasi-totalité de l’enquête, le Français de 32 ans a affirmé à plusieurs reprises à l’audience avoir « renoncé » à déclencher sa ceinture explosive le soir des attentats, « par humanité ».

Il a assuré avoir rejoint la cellule djihadiste « au dernier moment », contestant avoir été « une véritable recrue » ou même un « remplaçant », a relevé l’avocat général Nicolas Le Bris, ironisant sur ce prétendu rôle du « terroriste tombé du ciel ».

« Nous récusons fortement l’expression de seconds couteaux »

Voisin loquace de box et ami d’enfance de Salah Abdeslam, Mohamed Abrini, « l’homme au chapeau » des attentats de Bruxelles en mars 2016, était lui aussi « bien prévu » pour le 13-Novembre, selon le parquet. Il avait la veille accompagné les commandos dans le « convoi de la mort » de Bruxelles à la région parisienne.

Son « départ précipité » dans la nuit du 12 au 13 novembre 2015, dû selon l’accusation à un renoncement de dernière minute, a « constitué un imprévu pour tous les membres des commandos », a estimé Nicolas Le Bris.

Le parquet s’est dit « convaincu » que « 11 hommes » devaient faire partie des commandos. Tout comme il a « la conviction » que les accusés Osama Krayem et Sofien Ayari devaient « commettre un attentat le soir du 13 novembre » à l’aéroport de Schiphol, à Amsterdam.

La parole à la défense pendant deux semaines

Le « pourquoi » de leur renoncement reste un mystère mais ils sont les « deux survivants des commandos néerlandais », a lancé Nicolas Le Bris. Le Pnat ne fait « pas de confusion entre les niveaux de responsabilité de chacun », a assuré l’avocat général Nicolas Braconnay. Pour autant, « nous récusons fortement l’expression de seconds couteaux ».

« Tous protestent qu’ils ont les mains propres » mais « par conviction, complaisance, lâcheté ou appât du gain, ils ont nourri la bête, ils ont logé la bête, ils ont transporté la bête, ils ont protégé la clandestinité de la bête, ils ont contribué à armer la bête », a égrené le magistrat. Sans eux, « il n’y aurait pas eu d’attentats », a-t-il insisté.

La parole sera donnée à la défense à partir de lundi et pour deux semaines. Le verdict est attendu le 29 juin.

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