Procès des attentats du 13 novembre. « La prison était djihadogène », selon Hugo Micheron, chercheur

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Publié le 16/11/2021 18:50:20

Hugo Micheron a longuement témoigné sur les mécanismes du recrutement des jeunes Français ou des jeunes Belges par Daech, ce mardi 16 novembre. Au travers d’un cours d’histoire-géo qui a duré cinq heures.

Premier témoin ce mardi 16 novembre à la barre du tribunal de Paris où se tient le procès des attentats du 13 novembre 2015, le chercheur Hugo Micheron, 33 ans. Il enseigne à la fois à l’université de Princeton (États-Unis) et à Sciences Po Paris. Il a vécu en Syrie et en Irak, il a appris la langue arabe.

En France, il a rencontré en prison 80 djihadistes, qu’ils soient prévenus – non encore jugés – ou déjà condamnés, y compris dans des affaires de droit commun. Beaucoup de ces détenus ont « rencontré les idées djihadistes pour la première fois en prison », affirme Hugo Micheron.

Selon lui, le terreau terroriste a progressé derrière les barreaux, via le prosélytisme. « C’est exactement l’inverse d’une évasion ! La prison est djihadogène : certains jeunes détenus de région parisienne présentaient le profil type du recruté, aux yeux de ceux qui revenaient de Syrie ou d’Irak. »

Ce spécialiste revient sur l’histoire du djihadisme moderne, depuis l’Afghanistan des années 80 jusqu’aux attentats du 13 novembre 2015 à Paris, en passant par le 11 septembre 2001 aux États-Unis. « La proclamation du califat de Daech en 2014, c’est l’aboutissement de 30 ans d’idéologie. »

L’appel de Daech à rejoindre la Syrie et l’Irak, « va alors être entendu par 6 000 Européens, dont 2 000 Français entre 2012 et 2019 », estime Hugo Micheron. « Des hommes pour deux tiers d’entre eux, mais aussi des femmes, tous convaincus que l’État islamique va reconstruire un petit paradis sur Terre. »

Pour les magistrats et tout l’auditoire, Hugo Micheron dissèque « la logique totalitaire » qui a présidé aux attentats. « La propagande, c’est 50 % du djihad. Et la propagande, elle se base sur la terreur. »

Pourquoi la France a-t-elle payé le prix fort, ce 13 novembre 2015 ? « Notre pays a été perçu par Daech comme l’usine à idées du monde occidental », résume le chercheur. Selon d’autres spécialistes, à la Sécurité intérieure (DGSI) comme à la Sécurité extérieure (DGSE), la France était particulièrement ciblée depuis 2014.

Hugo Micheron considère lui aussi que la défaite militaire de l’État islamique en Syrie et en Irak ne signifie pas la fin de la « guerre sainte ». « Daech est plutôt, en ce moment, dans une phase de recrutement. » La solution en France passerait, notamment, « par la présence de milliers d’éducateurs de rue. »

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/faits-divers/attentats-paris/proces/proces-des-attentats-du-13-novembre-la-prison-etait-djihadogene-selon-hugo-micheron-chercheur-1e4ad6f8-46e3-11ec-98b5-e0c1231c2fdc