Procès de l’attentat de Nice. « Je n’ai rien fait pour aider » : les douloureux récits des victimes

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Publié le 22/09/2022 14:46:40

Les parties civiles de l’attaque au camion-bélier du 14 juillet 2016, qui a fait 86 morts et des centaines de blessés, témoignent depuis mercredi au procès de l’atrocité de ce qu’elles ont vécu.

Jacques et Marie-Claude ont raconté la recherche désespérée de leur fille Laura « dans le cimetière à ciel ouvert » qu’était devenue la Promenade des Anglais. Mariam a porté le souvenir de sa fille Salma, 18 ans, fauchée par le camion-bélier. Abdallah, projeté au passage du 19-tonnes, a décrit l’horreur des victimes autour de lui. Tandis que Doriane, expliquant sa fuite en mer dès qu’elle a entendu des tirs, a souligné sa panique et ses regrets de ne pas avoir aidé.

Les récits douloureux de la nuit tragique du 14 juillet 2016, souvent entrecoupés de larmes, se succèdent depuis mercredi au procès de l’attentat de Nice. Près de 300 parties civiles vont témoigner durant cinq semaines devant la cour d’assises spéciale qui juge huit accusés : des membres de l’entourage du terroriste abattu au volant du camion par la police après sa course sanglante, et d’autres soupçonnés de trafic d’armes.

« J’ai en moi tous ces morts sur la Prom », souligne Abdallah, Niçois de 67 ans. « Happé de dos » par le poids-lourd, il a « perdu connaissance ». Revenu à lui, il a aperçu le véhicule arrêté, entendu des tirs. Et vu « une femme écrasée, assise avec un bébé dans les bras ».

Blessé à la tête et aux côtes, il a attendu les secours qui « ont d’abord paré au plus urgent […]. Quand j’ai été évacué, dit-il, il n’y avait plus que des sacs blancs autour ». Depuis le retraité « ne dort plus », ne « supporte plus le bruit » et « s’isole ». Cauchemars et hypervigilance, font aussi partie des symptômes d’un stress post-traumatique souvent évoqués par ceux dont « la vie a basculé ».

Comme Sandrine, 28 ans, qui « n’a pas vu le camion » mais « entendu les tirs », « vu la panique » et a sauté sur la plage. « Vous avez été blessée ? », demande le président. « Oui aux pieds, répond-elle. Mais c’est plus difficile de me remettre psychologiquement. Un choc post-traumatique, je ne sais pas si on s’en remet dans sa vie. On est une personne avant et on devient une autre après »

Laurent confirme. Le quadragénaire n’a pas oublié « les images de corps allongés, agonisants ». Et se souvient aussi d’avoir aperçu le « regard noir » du terroriste. Précisant comme beaucoup le « dispositif de sécurité très léger » sur la Promenade pour le feu d’artifice. Évoquant enfin un sentiment de culpabilité « de n’avoir rien pu faire ».

Nombre de témoins partagent leurs regrets. Dont Francis, 60 ans, qui n’a « pas été blessé, n’a pas perdu de proches ». Il a « vu des gens se faire écraser ou projeter » et « s’est mis à l’abri » avec sa famille. « Je n’ai rien fait pour aider », souffle l’homme qui a vite ressenti de la « culpabilité » et décrit les « lourdes » conséquences du stress post-traumatique dans sa vie. Il demande que les victimes psychologiques ne « soient pas oubliées ».

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/societe/faits-divers/attentat-nice/attentat-de-nice-les-douloureux-recits-des-victimes-2296e6fa-3a73-11ed-9b76-9edc71c5adb1