Prêtre tué en Vendée : la commune de Saint-Laurent-sur-Sèvre sous le choc

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Publié le 09/08/2021 21:05:07

Le corps sans vie du prêtre a été retrouvé dans la matinée de ce lundi 9 août 2021, dans la maison de la congrégation des frères missionnaires montfortains. Un homme s’est rendu à la gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre pour s’accuser du meurtre.

D’ordinaire baignée dans la quiétude et rythmée par les sons de cloche de la basilique, la commune de Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée, s’est réveillée dans l’effroi ce lundi 9 août 2021.

À 9 h 15, Emmanuel Abayisenga, 40 ans, d’origine rwandaise, s’est rendu à la brigade de gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre, avec une voiture appartenant à communauté des Missionnaires montfortains de Saint-Laurent-sur-Sèvre.

Il a déclaré aux gendarmes que la personne qui utilise habituellement ce véhicule est décédée. « Il leur a ensuite remis les clés de la voiture et la clé d’une chambre de la Confrérie, et a ajouté qu’il fallait le mettre en prison », relate Yannick Le Goater, vice-procureur de la République de La Roche-sur-Yon.

Dans la chambre de la Confrérie, les gendarmes ont découvert le corps sans vie d’Olivier Maire, père supérieur de la congrégation. Il avait 60 ans.

À ce stade, aucune communication n’est faite sur les causes de sa mort, qui, selon le parquet, « serait survenue entre la soirée du 8 août et la matinée du 9 août ». Selon plusieurs sources, le père aurait été victime de coups. « Une autopsie est en cours dans le cadre de l’enquête ouverte du chef d’homicide volontaire », poursuit le magistrat. « Rien ne permet, à ce stade, de retenir une piste terroriste même si le parquet national antiterroriste a été tenu informé », précise le vice-procureur.

Emmanuel Abayisenga résidait dans les bâtiments de la congrégation, dans le cadre d’une obligation de résidence à la suite de l’information judiciaire ouverte contre lui en juillet 2020, après qu’il a reconnu l’incendie de la cathédrale de Nantes.

Il avait été placé en détention provisoire jusqu’au 31 mai. « Depuis cette date, il faisait l’objet d’une mesure de contrôle judiciaire strict avec notamment obligation de pointage bimensuelle, et obligation de respecter le lieu de résidence. Sa présence sur le territoire national était rendue nécessaire par la procédure en cours », explique Yannick Le Goater.

Le 20 juin, Olivier Maire avait alerté la brigade de gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre qu’Emmanuel Abayisenga souhaitait quitter son lieu de résidence. « Il a alors fait l’objet d’une mesure d’hospitalisation en milieu psychiatrique jusqu’au 29 juillet, date à laquelle il a réintégré la Confrérie », précise le magistrat.

Ce lundi, une expertise psychiatrique a déterminé que l’état psychologique du suspect est incompatible avec une garde à vue.

Dans le cœur de bourg, où se trouve la bâtisse des missionnaires montfortains, règne une ambiance pesante. « On est tous sous le choc, témoigne, ému, le maire de Saint-Laurent-sur-Sèvre, Éric Couderc. Il faisait partie intégrante de la vie de la commune et était apprécié de tous. C’est incompréhensible. Pas plus tard que dimanche, il donnait un récital d’orgue à la basilique. »

L’édile affirme avoir appris la mort du père Olivier Maire aux alentours de 10 h, par les forces de l’ordre. « C’était un homme extraordinaire et dévoué. Un grand humaniste qui se souciait des plus démunis et particulièrement attentif à la situation des sans papiers. »

Révélée dans un tweet par le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, l’affaire a très vite pris une tournure nationale. Toute la classe politique s’est empressée de réagir. À l’image du Vendéen Bruno Retailleau, qui exprime son émotion à la suite du drame. « Je veux rendre hommage à Olivier Maire, un homme de grande foi et de grande culture. » Il rappelle la venue de Jean-Paul II, en 1996, qui est allé à la rencontre des frères montfortains pour se recueillir sur le tombeau de Saint Louis-Marie Grignon de Montfort

Bruno Retailleau parle toutefois d’une « mort révoltante » et « exige des comptes » de la part de l’État. Gérald Darmanin, qui s’est rendu sur les lieux du drame, ce lundi, vers 18 h, a été chahuté par une trentaine de riverains. Amassés devant le portail de la congrégation, ils scandaient « Darmanin démission ! »

Le ministre de l’Intérieur a indiqué qu’il s’agissait d’un homme arrivé illégalement en France et qui « n’était pas fiché parmi les personnes radicalisées » et que la République « a respecté la procédure ». Avant de balayer les polémiques d’un revers de la main en précisant que « l’heure était au recueillement ».

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/europe/france/pretre-tue-en-vendee-la-commune-de-saint-laurent-sur-sevre-sous-le-choc-499581b0-f8fe-11eb-bfc0-b73bf8d3db27