Prêtre tué en Vendée. « Il va beaucoup me manquer » : dans la commune, des habitants sidérés

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Publié le 10/08/2021 08:26:08

Lundi 9 août à l’annonce de la mort du père Olivier Maire, retrouvé tué, les habitants de Saint-Laurent-sur-Sèvre étaient partagés entre douleur et incompréhension.

Un silence froid, lourd, qui résonne jusque dans les petites impasses du cœur de bourg. À Saint-Laurent-sur-Sèvre, commune du bocage nord-est vendéen, le meurtre du père Olivier Maire a d’abord plongé les habitants dans le mutisme. L’émotion est palpable. Ici, on n’imagine pas « celui que tout le monde salue » être tué par une personne accueillie dans sa maison. Le prêtre a été retrouvé mort par les gendarmes dans la matinée d’hier. Emmanuel Abayisenga, 40 ans, s’est rendu à la gendarmerie de Mortagne-sur-Sèvre pour s’accuser du meurtre. Il était sous contrôle judiciaire après avoir avoué l’incendie de la cathédrale de Nantes en juillet 2020. Il était hébergé à la congrégation des missionnaires montfortains depuis le 31 mai, date de sa sortie de prison.

Pour beaucoup, il est encore trop difficile de s’exprimer. La plupart le connaissaient bien. Responsable de la communauté, il avait à cœur de participer aux événements de la commune, religieux ou pas. « Moi qui ne suis pas chrétien, ça me bouleverse. Vous n’imaginez pas ce qu’ils font pour les personnes pauvres, témoigne Laurent, un habitant. Ici, tout le monde est tolérant. On vit paisiblement, tous ensemble. Croyants ou non. » La nouvelle de sa mort s’est répandue comme une traînée de poudre. « J’ai d’abord entendu les sirènes de la gendarmerie hurler, raconte Béatrice. Puis, on a reçu un appel pour nous prévenir qu’un prêtre a été tué et qu’il s’agissait du père Olivier. » Cette mère de quatre enfants, qui ont tous côtoyé le religieux de 60 ans se souvient de ses homélies : « Elles étaient sublimes. Elles véhiculaient des messages de paix. Comment peut-on en arriver là ? »

Cette question, de nombreux Saint-Laurentais se la posent. La commune, qui a reçu le pape Jean-Paul II en 1996, est connue pour accueillir trois congrégations, dont celle des Montfortains. Elle se veut accueillante et proche des plus démunis. « Nous prônons des messages de paix mais nous ne sommes jamais à l’abri d’un drame », confesse le frère Claude Marsaud, responsable de la congrégation Saint-Gabriel. L’ecclésiastique s’est déplacé jusqu’au portail de la bâtisse de la confrérie des Montfortains pour venir réconforter les proches du père Olivier Maire. Les deux hommes se connaissaient bien. Ils ont travaillé ensemble. « Il va beaucoup me manquer. »

Au choc, se greffe la colère. Parmi les Saint-Laurentais, beaucoup se demandent comment le meurtre du prêtre a pu avoir lieu. La présence dans la commune d’Emmanuel Abayisenga n’était connue de quasi-personne, pas même du maire, Eric Couderc.

« Avec son grand cœur, il acceptait toutes les âmes. Je ne suis pas étonné qu’il ait accueilli cet individu, fait remarquer Marie. Mais maintenant, il faut qu’on nous explique pourquoi il est sorti de prison. »

L’incompréhension se fait sentir dans les rangs de nombreux paroissiens. En fin d’après-midi, le silence laisse place à l’agitation.

Quelques riverains se sont rassemblés sur la place Grignon-de-Montfort, à deux pas de la confrérie. La plupart ont su que le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin viendrait en fin d’après-midi. « On a des choses à lui dire, tempête Patrick. Et puis quoi, on doit aller à la messe en gilet par balles ? ».

La tension est alors montée d’un cran. Deux habitants s’écharpent à propos de la venue du ministre : « Vous verrez quand on vous tuera pour vos convictions », s’adresse un homme à une vieille dame. Et cette dernière de lui répondre : « le père Olivier véhiculait des messages de paix, pas de haine ».

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/vendee/pretre-tue-en-vendee-ca-me-bouleverse-a-saint-laurent-sevre-des-habitants-sideres-a0ccd3ba-f94f-11eb-bfc0-b73bf8d3db27