Prêtre tué en Vendée. La remise en liberté du suspect cristallise les critiques

logo Ouest France illustration Prêtre tué en Vendée. La remise en liberté du suspect cristallise les critiques

Publié le 09/08/2021 19:04:07

Après un an en détention provisoire pour l’incendie de la cathédrale de Nantes, Emmanuel Abayisenga, l’homme qui s’est rendu à la gendarmerie après la mort du prêtre Olivier Maire à Saint-Laurent-sur-Sèvre, avait retrouvé la liberté le 31 mai. Cette décision judiciaire provoque aujourd’hui une polémique politique.

La polémique a pris feu sur les réseaux, et elle a été relayée par nombre de responsables politiques. Comment Emmanuel Abayisenga a-t-il pu se retrouver dans la communauté ecclésiastique vendéenne alors qu’il était mis en examen pour l’incendie de la cathédrale de Nantes, et sous le coup d’une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) ? Faut-il y voir une faille du système ?

La préfecture de la Loire-Atlantique se défend concernant l’application de la mesure d’expulsion de ce réfugié rwandais en France depuis 2012. « L’individu en cause étant sous contrôle judiciaire, les opérations de reconduite à la frontière étaient juridiquement suspendues puisque le prévenu était sommé de rester à la disposition de la justice et contraint dans ses déplacements physiques. »

Un pénaliste le dit autrement : « Rien n’empêchait l’administration de mettre en œuvre l’OQTF. Mais d’opportunité, ils ont décidé de ne pas le faire en vue du procès. Qui aurait compris qu’on renvoie cet homme, se privant ainsi du procès de la cathédrale ? »

Lire aussi : DIRECT. Prêtre tué en Vendée : le ministre de l’Intérieur vient d’arriver à Saint-Laurent-sur-Sèvre

Mis en examen pour l’incendie de la cathédrale Saint-Pierre-et-Saint-Paul de Nantes en juillet 2020, l’ancien bénévole du diocèse de Nantes a passé un an derrière les barreaux. Remis en liberté le 31 mai, et placé sous contrôle judiciaire avec interdiction de mettre les pieds en Loire-Atlantique, il avait trouvé refuge chez les religieux de Saint-Laurent-sur-Sèvre, en Vendée.

Il résidait dans les locaux de la congrégation dans le cadre de l’obligation de résidence, après l’information judiciaire ouverte contre lui. Le parquet de Nantes ne communique pas pour le moment sur les motivations qui ont conduit à sa sortie de détention. « Nous rassemblons les éléments », répond-on poliment.

Mais un magistrat livre une première piste de réflexion : « L’incendie de la cathédrale était un événement fort émotionnellement mais il s’agissait d’une atteinte aux biens. C’est compliqué d’imaginer qu’une telle personne s’en prenne physiquement à ceux qui l’ont recueilli. »

Le Premier ministre, Jean Castex, a pour sa part « demandé que toute la lumière soit faite sur les circonstances de ce drame afin que toutes les conséquences puissent en être tirées », selon Matignon.

Dans un message, l’évêque de Nantes, Monseigneur Laurent Percerou, a d’ailleurs salué l’action des prêtres et la mémoire de la victime : « En accueillant à la maison des missionnaires Montfortains de Saint-Laurent-sur-Sèvres Emmanuel Abayisenga, Olivier Maire a été fidèle à sa consécration religieuse et au fondateur de sa congrégation, Saint-Louis-Marie-Grignon de Montfort, qui, tout au long de sa vie, en sillonnant les routes et les chemins de l’ouest de la France, s’est fait le frère de tous, prêchant la miséricorde de Dieu pour tous ses enfants. Le père Olivier Maire aura été fidèle jusqu’à donner sa vie, que Dieu l’accueille en sa paix. » Des mots loin de toute controverse.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/pretre-tue-en-vendee-la-remise-en-liberte-du-suspect-cristallise-les-critiques-d82ebc00-f923-11eb-bfc0-b73bf8d3db27