Publié le 28/04/2022 16:07:23
Le journaliste Romain Verley signe La chute d’un intouchable, une enquête très étayée sur les accusations d’agressions et de viols dont l’ex-présentateur du JT Patrick Poivre d’Arvor est l’objet. Grâce à de multiples témoignages, il décrypte la toute-puissance du journaliste au sein de TF1. Un sujet qu’il a tourné pour Complément d’enquête diffusé ce jeudi 28 avril, sur France 2. Le parquet de Nanterre a annoncé ce jeudi matin, qu’une nouvelle plainte contre le journaliste avait été déposée.
Dans le petit monde des médias, Patrick Poivre d’Arvor était connu pour être un séducteur, un dragueur pathologique. De là à imaginer qu’il pouvait aller jusqu’à l’agression ou au viol, ce dont l’accusent aujourd’hui vingt-six femmes…
La statue de l’ex-icône du 20 h a commencé à se fissurer en février 2021, lorsque la romancière Florence Porcel a porté plainte pour viol. Au fil des mois, d’autres femmes sont sorties de l’ombre, ce qui a suscité au total seize plaintes, dont sept pour viol. Certaines sont classées, mais des enquêtes sont en cours, tandis que PPDA nie les faits. Mercredi 27 avril, il a d’ailleurs porté plainte pour dénonciation calomnieuse contre seize femmes l’accusant.
Ce jeudi 28 avril, le parquet de Nanterre indique qu’une nouvelle plainte pour « viol » a été déposée, confirmant une information de Franceinfo. L’avocate de PPDA Jacqueline Laffont a indiqué ne pas souhaiter réagir.
Romain Verley, qui signe cette enquête très fouillée sur l’affaire PPDA, a été reporter au JT de TF1, et n’aurait « jamais cru travailler un jour contre Patrick Poivre d’Arvor ». Jeune journaliste, il a très peu approché celui qui était alors « un personnage inaccessible, auquel on ne refusait rien ». Un « roi soleil » dont le règne long de vingt-neuf ans a pris fin le 10 juillet 2008.
À travers ce sujet, le journaliste veut « décrypter le système PPDA ». Les interviews de victimes présumées, parfois très crues, montrent les stratégies utilisées, dont les fameuses invitations au JT qui se poursuivaient par un rendez-vous dans le bureau.
Le témoignage de Frédérique Lantieri, ex-présentatrice de Faites entrer l’accusé, est particulièrement éclairant sur la psychologie de la star. Jeune stagiaire, elle a été humiliée publiquement quelque temps après avoir refusé ses avances. Romain Verley a aussi recueilli les confidences inédites d’une stagiaire de Radio Classique, qui dit avoir été harcelée en 2015.
De nombreux dirigeants et salariés de TF1, dont l’ex-directrice de l’information Michèle Cotta, apparaissent dans l’enquête. « Ils étaient très gênés », note l’enquêteur. S’ils disent ignorer les agressions, le journaliste a tenu à revenir avec eux sur les « casseroles » professionnelles de PPDA, de la fausse interview de Fidel Castro à la condamnation pour recel d’abus de biens sociaux obtenue pour avoir bénéficié des largesses de Pierre Botton, le gendre de l’homme politique Michel Noir.
Cela a tout au plus valu à la « machine à cash de TF1 » d’être privée de JT quelque temps. « J’en parle pour montrer que si TF1 n’a pris aucune mesure là-dessus, ils peuvent aussi avoir fermé les yeux sur autre chose… L’omerta lui a permis de perdurer. Il était hors sol, il a dû avoir un sentiment d’impunité totale. »
À TF1, il se disait pourtant que les filles ne devaient pas rester seules dans la rédaction… Et la rumeur s’était échappée de la chaîne. Pour preuve, le témoignage sidérant de l’ancienne directrice de l’Institut Pratique du Journalisme. Elle n’a « jamais envoyé d’étudiante là où PPDA pouvait être ».
Ce jeudi 28 avril, sur France 2, à 23 h.
Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/medias/television/ppda-lex-roi-soleil-de-tf1-accuse-de-viols-ba2edcd6-c631-11ec-9d59-fb23aa78f5fe