Pourquoi les incendies dans les forêts perturberont le climat pendant des dizaines d’années

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Publié le 26/07/2022 19:11:35

Les incendies, favorisés par le dérèglement climatique, renforcent eux aussi l’effet de serre. Ils relâchent du CO2 et laissent surtout un vide, en diminuant le nombre d’arbres disponibles pour absorber le carbone.

C’est un cercle vicieux. Les incendies forestiers, comme ceux qui ont ravagé la Gironde, sont favorisés par le dérèglement climatique, puis alimentent à leur tour l’effet de serre. Pour Jean Jouzel, climatologue et ancien vice-président du conseil scientifique du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), ils représentent environ 4 à 5 % des émissions de CO2 mondiales, même si ce chiffre est difficile à estimer : « ce n’est pas la source principale d’émissions, mais c’est non négligeable ».

En brûlant, les végétaux libèrent le CO2 accumulé au cours de leur croissance. Ils relâchent également du méthane et du protoxyde d’azote, qui sont eux aussi des gaz à effet de serre. Les sols relâchent quant à eux le dioxyde de carbone stocké sous terre. « La moitié de ce CO2 est captée par les océans et la végétation, l’autre partie reste dans l’atmosphère », explique Sophie Szopa, chimiste de l’atmosphère qui a participé au rapport du GIEC en 2021. Ils relâchent aussi des gaz à particules fines, comme l’oxyde d’azote et le monoxyde de carbone, toxiques pour l’humain et participant indirectement à l’effet de serre.

Mais le plus gros impact sur le climat se joue après les feux. Les végétaux disparus ne jouent plus leur rôle de « puits de carbone », alors que les forêts françaises captent 25 % du CO2 rejeté par le pays. Les forêts brûlées peuvent mettre 30 ans à absorber de nouveau le carbone relâché lors de l’incendie… Si elles ne sont pas brûlées dans l’intervalle. « Les puits de carbone en France baissent depuis les années 90, en partie en raison de problèmes de croissance et de sécheresse, les incendies sont une pression supplémentaire », souligne Sophie Szopa.

Les forêts non brûlées ont elles aussi du mal à jouer leur rôle correctement. En raison de la chaleur et de la sécheresse, les arbres grandissent moins vite et fixent moins le carbone, renforçant encore l’effet de serre. « En cas de manque d’eau, l’arbre se met en sécurité, il arrête de respirer, perd ses feuilles, stoppe la photosynthèse et arrête de fixer le carbone », explique Hervé Le Bouler, conseiller forestier.

Aujourd’hui, il reste difficile de mesurer précisément l’impact des feux sur le dérèglement climatique. « C’est difficile à quantifier car il y a beaucoup d’effets directs et indirects opérant sur différentes échelles temporelles », avance Mark Parrington, responsable scientifique du service européen de surveillance de l’atmosphère Copernicus (CAMS). Mais une chose semble certaine pour Sophie Szopa : « Le pire est devant nous. » Elle rappelle que la principale source d’émissions de gaz à effet de serre est humaine, avec la combustion d’énergies fossiles.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/environnement/climat/incendies-les-feux-rechauffent-l-atmosphere-78809ed0-0cf6-11ed-adc0-0d21530731c8