PORTRAIT. Gerry Hutch, l’ascète parrain de la pègre irlandaise, en procès pour meurtre

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Publié le 20/10/2022 07:30:48

Gerry Hutch, chef d’une des deux grandes familles du crime organisé en Irlande, comparaît pour un meurtre qui a marqué le pays, il y a six ans. Son procès, débuté lundi 17 octobre, devrait durer trois mois.

Il a un faux air de Monsieur Spock, mais s’avère plus proche de Corleone, le Parrain de Coppola que du gentil héros de Star Trek. À 59 ans, Gerry Hutch, figure de la pègre irlandaise, comparaît depuis lundi pour le meurtre du boxeur David Byrne, 33 ans. Le 5 février 2016, il était tombé sous les balles de cinq hommes munis de fusils d’assaut, dans un hôtel huppé de Dublin.

Pour les Irlandais, aucun doute : ce crime au grand jour d’un membre du clan Kinahan, ennemi juré des « Hutch », fleure la vengeance, un an après l’assassinat du neveu de Gerry Hutch par un « Kinahan », à Marbella (Espagne). Le début d’une série de guets-apens, attentats à la bombe et incendies criminels qui ont coûté la vie, depuis, à dix-huit membres des deux camps. Et auparavant à la journaliste d’investigation Veronica Guerin, tuée d’une balle à un feu rouge, en 1996.

Un an plus tôt, elle avait déjà échappé à une attaque. Le jour même où paraissait son interview du « Moine », le surnom donné à Gerry Hutch pour la vie d’ascète qu’il s’était imposé en prison, dans les années 1980.

Ascète, mais pas désintéressé. À 10 ans, il jouait déjà les petites frappes, ratissant banques et commerces pour le gang de Bugsy Malone. Un banc d’essai avant de bâtir son propre clan. Sous couvert d’un business immobilier, ses hommes donnent surtout dans le trafic de drogue et les braquages. Bijouteries, banques, fourgons blindés : les « Hutch » auraient empoché plus de 32 millions d’euros. Jusqu’au « casse du siècle » irlandais : 2,4 millions d’euros pillés dans le dépôt de la Brink’s, en 1995.

Hutch ose tout. Jusqu’à traîner en justice médias et État pour diffamation. Il fanfaronne, aussi, clamant à qui veut l’entendre que le gros club de boxe qu’il dirige s’est vu offrir un ring par Jim Sheridan, réalisateur du film The Boxer. Il joue aussi la provocation en affublant sa société de taxis du nom de CAB, pour « Carry any body » (« Transporte tout le monde »), clin d’œil à l’agence irlandaise de lutte contre le blanchiment d’argent CAB (Criminal Assets Bureau), qui venait de l’épingler, lui réclamant 1,2 million de livres.

Pas sûr que son procès, prévu pour durer trois mois, fasse rire les Irlandais. Garantir la sécurité du « Moine », qui tient à ne louper aucune audience, leur coûtera plus de 500 000 €.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/europe/irlande/portrait-gerry-hutch-l-ascete-parrain-de-la-pegre-irlandaise-en-proces-pour-meurtre-500fe9d0-4fc0-11ed-9919-8fbf073b2344