

Publié le 21/04/2023 14:02:07
Le gouvernement comorien a annoncé ne pas vouloir accueillir les migrants illégaux expulsés issus de l’opération « Wuambushu » prévue par le gouvernement français à Mayotte.
C’est une opération qui devait rester « secrète ». La France s’apprête à déclencher dans les jours à venir une série d’interventions policières contre la délinquance et l’immigration illégale à Mayotte, en procédant à des expulsions massives d’étrangers en situation irrégulière et à des destructions de bidonvilles.
Révélée au mois de février par le Canard enchaîné, l’opération « Wuambushu », qui peut vouloir dire « reprise » comme « poil à gratter » en mahorais, n’avait jamais été officialisée par le gouvernement.
Gérald Darmanin s’est exprimé publiquement pour la première fois sur cette opération ce jeudi, dans un entretien mis en ligne sur le site du Figaro. Un entretien dans lequel il évoque la tenue d’une opération « au long cours » et dément un lancement lundi pour une durée de deux mois, comme annoncé par la presse.
« Il n’y a pas un moment où on la commence et un moment où on la termine (…) Les opérations d’ordre public à Mayotte, c’est tous les jours », explique-t-il. Le ministre de l’Intérieur a confirmé l’envoi ces derniers jours sur l’archipel de « quatre escadrons de gendarmes mobiles, des policiers de la CRS-8, spécialistes de la lutte contre les violences urbaines, au total 510 membres des forces de l’ordre ».
Les Comores accusent Paris de semer « la violence »
De son côté, le président comorien Azali Assoumani a déclaré à l’AFP espérer « que l’opération sera annulée », reconnaissant « n’avoir pas les moyens de [la] stopper par la force ». Ces dernières semaines, les Comores ont appelé plusieurs fois le gouvernement français à renoncer à l’opération, disant ne pas avoir les moyens d’accueillir un afflux de migrants et accusant Paris de semer « la violence ».
Également contacté par l’AFP, le porte-parole du gouvernement Houmed Msaidie a confirmé ce vendredi que les Comores ne souhaitent pas accueillir ces personnes en situation irrégulière : « Les Comores n’entendent pas accueillir des expulsés issus de l’opération projetée par le gouvernement français à Mayotte ».
Plusieurs organisations, dont la Ligue des droits de l’homme, se sont inquiétées que « la France place ainsi des mineurs dans des situations de vulnérabilité et de danger intolérables ». De son côté, la Commission nationale consultative des droits de l’Homme (CNCDH) a demandé à Beauvau de renoncer à l’opération, face aux risques d’« aggravation des fractures et des tensions sociales » à Mayotte et d’ « atteinte au respect des droits fondamentaux des personnes étrangères ».
Devenu le 101e département français en 2011, Mayotte attire chaque année des milliers de migrants arrivés par la mer en « kwassa kwassa », des embarcations de fortune, de l’île comorienne voisine d’Anjouan, ainsi que de l’Afrique des Grands Lacs et de Madagascar. Depuis 2019, l’État français a considérablement accru la lutte contre cette immigration clandestine, avec notamment la présence continue en mer de bateaux intercepteurs et une surveillance aérienne.
Selon les statistiques de l’Insee, près de la moitié des 350 000 habitants estimés de Mayotte ne possède pas la nationalité française. Ces migrants clandestins sont accusés par la population et les élus de déséquilibrer le peu d’infrastructures et ressources de l’île et de nourrir un taux de délinquance « hors normes ».
Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/operation-wuambushu-a-mayotte-les-comores-nentendent-pas-accueillir-des-expulses-21-04-2023-7SXSYWQHWRBYNLH62BAYE3YGH4.php