Nucléaire : un cadre de la centrale du Tricastin dénonce des incidents «dissimulés» et porte plainte

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Publié le 12/11/2021 16:40:22

Cet ingénieur de 42 ans, qui sollicite le statut de lanceur d’alerte, dénonce « un certain nombre d’incidents au sein de la centrale » et sa placardisation.

EDF a-t-il cherché à dissimuler des informations sur la sûreté nucléaire ? En plein débat sur la place du nucléaire en France que le chef de l’État souhaite accroître, un cadre de la centrale du Tricastin (Drôme), qui sollicite le statut de lanceur d’alerte, a déposé plainte contre la compagnie. Il accuse sa hiérarchie de l’avoir placardisé pour avoir dénoncé une « politique de dissimulation » d’incidents de sûreté ces dernières années.

La plainte a été déposée le 5 octobre auprès du parquet de Paris. Elle vise EDF, le directeur du site et l’ex-directeur de la production pour des infractions à la réglementation relative aux installations nucléaires, au code de l’environnement et au droit du travail, mise en danger de la vie d’autrui et harcèlement.

Dans le détail, celui qui est devenu chef de service à Tricastin en 2016, douze ans après son entrée à EDF, dénonce « un certain nombre d’incidents au sein de la centrale » qui ont contribué à la dégradation des relations entre lui et son supérieur hiérarchique. Aujourd’hui âgé de 42 ans et en arrêt maladie, cet ingénieur rapporte dans sa plainte avoir pointé du doigt diverses anomalies - comme une surpuissance du réacteur n°1 en juin 2017, une inondation interne le 29 août 2018 sur la tranche n°3 - qui n’auraient pas été déclarées à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) ou qui l’auraient été de façon à « minimiser les événements ».

« C’est parce qu’(il) a dénoncé ce qui s’apparente à une politique de dissimulation et qu’il a refusé de prêter son concours à des opérations visant à entretenir de l’opacité sur certains incidents qu’il fera l’objet d’une éviction extrêmement brutale et injustifiée », affirment ses avocats Mes William Bourdon et Vincent Brengarth dans la plainte. Selon eux, leur client a subi des « représailles », « dans un climat de management très autoritaire, lié notamment aux objectifs de production ».

Ces révélations « sont d’une ampleur totalement inédite. En plus de mettre en lumière des dysfonctionnements très graves en matière de sûreté et de protection environnementale, elles interrogent sur le rôle des autorités de contrôle dont l’ASN », ont souligné auprès de l’AFP ses avocats. « S’agissant des propos rapportés par un salarié, EDF ne fait pas de commentaires », a réagi un porte-parole de l’entreprise. « La sûreté des centrales nucléaires est la priorité d’EDF (…) Chaque événement détecté sur le terrain, présentant un risque ou enjeu de sûreté, de risque pour l’environnement, est déclaré à l’ASN », a-t-il dit.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/nucleaire-un-cadre-de-la-centrale-du-tricastin-denonce-des-incidents-dissimules-et-porte-plainte-12-11-2021-Z7VCME7AQVGHNEJH7XBP7JFNFU.php