Mort de Steve à Nantes : le commissaire, la maire de Nantes et le préfet de l’époque devant le juge

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Publié le 17/06/2021 18:30:47

L’enquête sur la mort de Steve Maia Caniço, jeune homme de 24 ans tombé dans la Loire lors de la Fête de la musique en 2019 au terme d’une opération de police controversée, rebondit. Six personnes physiques ainsi que deux personnes morales (la ville de Nantes et Nantes Métropole) sont convoquées devant le juge. Qui décidera de leur mise en examen pour homicide involontaire ou de leur placement sous statut de témoin assisté.

Presque deux ans jour pour jour après la survenue du drame, l’enquête portant sur la mort de Steve Maia Caniço, animateur périscolaire de 24 ans ayant péri dans la Loire, à Nantes, lors de l’édition 2019 de la Fête de la musique, est en passe d’enregistrer une avancée décisive.

Les expertises téléphoniques, diligentées sous l’autorité du juge d’instruction rennais David Bénichou, ont parlé. Il apparaît que Steve Maia Caniço a basculé dans la Loire concomitamment à l’intervention policière visant à disperser – samedi 22 juin 2019, peu après 4 h du matin – la soirée techno qui se jouait quai Wilson.

Les conclusions des analyses techniques sont formelles : la chute dans le Loire de Steve Maia Caniço est intervenue à 4 h et 33 minutes, soit dans le temps de l’intervention de la police nationale​, qui s’est dérouléeen plusieurs phases d’affrontements entre 4 h 24 et 4 h 52​, ainsi que le révèle le procureur de la République de Rennes, Philippe Astruc.

Dans un rapport rendu le 16 juillet 2019, l’inspection générale de la police nationale (IGPN), saisie par le préfet, avait écrit que le téléphone de la personne disparue (Ndlr : le corps de Steve n’avait alors pas encore été retrouvé) déclenchait un dernier relai téléphonique à 3h16 le 22 juin 2019».

L’opération controversée des forces de l’ordre, note encore le procureur de la République de Rennes ce jeudi 17 juin 2021, a fait suite à «une prise à partie initiale violente par un groupe de personnes après la demande d’arrêt de la musique diffusée par des sound-systems​.

Le positionnement de Steve Maia Caniço, au moment du drame, n’a en revanche pu être établi précisément. Mais le jeune homme, qui avait prévenu ses amis de son intention de se mettre un peu à l’écart pour se reposer, se trouvait bel et bien sur les lieux de la fête.

Au cours de leur intervention, les policiers ont fait usage de trente-trois grenades lacrymogènes, de dix grenades de désencerclement et de douze tirs de lanceur de balle de défense, sur un site en bord de Loire, dépourvu de la moindre barrière de sécurité.

La phase de recueil des témoignages et des éléments techniques permettant d’avoir une vision précise du déroulement des faits du 22 juin et des modalités de préparation de la fête de la musique est à ce stade globalement terminée​, indique Philippe Astruc. Le magistrat instructeur a ainsi délivré fin janvier 2021 une commission rogatoire à l’IGPN (Inspection générale de la police nationale) qui a permis de réentendre ou entendre ​les protagonistes clés du dossier, notamment les personnels de la police nationale étant concernés par l’intervention en cause ou la gestion de l’ordre public le soir des faits, ainsi que les responsables préfectoraux et municipaux concernés par la préparation de l’événement.

Près de 1 200 pages de procédures ont été analysées par le juge David Bénichou. Sur la base de ces éléments, s’ouvre désormais la phase d’analyse des responsabilités pénales susceptibles d’être ou non retenues sous la qualification d’homicide involontaire​, note Philippe Astruc.

Dans ce cadre, le magistrat instructeur a décidé de convoquer, au mois de juillet, six personnes physiques pour un interrogatoire de première comparution : le directeur départemental de la sécurité publique de Loire-Atlantique par intérim au moment des faits ainsi que le commissaire divisionnaire en charge du dispositif sur le quai Wilson ; la maire de Nantes et l’adjoint en charge de la sécurité en 2019 ; le préfet de Loire-Atlantique de l’époque et son directeur de cabinet. Deux personnes morales sont également visées par la procédure : la ville de Nantes et Nantes Métropole, qui vont devoir s’expliquer sur la préparation de la manifestation et l’orientation des murs de son vers un site non sécurisé pour accueillir du public.

Lors de cet interrogatoire de première comparution, les éléments à charge et à décharge seront examinés par le juge d’instruction, qui déterminera à l’issue de cette confrontation s’il y a lieu de mettre en examen les intéressés ou de les placer sous le statut de témoin assisté.

Le juge David Bénichou est chargé d’instruire deux autres informations judiciaires contre X relatives à l’intervention policière : l’une vise des qualifications de « blessures involontaires, non-assistance à personne en danger, mise en danger de la vie d’autrui et violences volontaires sans ITT par personne dépositaire de l’autorité publique » et concerne les plaintes déposées par 89 participants à la fête, l’autre a trait aux faits de violence dénoncés par les fonctionnaires de police. Ces dossiers, note Philippe Astruc, bénéficieront des avancées et éléments de la présente information judiciaire qui est légitimement traitée de manière prioritaire s’agissant du décès d’une personne.

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Source : https://www.ouest-france.fr/pays-de-la-loire/nantes-44000/mort-de-steve-a-nantes-le-commissaire-la-maire-de-nantes-et-le-prefet-de-l-epoque-devant-le-juge-1578bb68-cf4b-11eb-ae01-ad91b71840e2