Mort d’Amadou Koumé en 2015 : procès requis contre trois policiers pour «homicide involontaire»

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Publié le 21/07/2021 14:30:50

Dans la nuit du 5 au 6 mars 2015, le décès d’Amadou Koumé, 33 ans, père de trois enfants, avait été constaté au commissariat après son arrestation dans un bar proche de la gare du Nord.

Un éventuel procès se rapproche pour la mort d’Amadou Koumé, lors de son arrestation en 2015 à Paris : le parquet a requis début juillet le renvoi en correctionnelle de trois policiers pour « homicide involontaire ».

Dans la nuit du 5 au 6 mars 2015, le décès d’Amadou Koumé, 33 ans, père de trois enfants, avait été constaté au commissariat après son arrestation dans un bar proche de la gare du Nord. Le personnel avait appelé la police à cause de l’attitude agitée et menaçante du trentenaire, manifestement sous l’emprise d’une crise psychotique.

L’expertise médicale finale a conclu que M. Koumé avait succombé à un « œdème pulmonaire » causé par « l’association d’une asphyxie mécanique lente et d’une intoxication à la cocaïne ». Elle ajoutait que « le traumatisme cervical et laryngé » entraîné par l’étranglement avait « participé à la survenue de cette asphyxie », également « favorisée » par son immobilisation au sol.

Selon son réquisitoire rendu le 8 juillet, le parquet estime toutefois que la force employée par l’auteur de l’étranglement « doit être considérée comme légitime et justifiée » dans le contexte de l’interpellation, marquée par l’« extrême résistance » de la victime. Un premier équipage n’était pas parvenu à maîtriser cet homme de 1,90 m et 107 kg qui se débattait en pleine crise d’angoisse.

Une clé d’étranglement « abusive » ?

Le parquet a d’ailleurs demandé d’écarter pour un des fonctionnaires l’accusation de « coups mortels », passible des assises. La décision finale sur la qualification des faits reviendra au juge d’instruction chargé de ce dossier, dans lequel un membre de la Brigade anti-criminalité (BAC) est soupçonné d’avoir pratiqué abusivement une clé d’étranglement.

Il avait prêté main forte en procédant à une clé d’étranglement de quelques dizaines de secondes. Il avait ensuite reçu un coup de menotte et repris l’étranglement pendant deux minutes. Un geste qu’il a qualifié devant le juge de simple « levée de tête », consistant à presser le menton et non la gorge de M. Koumé, maintenu au sol sur le ventre par un autre policier.

La clé d’étranglement, technique controversée et bannie de la gendarmerie mais encore pratiquée dans la police, est régulièrement au cœur d’enquêtes sur la mort d’hommes interpellés, tels que Cédric Chouviat à Paris en 2020 ou Philippe Ferrières en 2019 à Drancy (Seine-Saint-Denis).

Dans l’affaire Amadou Koumé, le Défenseur des droits avait jugé en 2018 le recours à cette technique « ni nécessaire ni proportionnée ». Le policier s’est défendu en invoquant l’urgence face à un « risque très important » que M. Koumé, doté d’une « force herculéenne », se saisisse d’une des armes de ses collègues présents.

« J’assume ce qui s’est passé »

« J’aurais dû être à 100 % de mes capacités. Il aurait dû être mis en position latérale de sécurité dans le bar et on aurait dû vérifier son état de conscience tant dans le bar que dans le car. En tant que gradé, j’assume ce qui s’est passé », a reconnu l’un des policiers devant le magistrat instructeur.

En novembre 2015, huit mois après le décès, l’enquête menée par l’Inspection générale de la police nationale (IGPN) s’était conclue par un classement sans suite. Mais un recours de la famille avait entraîné la réouverture des investigations en juin 2016. Joints par l’AFP, les avocats des deux parties n’étaient pas joignables ou n’ont pas souhaité réagir.

Le parquet estime en revanche que les trois fonctionnaires sont responsables de négligences qui ont conduit au décès, justifiant leur procès pour « homicide involontaire ». « Une fois amené au sol, face contre terre, mains entravées dans le dos et membres inférieurs tenus par des serre-flex (collier de serrage en plastique, NDLR), Amadou Koumé ne présentait plus aucun danger pour autrui. C’est donc par manque de discernement qu’il a été maintenu en position de décubitus ventral durant 6mn30, sans le moindre contrôle de son intégrité », fustige le parquet.

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