Marseille. Dix ans de prison pour avoir torturé un adolescent qui avait dealé sans « autorisation »

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Publié le 17/11/2022 11:29:08

La cour d’assises des mineurs des Bouches-du-Rhône a condamné ce mercredi 16 novembre le tortionnaire d’un adolescent à 10 ans de prison ferme. En août 2019, la victime âgée de 16 ans, avait été lynchée après avoir vendu du cannabis sans « autorisation » dans une cité de Marseille. 

L’adolescent avait été sauvagement agressé pour avoir vendu du cannabis sans « autorisation » dans une cité de Marseille. L’un de ses tortionnaires, aujourd’hui âgé de 20 ans mais mineur à l’époque des faits, a été condamné ce mercredi 16 novembre 2022 à dix ans de prison ferme par la cour d’assises des mineurs des Bouches-du-Rhône.

L’avocate générale avait requis 12 ans de réclusion contre l’accusé, reconnu coupable d’enlèvement et de séquestration accompagnée de tortures et d’actes de barbarie. Quatre majeurs seront prochainement jugés dans ce dossier.

La jeune victime, alors âgée de 16 ans, avait fugué d’un foyer de l’aide sociale à l’enfance de Chartres (Eure-et-Loir) où elle était placée pour venir à Marseille, cédant aux sirènes des trafiquants de drogue qui, sur les réseaux sociaux, promettent des gains importants pour les guetteurs et les vendeurs.

L’affaire a mal tourné. En août 2019, l’adolescent est dénoncé par un guetteur alors qu’il tentait d’écouler du cannabis en free-lance dans la cité Félix-Pyat. Il est alors est conduit dans un local associatif désaffecté puis frappé à coups de pied, de poing, de barre de fer, attaché nu sur une chaise. Son calvaire durera près de 24 heures.

Ses geôliers lui infligent également des brûlures de cigarettes, occasionnant chez lui une quarantaine de cicatrices. « Je hurlais de douleur », avait-il confié aux policiers. Il sera finalement libéré par des jeunes habitants de la cité et conduit à l’hôpital.

L’accusé, jugé seul depuis une semaine, a été désigné par la victime comme un des jeunes qui lui avait asséné des coups de barre de fer et contraint à consommer de la cocaïne. Mais c’était « quelqu’un de lambda, pas un chef », avait précisé l’adolescent.

Tout au long de l’instruction et à l’image des autres mis en cause, l’accusé a nié toute participation aux faits. La cour d’assises a reconnu sa minorité au moment des faits, réduisant à 20 ans de réclusion la peine maximale encourue pour de tels faits, au lieu de la réclusion criminelle à perpétuité.

Son avocat, Me Philippe Jacquemin, avait plaidé l’acquittement au bénéfice du doute. « On est sur un dossier subjectif, avec une reconnaissance de mon client à deux reprises par la partie civile, quelqu’un qui a subi des choses atroces. Mais vu le monde présent lors des faits, il s’est trompé », a-t-il réaffirmé à l’issue du verdict. À l’inverse, pour l’avocat de la victime, Me Xavier Torre, « ce verdict est aussi un message adressé à ces quartiers où règnent la peur et la loi du silence. Il faut alerter les autorités lorsqu’il s’y passe quelque chose de grave ».

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Source : https://www.ouest-france.fr/provence-alpes-cote-dazur/marseille-13000/marseille-dix-ans-de-prison-pour-avoir-torture-un-adolescent-qui-avait-deale-sans-autorisation-fa385b34-665b-11ed-a0f1-14d507de2988