Malgré des accusations d’agressions sexuelles, la France refuse l’extradition du prêtre Joannes Rivoire

logo Le Parisien illustration Malgré des accusations d’agressions sexuelles, la France refuse l’extradition du prêtre Joannes Rivoire

Publié le 13/09/2022 19:41:00

« Il a été rappelé que, conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n’extrade pas ses nationaux », a affirmé la Chancellerie.

Le ministère de la Justice a sans surprise expliqué, ce mardi, à une délégation d’Inuits venue en France qu’elle refusait l’extradition, demandée par le Canada, du prêtre français Joannes Rivoire, alors qu’ils étaient venus à Paris appuyer cette demande.

Joannes Rivoire, 92 ans, qui réside à Lyon, mais a aussi la nationalité canadienne, est visé par une demande d’extradition déposée début août par Ottawa. Il est accusé d’agressions sexuelles sur de jeunes Inuits dans les années 1960 lorsqu’il était en mission dans le Grand Nord canadien, accusations qu’il conteste.

« Il a été rappelé que, conformément à sa tradition constitutionnelle, la France n’extrade pas ses nationaux », a affirmé la Chancellerie à l’issue de la rencontre avec la conseillère diplomatie du ministre Éric Dupond-Moretti. « Néanmoins, en étroite relation avec le Canada, la France a demandé tous les éléments permettant d’établir les faits et d’interrompre le délai de prescription de l’action publique », a-t-on ajouté.

La France prête à une « demande d’entraide »

La Chancellerie souligne que « la France se tient prête à répondre à toute demande d’entraide judiciaire que lui formulerait le Canada ou, le cas échéant, à agir dans le cadre d’une dénonciation des faits qui lui serait formulée, sous réserve néanmoins d’examiner l’éventuelle prescription des faits ».

« Pour qu’une information judiciaire soit ouverte en France, il faut que les autorités judiciaires canadiennes dénoncent les faits, ce qui n’est pas le cas à ce stade », a par ailleurs indiqué une source proche du dossier.

Jusqu’ici le prêtre, qui a quitté le Canada en 1993 après 33 ans de terrain, n’a jamais été inquiété. Après un premier mandat d’arrêt entre 1998 et 2017 pour agressions sexuelles sur trois mineurs, il fait l’objet d’un second mandat d’arrêt au Canada depuis février, après le dépôt d’une nouvelle plainte en septembre 2021 pour une agression sexuelle survenue il y a environ 47 ans.

Une « commission d’historiens » bientôt en place ?

La délégation a également été reçue par la présidente de la Conférence des religieux et religieuses de France (qui représente 450 instituts ou congrégations) Véronique Margron et l’adjoint du responsable des Oblats de Marie-Immaculée (OMI), congrégation dont fait partie Joannes Rivoire.

Lors de cette entrevue, les Inuits « ont demandé (aux OMI) de renvoyer de l’état religieux Joannes Rivoire », a relaté Véronique Margron. Pour sa part, elle a indiqué avoir proposé que soit créée une « commission d’historiens » permettant d’établir les « fonctionnements et dysfonctionnements » qui ont pu avoir lieu au sein des Oblats, de recueillir tous les documents possibles, ce « en lien étroit » ou « avec l’aval de la communauté inuite ».

Mercredi, la délégation inuite rencontre, au siège de la congrégation à Lyon, le responsable des OMI. Joannes Rivoire, « pour le moment accepte de voir la délégation », selon Véronique Margron.

Crédits image et texte : Le Parisien©
Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/malgre-des-accusations-dagressions-sexuelles-la-france-refuse-lextradition-du-pretre-joannes-rivoire-13-09-2022-QOGPSPLAT5BC7OH6KWTOTRBH4Q.php