Lot-et-Garonne : écœurée par les dégradations de la stèle de son fils mort sur le chantier de la RN 21, une mère en appelle au respect

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Publié le 14/11/2021 12:22:48

Plusieurs fois, la stèle et les fleurs rendant hommage à Guillaume Garrido, décédé en août 2018 sur le chantier de la 2 × 2 voies, ont été la cible de malveillance. Sa mère est décidée à porter plainte et à se battre

« Moi, j’ai la chance de respirer et de pouvoir me battre. Il fallait que je réagisse. » Sylvie Garrido, mère de Guillaume, décédé en 2019 sur le chantier de la 2 × 2 voies, n’est pas du genre à se plaindre. « Mais là, je me sens impuissante. » Mi-octobre – « et ce ne fut pas la première fois » –, la stèle rendant hommage à son fils et à tous les ouvriers morts au travail, installée au niveau du rond-point des Trois-Mulets, a fait l’objet de dégradations et de vols de plantes. « Dans l’une d’elles, j’avais même mis des cœurs rouges et le prénom de Guillaume… Le pire, c’est l’olivier, que j’ai retrouvé arraché de son pot, gisant par terre. Je suis en colère. »

Car cet olivier, pour cette mère dont « la vie s’est arrêtée le vendredi 17 août 2018 », représente Guillaume. « C’est là où il vit encore. Je m’y rends souvent, comme un peu plus loin, près du tunnel qui s’est effondré sur lui. En revanche, le cimetière, je n’y vais pas. C’est ici qu’il est. Je dois donc le protéger, lui et les autres qui tombent chaque jour. On part travailler pour gagner sa vie, pas pour la perdre. »

Les mots de sa sœur

Écœurée par cette malveillance, la famille Garrido, par la voix de sa sœur Élise, a même écrit quelques mots pour demander « le respect » à ceux qui blessent : « Pensez qu’un jour, ce sera sur votre tombe qu’on dérobera les fleurs posées avec amour par les personnes qui vous aiment. »

« On part travailler pour gagner sa vie, pas pour la perdre »

Après les premiers vols il y a un an et demi, Sylvie avait imaginé un système de caméras, « mais c’est trop cher ». Elle avait même, les jours suivants, fait le guet sur ce lieu sacré pour dissuader toute récidive. « Le maire Yvon Ventadoux m’a dit de porter plainte et là, j’ai décidé de le faire, car cela ne peut plus durer. Je crois que j’aurais même préféré voir des graffitis de jeunes sur la stèle que voir l’endroit saccagé comme ce fut le cas. Il y avait même de la terre sur la route. Ces plantes ont un coût, mais je ne suis même pas certaine que c’est pour l’argent. »

Guillaume et les autres

Si elle se bat, c’est également pour ceux qui ont contribué bénévolement à aménager ce lieu de recueillement, « le sculpteur Frédéric Nobili et les ouvriers de la CGT notamment ». Sylvie Garrido n’oublie pas non plus deux femmes, « deux mamans aussi » désormais hors du département, la préfète Béatrice Lagarde et la sous-préfète Véronique Schaaf. « Elles m’ont fait le cadeau de baptiser ce rond-point au nom de Guillaume. Cela m’a touché. » Comme le dépôt de gerbe du président de l’Agglomération Guillaume Lepers, le 16 septembre dernier. « Je ne voulais pas que ce soit fait le 17 août car je tenais à ce que tous les ouvriers morts au travail soient honorés à travers ce moment. Que cela dépasse le cas de mon fils. »

Ces instants, Sylvie les organise aussi pour sa petite-fille qui a perdu son père à l’âge de 4 ans. Les coupures de presse, les divers hommages et photos sont précieusement conservés dans une boîte à souvenirs qu’elle ouvrira quand elle en ressentira le besoin. « Pour elle, aujourd’hui, son papa est une étoile dans le ciel. »

Crédits image et texte : Sud Ouest©
Source : https://www.sudouest.fr/lot-et-garonne/villeneuve-sur-lot/villeneuvois-ecoeuree-par-les-degradations-sur-la-stele-de-son-fils-sylvie-garrido-en-appelle-au-respect-6903498.php