Les masseurs-kinésithérapeutes engagés dans une campagne de lutte contre les violences sexuelles

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Publié le 13/05/2022 09:30:19

L’Ordre de la profession est le premier à aborder le problème de front et à en faire un étendard, au-delà d’une première campagne de prévention, concrétisée par un protocole de transmission systématique des signalements à la justice.

« Quand je suis arrivée au conseil national de l’Ordre, j’ai consulté tous les signalements et lu toutes les décisions des juridictions en région, se rappelle Pascale Mathieu, présidente de l’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes depuis 2014. Et dans de nombreux cas, elles m’ont semblé inadaptées face à la gravité des faits. »

Cinq ans après un premier colloque sur le sujet, l’ordre des masseurs-kinésithérapeutes lance une inédite campagne de prévention et de lutte contre les violences sexuelles dans les cabinets de kinésithérapie. Un guide des bonnes et mauvaises pratiques a été édité à destination des professionnels et des patients. Un plus compact « déontomètre de la confiance thérapeutique » permet en quatorze questions d’évaluer si la relation est « saine et sécurisée », «à risque » ou « dangereuse »

« Dans la plupart des cas, une relation jugée ambiguë l’est par manque de dialogue », estime Jean-François Dumas, le secrétaire général de l’Ordre. Mais si ce n’est pas le cas, il faut qu’un signalement soit fait. » Se voir imposer un toucher pelvien pour une cheville foulée « n’est pas acceptable ».

Une campagne qui comprend un message de fermeté, concrétisé par un protocole de transmission systématique des signalements à la justice, signé en mars par l’Ordre avec le parquet de Paris. Des modèles ont été envoyés aux structures départementales, pour qu’elles suivent l’exemple localement.

« Ce n’est pas parce que le conseil départemental porte plainte qu’il préjuge de la réponse pénale », assure Jean-François Dumas, conscient que certains conseils restent frileux.

Les signalements de violences sexuelles par des kinés sont rares au regard du nombre de professionnels (100 000 dont 80 000 en libéral) : trente-huit en 2021, c’est déjà deux fois plus qu’il y a cinq ans. Il faut plus y voir une libération de la parole qu’une aggravation des dérives (qu’on sait sous-estimées). Tous les faits reprochés ont pour source des kinés hommes, l’immense majorité des victimes, hormis quelques jeunes garçons, sont des femmes.

L’Ordre des masseurs-kinésithérapeutes est conscient qu’il prend le risque de la suspicion en étant le premier à affronter le sujet de front. « Est-ce qu’il y a plus de problèmes chez nous ? Notre métier implique de toucher le patient, on pourrait se poser la question. Les magistrats du Parquet m’ont assuré que ce n’était pas le cas », se rassure Pascale Mathieu.

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Source : https://www.ouest-france.fr/sante/les-masseurs-kinesitherapeutes-engages-dans-une-campagne-de-lutte-contre-les-violences-sexuelles-87071aec-d20e-11ec-b0ed-05ec53e3374f