Les braqueurs des Champs-Elysées avaient ligoté le directeur de la banque... qui était leur complice

logo Le Parisien illustration Les braqueurs des Champs-Elysées avaient ligoté le directeur de la banque... qui était leur complice

Publié le 16/06/2021 14:49:57

En janvier 2019, le braquage de l’agence bancaire de la Milleis avait rapporté près de 20 millions d’euros à une équipe de vieux routiers du crime. Leur coup était presque parfait, mais ils ont finalement été trahis par une empreinte génétique laissée sur des cheveux, volontairement abandonnés sur les lieux pour compliquer le travail des enquêteurs.

Avec un butin s’élevant à plusieurs millions d’euros dérobés en plein centre de Paris, le braquage de l’agence bancaire de la Milleis restera comme un des plus « beaux » coups de ces vingt dernières années. Cinq hommes, dont le directeur de la banque, âgés de 38 à 56 ans, ont été mis en examen le 11 juin dernier à Paris. Ils sont soupçonnés d’avoir, le 22 janvier 2019 à Paris (VIIIe), dévalisé cet établissement implanté sur le rond-point des Champs-Élysées. Deux d’entre eux ont été écroués et les trois autres ont été remis en liberté sous contrôle judiciaire.

A 9h14 le jour du braquage, quatre malfaiteurs emperruqués et armés d’un pistolet automatique surprennent le directeur qui vient de sortir fumer une cigarette. Poussé à l’intérieur, il est ligoté en compagnie d’une employée. Les braqueurs disposent près des victimes un faux dispositif explosif et installent une affichette sur la porte qui indique que la banque est fermée pour des « problèmes techniques ». Le système d’alarme est neutralisé et les caméras de vidéosurveillance sont aveuglées avec de la mousse expansive.

Soixante-huit coffres ouverts à la disqueuse

Les malfaiteurs s’attaquent aux coffres à l’aide d’une disqueuse. En trois heures, ils en ouvriront soixante-huit. Vers midi, ils nettoient les murs et le sol avec de l’eau de javel et disséminent des cheveux pour tenter de berner les forces de l’ordre. Le but étant de laisser les signatures génétiques d’inconnus sur la scène de crime. Une demi-heure plus tard, les voleurs quittent les lieux l’air dégagé et les salariés de l’établissement donnent l’alerte.

Le préjudice reste imprécis. Seuls vingt propriétaires déposent plainte en détaillant le montant de ce qui leur a été dérobé. Les enquêteurs de la brigade de répression du banditisme estiment le montant déclaré du butin à près de vingt millions d’euros en argent liquide, or et bijoux. « Avec les coffres de banque, on ne sait jamais ce qu’ils contiennent, explique un enquêteur. Et la police ne dispose que des déclarations des propriétaires pour évaluer le montant de ce qui a été dérobé. »

D’emblée, les enquêteurs de la police judiciaire de Paris soupçonnent le directeur. « Le fait qu’il soit sorti pour fumer au moment précis de l’arrivée des braqueurs n’a pas cessé d’étonner les policiers », précise une source proche de l’affaire. Selon nos informations, il aurait vendu ce coup à cette équipe de malfaiteurs dans le but d’investir dans l’immobilier en Afrique. Malgré les efforts des voleurs pour noyer les pistes, les techniciens de la police scientifique découvrent l’empreinte génétique d’un « beau voyou » sur des cheveux déposés pour tenter de les berner.

Le 7 juin, la brigade de répression du banditisme de la DRPJ de Paris lance un coup de filet et arrêtent les suspects à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), Colombes (Hauts-de-Seine), Boulogne-Billancourt, à Paris (XIXe) et à Bobigny (Seine-Saint-Denis). Des perquisitions sont également menées dans la propriété d’un des suspects à Malaga (Espagne). « L’enquête a surtout permis d’établir qu’après les faits, ils ont dépensé beaucoup d’argent… beaucoup trop », ajoute notre source.

Un « termitier », un braqueur et un kidnappeur

Lors des auditions, le directeur est passé aux aveux expliquant comment il a renseigné les malfaiteurs. Ses complices présumés, ancrés de longue date dans la délinquance, n’ont pas souhaité s’expliquer. Abdelbasset, 56 ans, est ce qu’on appelle un « termitier » dans le jargon de la police. Cet habitant de Colombes casse les murs pour cambrioler les bonnes adresses de la capitale. Hédiard, l’épicier de luxe de La Madeleine et la cave du chef Joël Robuchon où il s’était emparé de 95 grands crus, font partie des nombreux endroits qu’il a « visités » durant sa longue carrière. Son nom revient une soixantaine de fois dans les fichiers de police. Hamza de Bobigny, 38 ans, est connu pour avoir notamment participé à l’enlèvement d’un conseiller en informatique commis à Saint-Mandé (Val-de-Marne) en juin 2007 contre une rançon de 50 000 euros.

Le nom du troisième, Mohamed, originaire de Fontenay-sous-Bois, est cité dans le livre de Brendan Kemmet et Stéphane Sellami, « Maghreb Connection ». Connu pour faire partie d’une équipe de coupeur de bagues. Il y a près de vingt ans, il était proche de la bande de braqueurs de Montreuil. Il aurait notamment tenté d’attaquer en 2001, un fourgon blindé à Sainte-Maxime (Var). Arrêté six mois plus tard, les enquêteurs n’ont jamais pu prouver qu’il avait participé à cette attaque. Le quatrième, Riad, est connu pour des affaires de trafic de stupéfiants, association de malfaiteurs et recel.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/les-braqueurs-des-champs-elysees-avaient-ligote-le-directeur-de-la-banque-qui-etait-leur-complice-17-06-2021-XRAL4IQ7FVANNJAY637MV52QAU.php