Le tueur des infirmières de Pau autorisé à quitter l’unité pour malades difficiles

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Publié le 09/06/2022 20:36:37

Romain Dupuy, qui a tué deux infirmières de l’hôpital psychiatrique de Pau en décembre 2004, était hospitalisé depuis 17 ans en unité pour malades difficiles. Après des années de bataille judiciaire, un juge vient de décider qu’il pouvait désormais être soigné dans une unité classique.

Peut-on être « fou » à perpétuité ? C’est la question posée par le cas Romain Dupuy. Dans la nuit du 17 au 18 décembre 2004, ce jeune homme alors âgé de 21 ans, se rend à l’hôpital psychiatrique de Pau (Pyrénées-Atlantiques) et tue sauvagement deux infirmières : Lucette, 40 ans et Chantal, 48 ans. L’une d’elles est même décapitée. Ce double meurtre provoque un séisme en France, tant par sa barbarie que par la question qu’il pose sur la gestion des malades mentaux. Près de 20 ans plus tard, le débat n’est pas clos.

Après des années de batailles judiciaires et d’expertises, les avocats de Romain Dupuy viennent d’obtenir d’un juge de la liberté et de la détention de Bordeaux (Gironde) sa sortie de l’unité pour malades difficiles (UMD) de Cadillac pour être hospitalisé toujours sous contrainte mais dans un établissement de « psychiatrie générale ». En clair : Après 17 années passées dans une « prison psychiatrique », Romain Dupuy doit être traité comme un patient encore malade mais plus sous un régime d’enfermement total.

Depuis 2018, cinq décisions de la commission de suivi médical de Romain Dupuy ont estimé que sa place n’était plus dans une UMD. Mais, du préfet au parquet en passant par l’Agence régionale d’hospitalisation, toutes les autorités ont demandé le maintien de ce régime d’enfermement et empêché son transfert vers un autre établissement.

Il ne s’agit pas pour autant de le remettre « à l’air libre »

Âgé aujourd’hui de 39 ans, Romain Dupuy n’est pas guéri au sens médical du terme. Mais les différents experts l’estiment « stabilisé » par le traitement mis en place. Après son double meurtre commis en décembre 2004, il avait été diagnostiqué schizophrène et la justice l’avait déclaré pénalement irresponsable en 2007. Pas de procès donc et une inévitable polémique démarrée d’ailleurs dès la commission des faits.

La mort atroce de ces deux infirmières juste avant les fêtes de Noël avait glacé la France. La froideur du meurtrier, la fragilité de ces professionnelles, le manque de moyens, la gestion des malades mentaux, l’affaire Romain Dupuy avait causé un électrochoc dans l’opinion et comme souvent des remous et des controverses politiques.

Privées de procès et donc de réponses, les familles et les proches des victimes s’en étaient émues. Depuis Romain Dupuy était enfermé à Cadillac, une UMD qui comme son nom l’indique enferme les patients les plus dangereux. Mais depuis plusieurs années des médecins estiment que la place de Romain Dupuy n’est plus dans cette structure. Il ne s’agit pas pour autant de le remettre « à l’air libre » mais de le suivre dans un service de psychiatrie générale.

Lui-même et ses défenseurs estiment qu’il paie le prix d’une affaire très médiatique, devenue un symbole, alors même que des dizaines d’autres patients ont quitté Cadillac pour d’autres établissements sans s’attirer les foudres de la préfecture. Après de nombreuses procédures, la justice a aujourd’hui estimé non seulement qu’elle était compétente pour prendre position mais que le placement de Romain Dupuy en UMD était « irrégulier » et constituait « une atteinte aux droits du patient ».

Le parquet peut désormais faire appel.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/le-tueur-des-infirmieres-de-pau-autorise-a-quitter-lunite-pour-malades-difficiles-09-06-2022-OQIFN7QATZEPHFWDJWJQGEKZQY.php