Le prof de tennis de Bondy jouait le gérant de paille dans une partie immobilière à 800 000 euros

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Publié le 11/05/2022 10:01:42

Un professeur de tennis de 36 ans avait été recruté par un escroc pour prêter son nom en tant que gérant de paille. Il a été mis en examen en avril, et ce mardi demandait sa remise en liberté à Versailles (Yvelines). Les juges ont décidé de le laisser en prison tant que le malfaiteur n’a pas été interpellé.

Gérant de paille dans une carambouille immobilière, un professeur de tennis, âgé de 36 ans, a été mis en examen avec trois autres personnes dont un notaire, le 22 avril à Pontoise (Val-d’Oise) pour « blanchiment, escroquerie et usage de faux » avant d’être écroué. Ce mardi, le sportif a demandé sa remise en liberté devant la chambre de l’instruction de Versailles (Yvelines).

L’affaire commence le 16 février 2022 à Pontoise lorsqu’un liquidateur donne l’alerte, surpris de la tournure que prend le rachat d’une société civile immobilière en mauvaise posture. Cette famille d’origine portugaise possède trois immeubles dont celui où elle vit à Villeneuve-la-Garenne (Hauts-de-Seine). « Les occupants des lieux refusent de quitter les lieux et menacent même physiquement le repreneur potentiel qui préfère jeter l’éponge », raconte un magistrat.

Une proposition de rachat miraculeuse

Soudain, un avocat intervient et propose de racheter les parts pour le compte de la société Octopus, pour un peu plus de 800 000 euros. Il produit un document rédigé de la main d’un notaire qui atteste que l’entreprise vient de vendre un bien à Rueil-Malmaison (Hauts-de-Seine) pour un montant équivalent. Les enquêteurs découvrent qu’il y a bien eu une vente mais pour un montant inférieur de 300 000 euros. Le président d’Octopus, la pieuvre en anglais, est Maxime L. Ce prof de tennis au club de Bondy (Seine-Saint-Denis) ne passe pas tout son temps à corriger les services et les volées de ses élèves à l’association sportive qui le paie au salaire minimum.

Il est curieusement le gérant d’une quinzaine de sociétés qui œuvrent dans la restauration, l’immobilier, le bâtiment et les spectacles, installées en Seine-et-Marne, en Seine-Saint-Denis et dans les Hauts-de-Seine. Les limiers de la financière notent qu’Octopus utilise ces nombreuses « sociétés taxis » sur les comptes desquels transitent des fonds dont la cohérence n’est pas évidente à percevoir. Les forces de l’ordre relèvent qu’environ 500 000 euros notamment en provenance du fonds d’aide et de solidarité et du chômage partiel de la crise sanitaire ont circulé comme des balles de tennis sur les comptes de ces entreprises avant de sortir du terrain.

Le père d’une élève le tenait sous emprise

À la mi-avril, les enquêteurs lancent une opération. Ils arrêtent le prof de tennis à son domicile de Bobigny (Seine-Saint-Denis), un père et son fils à Villeneuve-la-Garenne et le notaire à son étude. Ce dernier confirme qu’il a rédigé une attestation fantaisiste et reconnaît qu’il a commis une erreur. Les deux hommes de Villeneuve passent aux aveux, expliquant qu’ils ne voulaient pas perdre leur domicile. Maxime, lui, assure qu’il a prêté son nom pour les affaires du père d’une de ses élèves, qui le tenait sous emprise selon lui. « C’est ma faute, explique-t-il. J’ai rencontré cet homme parce que sa fille prenait des cours avec moi. Je n’ai pas su refuser ses propositions. »

Son avocat souligne qu’il n’est qu’un gérant de paille et qu’il n’est ni l’architecte ni le bénéficiaire de ces malversations. Comme le fameux parent d’élève n’a pas été interpellé, la justice a décidé de maintenir Maxime en prison pour le moment.

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