Le procès Troadec va s’ouvrir à Nantes : un quadruple meurtre pour d’hypothétiques pièces d’or

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Publié le 17/06/2021 11:10:00

Hubert Caouissin sera jugé à partir du mardi 22 juin à Nantes pour le quadruple homicide de sa belle-famille qu’il soupçonnait d’avoir volé un trésor.

L’affaire Troadec relève-t-elle du meurtre de sang-froid ou du délire paranoïaque ? Hubert Caouissin sera jugé à partir du mardi 22 juin à Nantes pour le quadruple homicide de sa belle-famille qu’il soupçonnait d’avoir volé un trésor.

Les meurtres de Pascal et Brigitte Troadec et de leurs enfants, Charlotte, 18 ans, et Sébastien, 20 ans, se sont produits dans la nuit du 16 au 17 février 2017 dans leur pavillon d’Orvault, près de Nantes. C’est l’une des sœurs de Brigitte qui avait donné l’alerte le 23 février, inquiète d’être sans nouvelle de cette fonctionnaire des impôts, et de son mari Pascal, ouvrier qualifié, qui menaient une existence paisible et organisée.

Dans la maison, les enquêteurs retrouvent du sang, suivent des pistes dans le Finistère et à Saint-Nazaire et sont orientés vers Lydie Troadec, la sœur de Pascal, et son conjoint Hubert Caouissin. Depuis des années, les deux couples sont en conflit.

Lors d’une première garde à vue, Hubert Caouissin nie toute implication, avant d’être confondu par son ADN retrouvé sur un verre dans la cuisine des victimes. Il passe aux aveux. Il explique alors avoir tué ses victimes à coups de pied de biche puis avoir transporté les corps dans sa ferme de Pont-de-Buis, dans le Finistère, où il les a éviscérés et brûlés.

Les quatre membres de la famille Troadec avaient disparu en 2017 de leur pavillon d’Orvault, près de Nantes.

AFP

Aux alentours du bâtiment, les enquêteurs ont indiqué avoir retrouvé parmi les ronces et les fougères « 379 morceaux de chair humaine » dispersés, d’après le meurtrier présumé, dans l’espoir « que les animaux sauvages les feraient disparaître ». L’enquête en revanche n’a pas permis de mettre la main sur l’arme du crime.

Conflit familial

Lydie Troadec, qui comparaîtra pour recel de cadavres et modification des preuves du crime, avait été malade d’un cancer et Hubert Caouissin, qui sera jugé pour meurtre suivi d’autre crime, avait été en arrêt de travail pendant trois ans pour burn-out. Dans ce contexte d’années difficiles, Hubert Caouissin s’était persuadé, en écoutant sa belle-mère Renée Troadec, que Pascal Troadec avait volé un trésor de pièces et de lingots d’or.

Ce trésor aurait été trouvé par le père de Pascal et Lydie dans un ancien logement à Brest, mais aucun témoin vivant n’a jamais vu cet or et les enquêteurs n’ont trouvé ni compte à l’étranger, ni dépenses extravagantes qui auraient pu prouver que Brigitte et Pascal Troadec s’étaient enrichis. « Je crois que ce trésor n’a pas existé », fait valoir Me Cécile De Oliveira, l’avocat des sœurs de Brigitte Troadec, estimant qu’Hubert Caouissin « est en train lui-même de renoncer à ce trésor ».

« Délire de type paranoïaque »

« Deux collèges d’experts psychiatres, qui sont parmi les plus éminemment respectés de ce pays, sont unanimes » pour décrire une « altération du discernement d’Hubert Caouissin », souligne pour sa part l’avocat du suspect, Me Thierry Fillion. Son client « n’est pas un monstre. C’est plutôt monsieur tout le monde qui n’avait pas vocation à devenir un délinquant, à devenir un meurtrier », ajoute Me Fillion, évoquant un homme acculé par « un sentiment de spoliation, d’injustice ».

Les experts psychiatres ont décrit à son sujet un « délire de type paranoïaque » ou un homme « ayant basculé dans la conviction absolue d’une spoliation familiale et d’un danger de mort ». Mais le suspect devra expliquer pourquoi un ordinateur retrouvé chez lui contenait une quarantaine d’images de la rue et de la maison des Troadec ou encore ce qui l’a conduit à changer les plaques de sa voiture en février 2017.

« Hubert Caouissin est un homme qui à la fois contrôle son discours » et « livre des versions relativement différentes », relève de son côté Me De Oliveira. Il « n’est pas jugé pour assassinat, donc ça n’est pas un enjeu juridique pour nous dans ce procès » mais « on va parler de la préparation éventuellement du crime dans le cadre du contexte », explique-t-elle. À l’issue du procès qui durera jusqu’au 9 juillet devant la cour d’assises de Loire-Atlantique, Hubert Caouissin encourt la réclusion criminelle à perpétuité.

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