Publié le 09/11/2021 16:44:12
Yves Dumont, notaire de Pissos, a été condamné à trois mois de prison avec sursis pour harcèlement sexuel sur sa salariée de vingt-deux ans sa cadette
Du harcèlement sexuel pour l’une, de l’amour contrarié pour l’autre. Le 28 septembre dernier, devant le tribunal de Bayonne, le notaire de Pissos, Yves Dumont, 56 ans, a narré sa « déprime » et ce qu’il a vécu comme une histoire d’amour malheureuse avec son ancienne comptable. Elle, de vingt-deux ans sa cadette, le raconte autrement.
De septembre 2020 à fin janvier 2021, se noue une nouvelle relation entre le patron et son employée, après quatorze ans de travail commun dans une ambiance de simple cordialité professionnelle. « Je suis tombé amoureux d’elle », explique tout simplement le notaire. Les deux échangent davantage de messages, ont des discussions plus personnelles. « Je n’ai jamais contesté la complicité, mais je n’appelle pas ça un flirt », précise d’emblée l’ancienne salariée de l’étude notariale.
Elle assure que le quinquagénaire s’est mis à passer de longues heures dans son bureau, à l’abreuver de textos. « Il a manifesté un besoin constant de me montrer son mal-être. Il était amoureux de moi et malheureux que ça ne soit pas réciproque. Si je m’énervais, il me disait que je le repoussais, et si j’étais sympa, il pensait que j’étais amoureuse. »
« Un roman fantasmé »
Yves Dumont témoigne à l’inverse « d’échanges bien plus que familiers ». « Cette relation, elle a peut-être été intellectualisée, mais elle a existé », insiste son avocat montois, Me Frédéric Dutin. « C’est une affaire de l’intime et de l’amour », mais « on a tenté de faire rentrer les sentiments amoureux de cet homme dans une qualification pénale », a renchéri Me Maze, seconde avocate du notaire et bâtonnière du barreau de Bordeaux.
En janvier 2021, la comptable de 34 ans tombe enceinte de son époux. « Notre relation a dû s’arrêter », souffle le prévenu. Pour lui, la jeune femme craint que son mari n’apprenne la vérité. « Elle m’a dit qu’il fallait qu’elle trouve une histoire », avance Yves Dumont. Sur le banc du tribunal correctionnel, la jeune femme secoue la tête.
« C’est un roman fantasmé. Peut-être que ces sentiments sont réels, mais ça n’est pas l’objet du débat, replace Me Lecocq-Peltier, conseil de la comptable. On peut très bien avoir un harceleur qui ne prend pas conscience de la portée de ses actes. » Yves Dumont est « victime de cet amour à sens unique », ironise-t-elle. « Le harcèlement sexuel, ça n’est pas que du graveleux, ça peut être très insidieux, comme un comportement amoureux incessant. »
La relaxe plaidée
C’est peut-être le ministère public, par la voix d’Amandine Boyer, qui détient la clé de lecture de ce dossier « dont une partie restera obscure ». « Quelque chose a été amorcé entre les deux, mais en janvier (au moment de la grossesse, NDLR), monsieur comprend qu’il ne se passera plus rien et il bascule dans la manipulation. »
Le parquet a requis une peine de six mois de prison avec sursis, assortie d’un an d’inéligibilité. Les avocats du prévenu ont plaidé la relaxe.
Ce mardi 9 novembre, le tribunal judiciaire de Bayonne a rendu sa décision. Yves Dumont a été condamné à trois mois de prison avec sursis, assortis d’une période d’inéligibilité de six mois.
Crédits image et texte : Sud Ouest©
Source : https://www.sudouest.fr/landes/pissos/landes-le-notaire-de-pissos-condamne-pour-harcelement-sexuel-6880116.php