L’imam franco-syrien Bassam Ayachi condamné à un an de prison ferme

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Publié le 13/05/2022 16:06:04

Les magistrats ont déterminé qu’il avait joué un rôle majeur au sein de l’organisation terroriste « Ahrar al-Sham » en Syrie.

Considéré comme un vétéran de l’Islam radical, l’imam franco-syrien Bassam Ayachi, qui a rejoint un groupe djihadiste en Syrie de 2014 à 2018 avant de collaborer avec les services secrets français, a été condamné à Paris à cinq ans d’emprisonnement dont un an ferme pour association de malfaiteurs terroriste.

Le cheikh de 75 ans a été jugé en avril dans la capitale française pour ses activités en Syrie, dans la région d’Idlib, entre 2014 et 2018. Le tribunal a estimé qu’il avait bien appartenu à l’époque à un groupe « terroriste », Ahrar al-Sham, pour lequel il a dirigé le « bureau des relations publiques » à Idlib.

Sur une vidéo de mars 2015, on voit Bassam Ayachi « pénétrer dans Idlib tel un chef de guerre », il « donne des instructions » puis « pose derrière une bannière du Front al-Nosra », alors affilié à al-Qaïda, a souligné la présidente en rendant la décision. Il avait en outre « fédéré des groupes militaires » et « rendu la justice », a-t-elle ajouté.

Informateur des services secrets

Le tribunal a néanmoins décidé de « tenir compte » du fait que l’imam a collaboré avec les renseignements français et belges. « Il est indéniable que Bassam Ayachi a fourni des informations aux services belges et français », a souligné la magistrate. Cependant, « cette situation ne fait pas disparaître l’infraction » : « la loi française ne prévoit aucune exonération pour l’informateur de police ».

Les magistrats ont toutefois relevé que le « refus de déclassification » pendant l’instruction de documents secret-défense par le ministère français des Armées ne devait « pas lui être préjudiciable » car « il ne peut être exclu qu’il a rendu de vrais services à la France ».

Opposé à l’État islamique, l’imam, qui a perdu un bras en Syrie, était absent lors du prononcé de la décision. Au procès, il avait condamné les « salopards de terroristes » et soutenu qu’il avait « servi (son) peuple en Syrie et préservé (son) peuple en France ».

La juridiction est restée en deçà des réquisitions du parquet national antiterroriste (Pnat), qui avait demandé cinq ans d’emprisonnement dont deux fermes. Il a d’ailleurs déjà passé treize mois en détention provisoire, ce qui couvre sa peine de prison ferme. Le reste est un sursis probatoire, qui l’oblige à déclarer sa résidence et lui interdit de voyager sans autorisation, de contacter une liste de personnes et de porter une arme.

Jugé avec lui, un djihadiste français qui a été son garde du corps, Hachimi M., a été condamné à dix ans de prison pour avoir « intégré Ahrar al-Sham » et une « unité de snipers d’al-Nosra ». Cet ingénieur informatique de 33 ans a affirmé être parti en Syrie pour des raisons humanitaires et avoir agi pour le compte de Bassam Ayachi. Le tribunal a estimé qu’il était « animé d’une idéologie qaïdiste » (liée à Al-Qaïda) et que le « mobile » de l’espionnage n’était, dans son cas, « pas crédible ». Les avocats des deux prévenus n’ont pas souhaité commenter. Ils ont la possibilité de faire appel.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/limam-franco-syrien-bassam-ayachi-condamne-a-un-an-de-prison-ferme-13-05-2022-UXH5UTIXEVBXRLBEEOS3DFIAEM.php