Kurdes tués à Paris : le parquet se défend sur le traitement de l’attaque de migrants par le suspect

logo Ouest France illustration Kurdes tués à Paris : le parquet se défend sur le traitement de l’attaque de migrants par le suspect

Publié le 04/01/2023 16:21:07

Le suspect de l’agression du 23 décembre qui a coûté la vie à trois Kurdes à Paris avait attaqué un campement de migrants au sabre un an plus tôt. La manière dont le parquet avait traité cette affaire a suscité des critiques. Mais pour Rémy Heitz, procureur général près la cour d’appel de Paris, « il n’y a pas eu de légèreté » dans le traitement de cette affaire par le parquet.

Le traitement judiciaire de l’attaque au sabre d’un camp de migrants en décembre 2021 par l’auteur présumé de l’agression qui a fait trois morts devant le centre culturel kurde de la rue d’Enghien, le 23 décembre 2022, avait été mis en cause dans des articles du Monde et de Mediapart .

Le ministère public, par la voix de Rémy Heitz, procureur général près la cour d’appel de Paris, s’est défendu auprès du Monde . « Il est toujours difficile de relire les faits a posteriori, mais le traitement du dossier par le parquet ne peut pas prêter le flanc à une accusation de légèreté ou de biais discriminatoire », estime le procureur général Rémy Heitz.

La polémique qui a suivi la diffusion des articles était liée à deux éléments : les victimes de l’attaque au sabre avaient été placées en garde à vue juste après les faits, avant d’être placées sous le statut de témoin assisté ; et l’assaillant n’avait pas été poursuivi sous la qualification de « tentative d’homicide » mais de « violences avec armes ». Ce deuxième élément a particulièrement retenu l’attention, puisque William Malet a commis l’attaque du 23 décembre seulement dix jours après sa sortie de détention provisoire, alors que celle-ci aurait été plus longue s’il avait été poursuivi pour « tentative d’homicide ».

Pour rappel, le 8 décembre 2021, William Malet s’est rendu dans un campement dans le parc de Bercy en se faisant passer pour un joggeur. Il a blessé deux migrants, dont l’un grièvement au dos et à la hanche, avant d’être maîtrisé par d’autres occupants du campement. Les forces de l’ordre sont intervenues peu de temps après et ont interpellé l’assaillant et quatre migrants, dont l’un des blessés. William Malet était également blessé, souffrant « d’une fracture orbitale et d’un hématome cérébral », précise Le Monde. Toutes les personnes interpellées ont été placées en garde à vue.

« Au moment des faits, il y a une grande confusion. On ne sait pas encore exactement ce qui s’est passé », a d’abord justifié Rémy Heitz en réponse aux ONG qui se sont émues du placement en garde à vue des quatre victimes migrantes. « Il n’y a eu aucun parti pris en faveur de William M. », assure-t-il.

Plusieurs voix se sont étonnées que la qualification de « tentative d’homicide » n’ait pas été retenue. « Si la qualification évolue vers les violences volontaires avec arme, c’est que rien dans les déclarations des migrants agressés ne vient accréditer la volonté de tuer », répond le procureur général au Monde.

Signe supplémentaire du sérieux du parquet dans le traitement de l’affaire selon Rémy Heitz, c’est à son initiative que l’ordonnance de placement sous contrôle judiciaire prononcée par un juge des libertés et de la détention (JLD) n’a pas pu être mise en œuvre. Le 28 mars 2022, le JLD préconisait en effet la remise en liberté de William Malet. Le 12 avril suivant, la chambre de l’instruction suivait les recommandations du parquet et annulait l’ordonnance de remise en liberté, rapporte Le Monde. « Il n’y a donc pas eu de légèreté de la part du parquet, ni du parquet général qui a soutenu l’appel et obtenu la prolongation du titre de détention », analyse Rémy Heitz.

Quant aux victimes de l’attaque du parc de Bercy, leur placement sous le statut de témoin assisté était un prélude à un non-lieu. « C’est une question d’appréciation d’une scène de violence très confuse par le juge d’instruction, ajoute une source judiciaire auprès du Monde. Cela ne les a pas empêchées de se porter partie civile contre William M. »

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/faits-divers/attentat/kurdes-tues-a-paris-le-parquet-se-defend-sur-le-traitement-de-l-attaque-de-migrants-par-le-suspect-1bf55c60-8c34-11ed-8eae-4013e4fdd8a6