Justice en Lot-et-Garonne : L’homme qui a foncé sur des policiers, à 3,8 grammes, avoue avoir tout oublié

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Publié le 08/11/2021 20:19:59

Le Villeneuvois de 26 ans avait foncé sur des policiers, sur le parking de la boîte dont il venait de se faire sortir par les videurs

« Je ne me souviens de rien. » Telle a été la phrase récurrente prononcée par le prévenu, un Villeneuvois de 26 ans, qui passait en comparution immédiate, ce lundi 8 novembre devant le tribunal correctionnel d’Agen. Il était accusé de violences avec arme sur personnes dépositaires de l’autorité publique à l’encontre de trois policiers. Son avocate, Me Grolleau, a demandé, en ouverture d’audience, une requalification en blessures involontaires, vu que son client, s’il n’a pas nié les faits, n’était pas conscient de ses actes. Fortement alcoolisé avec 3,8 grammes d’alcool par litre de sang, il a été également testé ce soir-là positif au cannabis.

Dans la nuit du samedi 6 au dimanche 7 novembre, l’homme, parti en boîte de nuit à Pujols avec des amis, a bu beaucoup… Au point de finir par se faire éjecter de l’établissement par les videurs à coups de bombe au poivre après avoir pris un coup à la tête qui allait lui valoir trois agrafes sur le crâne : « J’ai pris des verres de rhum et de whisky », reconnaît le prévenu devant la présidente, qui a tenté de reconstituer les faits dès le début de la séance. « J’ai quelques vagues souvenirs de la soirée. Après ma sortie de la boîte, je n’en ai plus aucun. »

Il a ainsi oublié que les policiers, postés sur le parking de la boîte de nuit pour sécuriser les lieux, l’ont raccompagné à sa voiture, qu’il s’est installé au volant en leur promettant de dormir, qu’il a insulté ses amis qui proposaient de le ramener et qu’il a fini par démarrer en trombe, fonçant sur les hommes en uniforme pour sortir du parking, blessant l’un d’entre eux au bras. « Je suis désolé », répète plusieurs fois le prévenu à la barre, à l’adresse du policier blessé présent sur les bancs de la partie civile.

Une première condamnation

C’est d’ailleurs ce dernier qui prend la parole pour finir de reconstituer les faits : « Après l’avoir raccompagné à son véhicule, on s’est éloignés, persuadés qu’il allait dormir… Mais on a entendu des pneus crisser et le moteur rugir. On a tenté de l’empêcher de passer, j’ai même dégainé mon arme et j’ai failli appuyer sur la détente… J’ai juste eu le temps de faire un écart pour éviter le véhicule qui m’a quand même accroché le bras gauche. » Un peu plus loin, ses collègues ont dû également s’écarter pour ne pas être heurtés.

Le jeune homme, parti en zigzaguant sur la route, poursuivi par les forces de l’ordre, a fini sa course dans un jardin, un peu plus loin, défonçant des poteaux et une clôture au passage.

« J’ai même dégainé mon arme et j’ai failli appuyer sur la détente »

Il ne nie pas les faits. Sur son casier judiciaire figure une première condamnation pour usage de stupéfiants en 2017, de deux ans avec sursis avec obligation de soins, une injonction qu’il a suivie. Depuis quatre ans, il a changé de vie, a déménagé en Lot-et-Garonne et travaille actuellement dans un restaurant de Villeneuve-sur-Lot en tant que cuisinier. Est-ce sa rupture récente avec sa compagne qui l’a fait retomber dans ses vieux travers ? « ça a pu jouer oui… », susurre le prévenu.

Circonstance aggravante

La procureure, tout comme Me Belacel, avocate des parties civiles, ont plaidé contre la requalification en blessures involontaires « qui supposerait un défaut d’intention, explique la procureure. Or, c’est son état d’alcoolémie qui en est la cause. Aujourd’hui, c’est plutôt considéré dans les tribunaux comme une circonstance aggravante plutôt qu’atténuante. » « Dans cette affaire, toutes les parties peuvent s’estimer heureuses de n’être que devant un tribunal correctionnel », a-t-elle continué, soulignant ainsi que les faits auraient pu être bien plus graves.

Me Grolleau, avocate de la défense, n’a pas cherché à minimiser les actes de son client. “On est loin ici du portrait d’un homme qui détesterait la police au point de leur foncer dessus pour leur nuire ”, répondant ainsi à la partie adverse qui avait comparé, quelques minutes auparavant, cette affaire avec celle de Mélanie Lemée, gendarme décédée renversée par un chauffard en juillet 2020.

Après délibération, le tribunal a refusé la requalification réclamée par l’avocate de la défense et condamné le prévenu à 18 mois d’emprisonnement avec sursis, de l’obligation de travailler, de soins et d’une suspension de permis de six mois. Il devra, en outre, s’acquitter d’une indemnisation de 300 euros pour préjudice moral en faveur des policiers présents sur les lieux et de 1000 euros en faveur du policier blessé.

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