Justice : Du skatepark de Biarritz à l’organisation du transport de drogue

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Publié le 11/11/2021 16:04:28

Sept prévenus ont été condamnés mercredi 10 novembre 2021 par le tribunal de Bayonne pour trafic de stupéfiants. Plusieurs d’entre eux se connaissent depuis l’enfance où ils ont noué des liens d’amitié au skatepark de Biarritz

Sept prévenus ont été condamnés à l’issue de l’audience d’une journée devant la chambre correctionnelle du tribunal judiciaire de Bayonne, mercredi 10 novembre 2021, pour des infractions à la réglementation sur les stupéfiants. « Un dossier d’une envergure peu commune pour ce tribunal », assurait la vice-procureure Caroline Parizel, à l’heure de prendre ses réquisitions et de demander des peines allant jusqu’à huit ans de prison.

Peu commun, ce dossier l’est aussi par l’origine des acteurs impliqués. La plupart sont natifs de la Côte basque et de Bayonne. Si tous ont été poursuivis pour transport, acquisition, détention, cessions de substances stupéfiantes non autorisées, Il est apparu au fil de l’audience que c’est avant tout une équipe de transporteurs qui s’était constituée, pour aller chercher résine et herbe de cannabis dans la région de Malaga, en Espagne, et les acheminer vers la région parisienne et la Bretagne.

Voitures et surnoms

Cette audience s’est tenue à l’issue d’une enquête de plus d’un an, conduite par les policiers de la BRI (Brigade de recherche et d’intervention) de la PJ de Bayonne. Ils ont commencé à travailler à partir d’un renseignement qui leur est parvenu en mars 2019, au sujet d’un certain Casper, désigné comme le responsable d’un trafic de stupéfiants entre la Côte basque, l’Île-de-France et la Bretagne.

Les enquêteurs ont entrepris de longues et minutieuses investigations pour tenter de démêler les fils de ce réseau, bien organisé, ou apparaissent de nombreux téléphones, voitures et surnoms. Ce qui complique nécessairement la tâche des enquêteurs qui, en plus, ne peuvent plus recourir aux écoutes téléphoniques, en raison des liaisons cryptées que permettent certaines applications.

Des « filles de joie » en récompense

Les policiers sont passés à l’action mardi 24 décembre 2019, à 3 h 55, au péage de Biriatou, pour intercepter un convoi venu d’Espagne. Sur la dizaine de personnes interpellées, sept ont été poursuivies et trois placées en détention provisoire. Elles y étaient toujours à l’heure d’être jugé mercredi 10 novembre 2021.

Lors des différentes auditions, plusieurs ont gardé le silence ou se sont montrés évasifs. Un seul a été loquace. Il l’a été de nouveau à la barre du tribunal, lorsqu’il a été interrogé par le président Dominique Rossignol. Le Biarrot de 35 ans, a reconnu sa participation à plusieurs voyages, a affirmé avoir été à Auch et Marseille chercher des sommes de 10 000 euros et 25 000 euros et être allé chercher un fourgon Mercedes en Allemagne.

En retour, il a assuré n’avoir eu que des compensations, à Benalmadena, sur la Costa del Sol en Espagne, où le groupe avait sa base. « Il y avait un train de vie luxueux et des filles de joie », a déclaré le prévenu, provoquant des sourires dans l’assistance. « Je parle trop. Les autres me le reprochent », lâchait-il aussi. Il a ensuite été vivement mis en cause et contredit par plusieurs autres prévenus.

Une équipe mais pas une bande

De tout cela, ne sont matériellement ressortis que les 356 kilos de résine de cannabis et 103 kilos d’herbe, trouvés dans la nuit du 24 décembre 2019. Les 27 autres convois identifiés par les policiers, dont sept entre l’Espagne et Biarritz, ont été plus difficiles à matérialiser.

Pour la vice-procureure Caroline Parizel, qui apparentait le groupe à une association de malfaiteurs, il y a dans ce dossier un faisceau d’indices graves et concordants suffisant pour entrer en voie de condamnation. Elle demandait des peines de 12 mois avec sursis pour le garagiste impliqué dans cette affaire, à huit ans de prison pour celui qui est considéré comme le chef.

« Cette histoire est celle d’une équipe qui s’est connue, gamins. Ce n’est ni une bande, ni une association de malfaiteurs »

Son avocat, Me Christophe Cariou-Martin, s’est insurgé contre l’évocation de l’association de malfaiteur « qui correspond à une qualification juridique qui n’est pas retenu dans ce dossier. » Il s’est attaché dans sa plaidoirie à montrer que son client n’était qu’un transporteur. « Cette histoire est celle d’une équipe qui s’est connue, gamins, au skatepark de Biarritz. Ce n’est ni une bande, ni une association de malfaiteurs. »

À l’issue du délibéré, Steven Druon « Casper », qui a reconnu « J’ai merdé grave. Il y a un moment où il faut que ça s’arrête », a été condamné à six ans de prison, et 30 000 euros d’amende. Eneko Bidegainberry, considéré comme le numéro 2, a été condamné à cinq ans de prison avec maintien en détention et 20 000 euros d’amende. Sofiane Saghraoui, le seul Parisien du groupe, a été condamné à trois ans de prison, dont un avec sursis, et 1 000 euros d’amende. Les autres peines vont de deux ans avec six mois avec sursis, à douze mois avec sursis.

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Source : https://www.sudouest.fr/pyrenees-atlantiques/bayonne/justice-du-skatepark-de-biarritz-a-l-organisation-du-transport-de-drogue-6900677.php