Incidents au Stade de France. « Un échec, je le reconnais » : le préfet Lallement assume tout

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Publié le 09/06/2022 15:04:51

Auditionné ce jeudi matin au Sénat, le préfet de police de Paris prend tout sur lui, protégeant ainsi le ministre de l’Intérieur et le président de la République. Les décisions prises le 28 mai au soir, le nombre estimé de faux billets, l’utilisation du gaz lacrymogène sur la foule… C’est lui et rien que lui !

Même par beau temps, Didier Lallement ouvre grand son parapluie ! Durant deux heures, ce jeudi matin, le préfet de police de Paris a été auditionné et questionné par plusieurs sénateurs des commissions des lois et de la culture, après le fiasco du Stade de France le samedi 28 mai au soir, devant quelque 400 millions de téléspectateurs dans le monde.

Mais hors de question pour lui de laisser entrevoir une quelconque responsabilité du ministre de l’Intérieur – et du chef de l’État par ruissellement – dans le chaos de l’organisation de cette finale de la Ligue des Champions de football entre Madrid et Liverpool. Surtout à quelques heures des élections législatives… Le haut fonctionnaire prend tout sur lui. Au risque d’être accusé d’avoir le dos trop large, par des élus de l’opposition.

« J’assume la responsabilité de la gestion policière de cette journée. Je suis le seul comptable des décisions prises, martèle Didier Lallement. Il y a eu un échec, je le reconnais, puisque des personnes ont été bousculées et agressées, puisque l’image de la France a été atteinte. Mais face à cette crise d’une grande ampleur, nous avons fait en sorte que le match se tienne et qu’il n’y ait aucun blessé, ni mort. »

Comme l’avait déjà fait, une semaine plus tôt, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, le préfet de police de Paris a retracé le fil de cette difficile journée de la fin mai, les supporteurs anglais bien plus nombreux que prévu, « l’embolisation » du préfiltrage à la sortie du RER avant l’entrée dans le stade, le risque d’écrasement encouru par des milliers de personnes en raison de l’énorme foule, la levée de cette opération de contrôle anticipé après 19 h 45, la présence de 300 à 400 agresseurs…

Didier Lallement a, bien évidemment, été questionné aussi sur ces fameux 30 000 à 40 000 supporteurs dépourvus d’un ticket d’entrée au match ou munis d’un faux billet. Le chiffre fait toujours polémique. Le haut fonctionnaire assume, toujours. « Je suis le seul responsable de cette évaluation, qui n’a pas de vertu scientifique. C’est moi qui l’ai communiquée au ministre de l’Intérieur. Elle remonte des constats des opérateurs de transport et des informations que nous avons relevées sur le terrain. »

Le préfet de police assure n’avoir jamais dit que ce chiffre était juste à l’unité près. « Je n’ai jamais affirmé, non plus, que ces 30 000 ou 40 000 personnes étaient massées devant les portes du stade. Elles étaient positionnées dans la proche périphérie, en amont de nos barrages. En tout cas, il y avait beaucoup plus de monde que ne pouvait contenir le Stade de France. Et elles faisaient courir un grave danger que nous avons dû gérer. »

Au final, c’est surtout l’utilisation du gaz lacrymogène à l’encontre de supporteurs – notamment des enfants – « de bonne foi, qui n’y sont pour rien » que les sénateurs ont voulu dénoncer. Didier Lallement assume encore. C’est d’ailleurs lui qui a donné l’ordre de l’employer. « Il existe deux moyens pour faire reculer une foule se pressant contre des grilles fermées et des tourniquets : le gaz ou la charge. Cette dernière aurait été dévastatrice. L’utilisation du gaz a bien fonctionné, après annonces faites en anglais et des sommations en français. »

Le préfet de police de Paris reconnaît, toutefois, quelques gestes inappropriés de la part de policiers à l’encontre des supporteurs de bonne foi. « Des enquêtes sont ouvertes. Mais deux gestes portant à caution, par rapport au nombre de fonctionnaires mobilisés ce soir-là, cela prouve la qualité de nos hommes et femmes, » insiste Didier Lallement. Lequel, interrogé en fin d’audience sur son avenir à la tête de la préfecture de police de Paris, a refusé de répondre. Expliquant que sa vie privée n’intéresse que lui.

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/europe/france/apres-le-chaos-du-stade-de-france-didier-lallement-assume-tout-bfc49f06-e7c3-11ec-b33d-b9e7e03cd588