Incendies. « Tout ce que je veux, c’est rentrer chez moi » : en Gironde, des évacués désespérés

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Publié le 22/07/2022 09:06:31

Dans le bassin d’Arcachon, le parc des Expositions de La Teste-de-Buch (Gironde) a été transformé en centre d’accueil, avec lits de camp, jouets pour enfants et comptoir d’information.

Assise sur un lit de camp, Isabelle Conilh de Beyssac espère « un top départ qui ne vient pas ». Évacuée face aux flammes qui ont ravagé la Gironde, elle attend impatiemment de pouvoir regagner sa maison.

Comme elle, 36 750 personnes ont dû quitter leur domicile dans ce secteur et dans celui de Landiras, face aux incendies géants qui ont détruit 20 800 hectares de forêt en dix jours.

Dans le bassin d’Arcachon, le parc des Expositions de La Teste-de-Buch a été transformé en centre d’accueil, avec lits de camp, jouets pour enfants et comptoir d’information.

Les évacués n’ayant pas de solution d’hébergement ou qui, comme Isabelle Conilh de Beyssac, préfèrent rester « au plus près » de leur domicile pour y « courir dès que possible », y dorment et s’y restaurent. Une cinquantaine de personnes occupent les lieux.

« Tout ce que je veux, c’est retrouver ma maison. Ici je ne fais rien d’autre qu’attendre », soupire Isabelle Conilh de Beyssac, partie la semaine dernière « sans rien, sauf (son) dalmatien » de son village de Cazaux.

Jeudi après-midi, la préfète de Nouvelle-Aquitaine, Fabienne Buccio, a appelé les riverains à « faire preuve de patience » ajoutant que si la situation était en voie d’amélioration, la bataille n’était « pas pour autant terminée » et les incendies « ni éteints, ni fixés ».

« Nous ne prendrons aucun risque. La priorité est la sécurité des habitants », a de son côté souligné le maire de La Teste-de-Buch, Patrick Davet, rappelant que cinq maisons avaient été détruites à Cazaux.

À Landiras, commune de 6 000 habitants, les évacués sont autorisés à passer chez eux pour une durée de 1 à 2 heures avec un laissez-passer.

« (Les habitants) s’impatientent, c’est normal : ils ont des chiens, des poules à nourrir. Ils demandent à aller chercher des médicaments, arroser le potager », explique Jean-Marc Pelletant, le maire de Landiras.

« Il y a des personnes âgées qui n’ont pas voulu évacuer. On a un papi de 98 ans qui est resté. On veille sur lui pour voir s’il va bien, on lui apporte à manger. Il y en a aussi qui rentrent chez eux. Ils cachent la voiture, ni vu ni connu », poursuit l’édile, qui ajoute : « Mais ils ne sont pas nombreux ».

Dans le secteur, 16 750 personnes ont été évacuées, et leur retour n’est pas encore à l’ordre du jour. « Toutes les communes ne sont pas logées à la même enseigne », a indiqué le sous-préfet de Langon, Vincent Ferrier.

Dans celles situées au cœur de la zone de feu, « le retour ne sera pas possible avant plusieurs jours », a-t-il dit devant la presse.

Le feu n’étant pas éteint, les habitants qui seront autorisés les premiers à regagner leur logis ne sont pas encore à l’abri de devoir refaire leurs bagages : les « points chauds » peuvent évoluer notamment selon les vents, rappellent les pompiers.

Dans les rues du quartier du Pyla, où 3 000 des 4 000 évacués ont obtenu jeudi en fin d’après-midi l’autorisation de regagner leurs maisons, les volets se relèvent progressivement.

« C’est un soulagement, j’avais hâte de rentrer chez moi. Lundi dernier, j’étais partie travailler le matin et n’avais pas pu rentrer le soir », raconte Julie Tostivint, 45 ans, en sortant du coffre de sa voiture le sac de vêtements qu’elle s’était procurés en attendant.

Au parc des expositions de La Teste-de-Buch, Catherine Padra, 75 ans, devra encore attendre avant de rentrer chez elle, à Cazaux. Attablée devant un livre, elle se dit « un peu rassurée » depuis qu’elle a pu faire un aller-retour à son domicile, escortée par la police, pour nourrir son chat « à demi sauvage » resté sur place.

« C’était tellement dur de partir : on ne savait pas ce qu’on trouverait en revenant. Aujourd’hui je sais qu’il n’y a pas de dégâts chez moi », relativise Catherine Padra. Elle soupire, « mais de n’avoir aucune idée de quand on pourra rentrer, ça rend ce cauchemar encore plus long ».

Crédits image et texte : Ouest France©
Source : https://www.ouest-france.fr/faits-divers/incendie/incendies-tout-ce-que-je-veux-c-est-rentrer-chez-moi-en-gironde-des-evacues-desesperes-86de0516-0987-11ed-89ff-d7b4632af60c