Incendie d’un relais TV en Haute-Vienne : une institutrice de la Creuse interpellée dans un coup de filet

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Publié le 16/06/2021 14:55:50

Quatre femmes, dont une directrice d’école proche de la retraite, et deux hommes, présentés comme des militants de l’ultragauche, ont été placés en garde à vue mardi à Limoges par les enquêteurs, aidés de la sous-direction antiterroriste de Paris. L’enquête porte notamment sur l’incendie de la tour-relais TDF des Cars en janvier.

Louée pour sa rigueur, sa patience et son calme avec les élèves, l’institutrice et directrice d’école de Gentioux-Pigerolles sur le plateau de Millevaches (Creuse) menait-elle des opérations « portant atteinte aux intérêts de la nation » ? La police judiciaire, la section de recherche des gendarmes de la Haute-Vienne et la sous direction antiterroriste ont interpellé l’enseignante aux aurores, mardi 15 juin, à son domicile. Avec elle, cinq autres personnes, trois femmes et deux hommes âgés de 50 à 75 ans ont été placées en garde à vue pour 96 heures pour « destructions et dégradation par moyen dangereux en bande organisée, association de malfaiteurs et destruction de biens de nature à porter atteinte aux intérêts de la nation. ».

Ces six personnes sont soupçonnées d’avoir participé de près ou de loin aux incendies volontaires d’une dizaine de voitures au préjudice d’Enedis dans la nuit du 10 au 11 février 2020 à Limoges, ainsi qu’au saccage de la tour-relais TDF aux Cars (Haute-Vienne), le 11 janvier 2021. Quelque 1,5 million de personnes localement avaient été privées de télévision numérique terrestre et de radio FM. Un préjudice financier évalué à plusieurs centaines de millier d’euros. Les deux dossiers ont été joints en mars dernier et confiés à deux juges d’instruction. « Il y a une très bonne coopération entre police et gendarmerie accompagnée d’un très bon travail de renseignement. Il s’agit d’une enquête classique qui allie travail de terrain (filatures, surveillance) et investigations technique (interceptions téléphoniques) commente une source judiciaire.

« C’est exactement le même scénario que Tarnac qui se rejoue »

Les arrestations simultanées, peu après 6 heures du matin, dans trois communes distinctes de la Haute-Vienne, Gentioux-Pigerolles, Bussière-Boffy et Cieux ont provoqué la mobilisation d’habitants du plateau de Millevaches, territoire marqué par l’affaire dite de Tarnac, cette petite commune, où, en novembre 2008, avaient été interpellés des « anarcho-autonomes » pour des actes de sabotage sur des voies ferrées. L’affaire avait abouti à un fiasco politico-judiciaire et la relaxe quasi générale de la « bande de Tarnac ». Mardi matin, plusieurs personnes ont invectivé les forces de l’ordre et se sont réunies ce mercredi matin devant le commissariat de Limoges.

« C’est exactement le même scénario que Tarnac qui se rejoue. Cette fois, on ne parle pas d’anarcho-autonomes mais d’ultragauche. Cette opération vise à faire peur à la population en utilisant ces termes effrayants pour parler de personnes qui ont simplement dédié leur vie à la collectivité et à la justice sociale », ont lancé les personnes venues soutenir les gardés à vue.

« Si l’on veut comprendre ces arrestations, il faut les lire à la lumière des prochaines élections. On veut montrer à la population combien le gouvernement est efficace », accuse Jean-Paul, le compagnon de l’enseignante. « Cela fait 30 ans qu’on est ensemble. Elle aurait commis des actes de sabotage, de terrorisme ? Ici, ça fait hurler de rire tout le monde ! C’est délirant. Ma compagne est institutrice de maternelle, elle est très maternelle justement, et vient tout juste d’avoir une petite-fille. Selon une source proche de l’enquête, cette enseignante aurait un rôle périphérique, la cheville ouvrière du groupe étant un homme de 65 ans, et une femme de 50 ans, tous deux fichés à l’ultra gauche par les services de renseignement. « Il s’agit de militants activiste anti-compteur linky, anti-5G, anti-coupe rase dans les forêts. Des gens pour la plupart à la retraite, engagés depuis longtemps dans des associations et qui se sont radicalisés » explique la même source.

« Rendez-nous notre institutrice »

« J’animais des ateliers de mathématiques dans les classes. C’était une très bonne maîtresse, rigoureuse, calme et patiente avec les enfants. Quand on m’a appelée pour m’annoncer la nouvelle, je suis tombée du camion », témoigne Véronique, 61 ans. « On est choqué et dans l’incompréhension. Elle était directrice depuis des années et on s’apprêtait à célébrer sa retraite. Jamais nous n’avons eu un seul problème avec elle », renchérit un membre de l’équipe municipale, joint par téléphone. D’immenses banderoles ont été déployées aux alentours du commissariat, dont l’une recouverte de dessins d’enfants accompagnés de ces mots « Rendez-nous notre institutrice ».

Selon une source sécuritaire, les gardes à vue doivent permettre de « déterminer qu’elle est l’implication des uns et des autres et leur degré de participation dans la commission des faits, certaines d’entre-elles n’ont pu apporter qu’un soutien logistique ». Les investigations devront permettre aussi de déterminer si des rapprochements peuvent être effectuées avec d’autres destruction d’antennes relais commises dans la région.

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Source : https://www.leparisien.fr/faits-divers/incendie-dun-relais-tv-en-haute-vienne-une-institutrice-de-la-creuse-interpellee-dans-un-coup-de-filet-de-lantiterrorisme-16-06-2021-6VMC27QEVFBTZGWZPE2X33HN2Y.php